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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico
Autoren: Michel Zévaco
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le fou, as-tu résolu de
vivre éternellement fidèle au souvenir d’une morte… une morte
souillée !
    D’un bond le Torero fut sur elle et lui saisit le poignet, et
avec des yeux de dément, il lui cria dans la figure :
    – Répétez, répétez ces infâmes paroles… et, j’en jure Dieu,
votre dernière heure est venue… Vous ne pourrez plus jamais vous
vanter d’avoir assassiné personne.
    Fausta ne sourcilla pas. Elle ne chercha pas à se dégager de son
étreinte. Seulement, la main libre alla fouiller dans son sein et
en sortit un mignon petit poignard.
    – Une simple piqûre de ceci, dit-elle froidement, et tu es
mort. La pointe de ce stylet a été plongée dans un poison qui ne
pardonne pas.
    Et profitant de sa stupeur, elle se dégagea d’un geste brusque,
et s’adossant à la cloison, de sa voix implacable, elle
reprit :
    – Je répète : Pardaillan est mort fou… et c’est mon
œuvre… Ta fiancée est morte souillée !… et c’est encore mon
œuvre… Et toi tu vas mourir désespéré… et ce sera mon œuvre,
encore, toujours !…
    En disant ces mots, elle actionna le ressort qui ouvrait la
porte secrète et, sans se retourner, elle fit un bond en
arrière.
    Elle se heurta à une poitrine humaine. Un homme était là…
derrière cette porte secrète qu’elle croyait être seule à
connaître… Un homme qui avait entendu, peut-être, ce qu’elle venait
de dire. Qui était cet homme ? Peu importait :
L’essentiel était qu’il disparût. Elle leva le bras armé du
poignard empoisonné et l’abattit dans un geste foudroyant.
    Sa main fut happée au passage par une autre main, une tenaille
vivante qui lui broya le poignet et l’obligea à lâcher l’arme
mortelle, ensuite de quoi la tenaille la ramena dans le cabinet,
cependant qu’une voix narquoise qu’elle reconnaissait enfin
disait :
    – J’entends parler de mort, de poison, de folie, de
torture, que sais-je encore ! J’imagine que
M me  Fausta doit avoir un entretien d’amour… Toutes
les fois que Fausta parle d’amour, elle prononce le mot :
mort.
    À ces paroles, à cette apparition inattendue, un double cri,
jeté sur un ton différent, retentit :
    – Pardaillan !…
    – Moi-même, madame, fit Pardaillan, qui resta devant la
porte secrète comme pour en interdire l’approche à Fausta.
    Et de cette voix blanche qu’il avait dans ses moments de colère
terrible, il reprit :
    – Mon compliment, madame, ceux que vous tuez se portent
assez bien, Dieu merci !… Et quant à la folie furieuse dont
vous parliez tout à l’heure… peut-être suis-je fou, en effet, mais
c’est du désir impérieux de vous écraser comme une bête venimeuse
que vous êtes… Puissé-je être foudroyé sur l’heure plutôt que
d’injurier et menacer une femme !… Mais vous, madame, j’ai eu
beau m’opiniâtrer à voir en vous une femme et vous traiter comme
telle, vous vous êtes acharnée à me prouver, de mille et une
manières, que vous étiez un monstre vomi par l’enfer… Il me faut
bien me rendre à l’évidence et vous traiter en conséquence.
    – Pardaillan !… vivant… répéta Fausta.
    – Vivant, morbleu ! bien vivant, madame… Aussi vivant
que cette jolie Giralda que vous aviez condamnée et qui n’a pas été
souillée par l’illustre Barba-Roja, attendu que la main que voici
l’a proprement expédié dans un autre monde… avant qu’il eût pu
consommer l’attentat odieux que vous aviez prémédité… N’avez-vous
pas proclamé que tout cela était votre œuvre ?…
    – Vivante !… Giralda est vivante ? haleta le
Torero.
    – Tout ce qu’il y a de plus vivante, mon prince… Et soyez
tranquille, nul n’a frôlé même le bout de son doigt.
    – Oh ! Pardaillan ! Pardaillan !… comment
pourrais-je…
    – Laissez donc… J’ai bien d’autres chiens à fouetter pour
l’heure ! interrompit Pardaillan avec cette brusquerie qu’il
affectait quand il voulait couper court à un attendrissement.
    Cependant, Fausta s’était ressaisie. Cette femme extraordinaire
avait lu sa condamnation dans les yeux de Pardaillan.
    – Si je ne le tue… il me tue, se dit-elle avec ce calme
surhumain qu’elle avait. Mourir n’est rien…, mais je ne veux pas
mourir de sa main… à lui… Tentons l’ultime chance.
    Et d’un geste prompt comme l’éclair, elle saisit un petit
sifflet d’argent qu’elle avait suspendu à son cou et le porta à ses
lèvres.
    Pardaillan vit le
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