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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour
Autoren: Michel Zévaco
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A demain, dit Charles IX.
    – A demain, répondit Marie Touchet.
    Après un dernier baiser, un dernier regard à son amant, elle sortit, accompagnée d’Entraigues, et guidés par ce serviteur dont nous avons parlé, ils purent sortir du château sans avoir été remarqués.
    Comme Marie Touchet était montée dans sa voiture fermée, et comme Entraigues se mettait en selle, il vit venir au loin un groupe de cavaliers au galop.
    La voiture de Marie Touchet s’ébranla.
    Entraigues demeura un moment sur place pour voir quels étaient ces cavaliers si pressés qui accouraient dans un nuage de poussière. En tête de ce groupe, en avant de plus de cinquante pas, galopait un homme qu’Entraigues ne tarda pas à reconnaître.
    Il pâlit et murmura :
    – Le roi de Pologne ici [35] … Ah ! maintenant je vois bien que Charles va mourir, puisque les corbeaux accourent !
    Alors, d’un temps de trot rapide, il rejoignit la voiture de Marie Touchet et rentra avec elle dans Paris.
    Charles IX était demeuré seul avec sa nourrice.
    Après le départ de Marie Touchet et d’Entraigues, il s’approcha de la fenêtre qui donnait sur de beaux sycomores et sembla prendre plaisir à contempler toute cette verdure, le ciel rayonnant où passaient de légers nuages blancs…
    – Comme il ferait bon de vivre ! murmura-t-il. Oh ! vivre dans la paix des champs, n’être plus roi, n’être plus le misérable que je suis, ne plus deviner les poignards dans l’ombre, ne plus redouter le poison dans le pain que je mange, dans l’eau que je bois, dans l’air que je respire !… Je serais un petit bourgeois… ou même un villageois, j’aurais une maison au fond d’un jardin, près d’une forêt, je vivrais entre mon fils et celle qui m’aime… celle que j’aime : la maison serait blanche, et il y aurait des roses dans le jardin… Oh ! mon rêve de roi !… Vivre ! Oh ! vivre encore !… Seigneur, un peu de paix, par pitié !…
    Deux larmes coulèrent le long de ses joues amaigries, décharnées ; il laissa retomber le rideau et, courbé, voûté, rejoignit son fauteuil où il se laissa tomber.
    – Madame la reine ne vient pas ? demanda-t-il.
    Non, Catherine de Médicis ne venait pas ce matin-là ! Sans doute, elle devait être fort occupée, depuis que le cavalier aperçu par Entraigues, était entré au château.
    – Couche-moi, nourrice, reprit Charles au bout d’un moment.
    La vieille nourrice obéit. Bientôt le roi fut installé dans son grand lit. Elle le borda maternellement. Il ferma les yeux et parut s’assoupir tranquillement.
    – Il va mieux, songea la nourrice qui s’éloigna sur la pointe des pieds. Pauvre petit roi si malheureux !…
    Lorsqu’il comprit qu’il était seul, Charles IX ouvrit les yeux.
    – Seul ! murmura-t-il. Tout seul ! Autour de moi, le silence, l’abandon ! Plus de courtisans, plus de gardes ! On sait que je vais mourir… et on me laisse mourir comme un chien à un coin de rue…
    La solitude, en effet, était profonde autour du roi. C’était bien le silence de l’abandon. Seule, la vieille nourrice venait de temps à autre se pencher sur lui…
    Pourtant, en prêtant l’oreille, il semblait à Charles qu’il entendait dans le château des bruits inaccoutumés, un mouvement de va-et-vient de gens empressés, une rumeur lointaine, du côté de l’appartement de sa mère, une rumeur joyeuse, eût-on dit ! Cette rumeur d’une foule de courtisans qui s’empresse autour d’un roi…
    Quelle était donc cette Majesté qu’on saluait ainsi, tandis que lui demeurait seul, tout seul en présence de la mort ?…
    Charles se le demanda d’abord, puis il cessa d’y penser…
    Les heures s’écoulèrent.
    La nourrice elle-même ne venait plus : peut-être l’avait-on écartée sous quelque prétexte, afin qu’elle ne pût renseigner le roi sur la cause de ces bruits joyeux qui troublaient son agonie.
    Vers le soir, Charles voulut se lever. Il frappa sur un timbre. Il appela, personne ne vint.
    Alors, il voulut se lever, seul, sans aide.
    Mais il retomba sur son lit, et constata avec épouvante que ses forces, depuis le matin, s’en étaient allées.
    Il demeura faible, baigné d’une sueur froide, pris d’une angoisse terrible. Il voulut crier, et ses lèvres ne rendirent qu’un son rauque à peine intelligible.
    – Mon Dieu ! mon Dieu ! râla-t-il. Est-ce que je vais mourir ? Mon Dieu, fais-moi miséricorde pour tout le sang qui fut versé !… Mon
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