Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
pour deux princesses qu’il comptait héberger.
    Ces ordres avaient été exécutés.
    Une partie du vieux manoir avait été décorée, ornée de meubles précieux ; une douzaine de servantes et femmes de chambre attendaient les deux illustres visiteuses ; les armoires regorgeaient de lingeries fines ; bref, tout avait été préparé pour que les princesses inconnues gardassent le souvenir d’une hospitalité somptueuse, telle qu’un Montmorency pouvait l’offrir.
    C’est dans cette partie du château que furent installées Loïse et Jeanne de Piennes. Elles purent enfin y prendre le repos dont elles avaient tant besoin l’une et l’autre.
    Le maréchal voulait entreprendre de sauver la raison de celle qu’il avait adorée, qu’il adorait encore, et il imaginait de frapper vivement l’esprit de la pauvre folle en la conduisant un jour à Margency…
    Mais un devoir plus immédiat sollicita son courage et son dévouement. Remettant donc à plus tard cette tentative – ce qui n’était pas un léger sacrifice – il organisa séance tenante la résistance aux ordres sauvages venus de la cour.
    A peine Jeanne et sa fille furent-elles installées qu’il fit sonner le tocsin du manoir. Il ordonna à son capitaine d’armes de fermer les portes, de lever les ponts-levis, de faire couler dans les fossés les eaux qui en étaient détournées en temps de paix, de faire charger les vingt-quatre pièces d’artillerie, d’armer en guerre les quatre cents hommes de la garnison, enfin, de tout préparer pour soutenir au besoin un long siège.
    En même temps, il envoyait des estafettes dans plusieurs directions.
    Et nous devons dire ici que, dès la veille, c’est-à-dire dès la première nouvelle de ce qui se passait à Paris, quelques seigneurs, – de ceux qu’on appelait des politiques – s’étaient rassemblés autour de Montmorency avec leurs hommes d’armes, supposant que le maréchal entreprendrait sans doute d’arrêter le carnage dans la province.
    A midi, François de Montmorency eut un entretien avec le chevalier de Pardaillan. Les dernières résolutions y furent prises.
    Vers trois heures, il y avait près du château deux mille quatre cents cavaliers bien montés, bien armés, rassemblés sur cette esplanade même d’où jadis François s’était élancé vers Thérouanne.
    Ce corps de cavalerie fut divisé en deux brigades, fortes chacune de douze cents hommes.
    Le maréchal prit le commandement de l’une ; Pardaillan fut mis à la tête de l’autre.
    Puis chacun d’eux s’élança dans une direction différente ; et ces deux hommes qui laissaient derrière eux tout ce qu’ils aimaient au monde, qui venaient d’échapper à tant de dangers, que quelques heures séparaient à peine des instants tragiques où ils avaient mille fois failli périr, ces deux hommes dont l’un avait vu l’incendie et la destruction de son antique demeure, et dont l’autre venait d’enterrer lui-même le vieux père, le bon compagnon de sa vie d’aventures, partirent sans regrets apparents pour remplir un devoir d’humanité.
    Le maréchal s’élança vers Pontoise ; de là, il battit le pays jusqu’à Magny, puis poussa droit au nord et arriva jusqu’à Beauvais. Partout où il passait, il rassemblait ceux qui étaient en état de porter les armes, leur parlait fortement, leur racontait les horreurs de Paris, et enfin les décidait à s’opposer les armes à la main à toute tentative de massacre.
    Là où les ordres de Catherine étaient déjà arrivés, là où on commençait à tuer, il fondait tout à coup sur les massacreurs, faisait jeter en prison les plus enragés et décrétait que tout homme pris à violenter, molester ou piller, serait pendu haut et court sans procès.
    D’un point, il courait à un autre.
    Pendant un mois, il battit la campagne, traversant les villes, les villages les hameaux et inspirant partout une terreur salutaire aux trop fervents catholiques.
    Pardaillan opérait de son côté, mais avec plus de fougue encore et de rapidité. Pendant deux mois, il ne laissa pas un point inexploré dans les pays qu’il traversa. Nous renonçons à peindre la joie délirante, les acclamations, les larmes de gratitude des infortunés que l’on commençait à « piller » et qui voyaient tout à coup arriver le secours et la délivrance.
    De l’Isle-Adam, où il se dirigea tout d’abord, Pardaillan bondit jusqu’à Luzarches ; de là, il remonta à Senlis, traversa
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher