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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour
Autoren: Michel Zévaco
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d’épouvante et d’horreur !
    Cette poitrine était rouge !
    Ces bras étaient rouges !
    Rouges de sang !…
    Catherine eut un recul terrible et ferma les yeux.
    – Du sang ! râla Charles IX. Du sang partout ! Cela monte ! Cela me submerge ! Du sang ! Rien que du sang !…
    Il se tut.
    Deux secondes, un silence mortel pesa sur cette scène.
    D’un râle plus rauque, d’une voix plus rude, Charles répéta son cri :
    – Du sang !…
    On entendit pendant une minute son souffle bref, on vit ses yeux exorbités se promener autour de lui d’horreur en horreur. Pour la troisième fois, son cri retentit, mais déchirant, strident, effroyable :
    – Du sang !…
    Et tout à coup sa bouche se convulsa, ses lèvres se crispèrent, et son rire, le rire terrible, le rire funèbre qui jetait l’épouvante dans les âmes, ce rire semblable à un hurlement grinça, fusa, éclata, se gonfla, toujours plus fort, toujours plus sinistre…
    Soudain, Charles se renversa…
    Mort !…
    Silence, immobilité sur le lit… frissons de terreur dans la chambre, dans les couloirs pleins de monde accouru…
    La reine se pencha, posa sa main sur la poitrine de Charles. Et cette main devint toute rouge.
    Alors, lentement, elle se releva, se tourna vers le duc d’Anjou, livide, et d’une étreinte farouche de sa main sanglante, elle empoigna la main de son fils bien-aimé, la main d’Henri d’Anjou…
    Et, comme sous l’horrible impression de cette mort dans le sang et le rire, la foule des courtisans reculait, courbée, chargée d’effroi, Catherine de Médicis, montrant son fils Henri, d’une voix éclatante et sauvage, d’une clameur de triomphe qui s’entendit au loin, cria :
    – Messieurs !… Vive le roi !…
    q

Chapitre 50 LE PRINTEMPS DE MONTMORENCY
    T elle fut la mort de Charles IX. Cette fin terrible, cette suée de sang, ce mal exceptionnel, cet effondrement d’une âme dans les remords ne constituaient-ils pas l’épilogue nécessaire de la Saint-Barthélemy ? Il semble vraiment qu’une sorte de fatalité inexorable vienne frapper au bon moment les grands criminels. Cela s’explique d’ailleurs : la générosité d’âme suppose de l’intelligence et de la force d’esprit. Nous avons cette conviction que la bonté parfaite réside en l’intelligence parfaite. Le scélérat, pour si habile qu’il paraisse, a des tares dans le cerveau. Un jour ou l’autre, ce cerveau mal équilibré commet la faute de tactique définitive – celle qui entraînera le châtiment du crime.
    Le crime est puni ; la vertu est récompensée… ceci est la vérité même.
    Vérité banale qu’on a déviée de son sens profond pour en faire un abus écœurant en l’appliquant à la vie sociale, en décrétant que les hommes sont capables de se punir ou de se récompenser les uns les autres. En effet, le sens philosophique du mot crime et du mot vertu échappe à la plupart des hommes. En société, donc, cette vérité apparaît comme un contresens. Et pourtant, elle demeure vérité. La vertu, qui suppose l’intelligence parfaite, suppose les dons nécessaires pour comprendre la vie ; le crime implique, au sens latin du mot, imbécillité d’esprit. En sorte que la vertu, c’est au fond la marche à la vie ; et le crime, la marche à la mort.
    Il n’y a donc rien de merveilleux, dans cette fin tragique de Charles IX, qui fut une véritable expiation du forfait.
    Peut-être aurons-nous plus tard l’occasion de montrer comment d’autres criminels furent aussi frappés.
    Sans aller plus loin, nous pouvons dire que la fin de la vie de Catherine de Médicis ne fut qu’un long châtiment, plus rigoureux peut-être que celui de Charles. En effet, cette mère terrible qui fut criminelle pour son fils Henri, qui empoisonna, tua, massacra pour établir le bonheur de son enfant, se vit bafouée, dédaignée, méprisée par cet enfant ! Elle connut cette longue et subtile douleur, et elle en mourut.
    Quant à Guise… mais ceci nous entraîne hors des limites du présent récit.
    Revenant donc de vingt-et-un mois en arrière, nous reprenons nos héros au point où nous les avons laissés, c’est-à-dire entrant au château de Montmorency à l’aube du 25 août 1572.
    On n’a peut-être pas oublié qu’après son enquête à Margency, enquête qui établissait d’une manière éclatante l’innocence de Jeanne de Piennes, le maréchal avait commandé à son intendant d’aménager toute une aile du château
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