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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico
Autoren: Michel Zévaco
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geste. Il eût pu l’arrêter. Il dédaigna de le
faire.
    Mais en même temps que Fausta appelait, lui, d’un geste plus
rapide encore, tira d’un même coup sa dague et son épée, et tendant
la dague à don César, désarmé, avec une physionomie hermétique, une
voix étrangement calme :
    – Vous demandiez comment vous acquitter du peu que j’ai
fait pour vous ? Je vais vous le dire : Prenez ceci… et
gardez-moi madame… gardez-la moi précieusement… Vous m’en répondez
sur votre vie… Au moindre geste suspect de sa part, abattez-la sans
pitié… comme un chien enragé.
    Et avec un accent d’irrésistible autorité :
    – Faites, ce que je vous demande… pas autre chose… et nous
serons quittes, mon prince.
    Et le prince, subjugué par l’irrésistible ascendant de cet
homme, prit silencieusement la dague qu’on lui tendait et se plaça
près de Fausta, avec un visage si froidement résolu que Pardaillan
se sentit rassuré sur ce point et remercia d’un mince sourire.
    Cependant, la porte s’était ouverte. Quatre hommes, l’épée nue à
la main, se montrèrent sur le seuil. Et sans doute ne
s’attendaient-ils pas à trouver là cet adversaire car ils
s’arrêtèrent indécis et se consultèrent du regard avant d’attaquer.
Et Pardaillan, voyant leur hésitation, de sa voix narquoise,
railla :
    – Bonsoir, messieurs !… Monsieur de Chalabre, monsieur
de Montsery, monsieur de Sainte-Maline, enchanté de vous
revoir !
    – Monsieur, dit poliment Sainte-Maline en saluant
galamment, tout l’honneur est pour nous.
    Chalabre et Montsery exécutèrent la plus impeccable des
révérences de cour que Pardaillan leur rendit très poliment, en
ajoutant :
    – Nous allons donc une fois de plus essayer de mettre à mal
le sire de Pardaillan… S’il ne m’était si cher, et pour cause, je
vous souhaiterais volontiers meilleure chance, messieurs.
    – Vous nous comblez, monsieur, dit Montsery.
    – À vrai dire, ce n’est pas vous que nous pensions trouver
ici, ajouta Chalabre.
    – Et malgré la sympathie que nous avons toujours eue pour
vous – du diable si nous savons pourquoi ! – nous ferons de
notre mieux pour que cette fois-ci soit la bonne, répliqua
Sainte-Maline.
    Le quatrième personnage qui accompagnait les trois ordinaires
n’était autre que Bussi-Leclerc.
    Sa stupeur avait été telle, en reconnaissant Pardaillan, qu’il
était encore là, sans parole, immobile, les yeux exorbités, comme
pétrifié.
    Pardaillan l’avait tout de suite aperçu, mais suivant une
tactique qui avait le don d’exaspérer le célèbre bretteur, il
feignait de ne pas le voir.
    Jusqu’ici, il avait répondu aux trois gentilshommes avec cette
politesse raffinée qui était d’usage alors, comme si Bussi-Leclerc
n’eût pas existé pour lui.
    Cependant, il ne le perdait pas de vue. Au compliment de
Sainte-Maline, il s’écria tout à coup avec un air de surprise
indignée :
    – Mais, que vois-je ?… Mais oui, c’est Jean
Leclerc !… Comment des gentilshommes aussi accomplis
peuvent-ils se commettre en semblable compagnie ! Fi !
messieurs, vous me chagrinez !… Comment des braves tels que
vous peuvent-ils s’accommoder de la présence de ce lâche… Mais
regardez-le donc !… Voyez, sur sa joue, la trace de la main
que voici, et qui s’abattit sur sa face suant la peur, est encore
apparente… Fi donc !
    Ces paroles produisirent l’effet qu’il en attendait. Sans dire
un mot, les dents serrées, fou de honte et de fureur, Bussi-Leclerc
coupa court aux compliments alambiqués en se ruant, l’épée haute,
et les autres bondirent à la rescousse.
    Pendant un moment, qui parut mortellement long à Fausta gardée à
vue par le Torero, on n’entendit, dans le petit cabinet, que le
froissement du fer et le souffle rauque des combattants qui
s’escrimaient en silence.
    La pièce était petite ; si simplement meublée qu’elle fût,
les quelques meubles qu’elle renfermait diminuaient encore l’espace
et gênaient les mouvements.
    Les quatre bravi se gênaient mutuellement plus qu’ils ne
s’aidaient.
    Pardaillan était plus libre de ses mouvements qu’eux. Il était
resté le dos tourné à la porte secrète ouverte derrière lui.
    Fausta avait immédiatement remarqué ce détail. Elle se disait
que si Pardaillan avait voulu il aurait pu l’entraîner avec lui,
bondir par cette ouverture, repousser la porte et il se serait
ainsi dérobé à la lâche agression
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