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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon
Autoren: Axel Aylwen
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autres formes apparaissaient lentement au loin.
    « Vigie ! beugla Saint-Clair en regardant en l'air. Que voyez-vous sous le vent ?
    — Vous ne pouvez attaquer simultanément les Anglais sur mer et les Siamois sur terre ! insista Phaulkon dont les yeux lançaient des éclairs de colère. C'est de la folie. Je vous dis cela en tant qu'ami de la France, pour vous donner une chance de salut. »
    Vaudricourt fit volte-face. « Si vous étiez un si grand ami de la France, monsieur, vous n'auriez pas conclu ce marché avec les Anglais. Quant à nos chances, elles ne peuvent pas être aussi mauvaises que vous le dites, en tout cas pas tant que nous vous avons à bord. Personne ne nous tirera dessus.
    — Deux bâtiments de guerre, capitaine, un de quarante-huit canons et un... » La voix de la vigie fut noyée par la sonnerie stridente d'une multitude de clairons qui résonna à travers le golfe.
    Toutes les têtes se tournèrent dans la direction des collines lointaines sur la crête desquelles était alignée une longue rangée d'éléphants miniatures. Une lourde détonation retentit. Un panache d'eau s'éleva dans les airs non loin de la poupe du Gaillard.
    Vaudricourt saisit Phaulkon par le bras. « Par ici ! » dit-il, le traînant à moitié dans 1 ecoutille. Au pied de l'escalier, Phaulkon se dégagea avec un mou-vement violent au moment même où une deuxième salve ébranlait le vaisseau. La voix de Saint-Clair hurla un ordre en direction du pont : « A tribord toute ! Préparez-vous à viser !
    — Ecoutez, monsieur, lança Phaulkon d'une traite, si vous partez maintenant, la France pourra garder sa position d'influence au Siam. Si vous restez, vous et vos hommes mourrez et la colère de mon souverain, le roi Narai, sera sans bornes. Le général Desfarges est à Bangkok sous surveillance. Il ne mènera pas ses hommes à la conquête d'Ayuthia. » Phaulkon fouilla dans sa chemise et en sortit une lettre. « Tenez, lisez ceci. » C'était une lettre que Phaulkon avait extorquée à Desfarges avant de partir. Le général y remerciait Phaulkon d'avoir épargné sa vie et de lui permettre de rester à Bangkok malgré les révélations concernant la traîtrise des Français.
    Vaudricourt examina la lettre et regarda Phaulkon d'un air consterné.
    « L'artillerie sur la colline n'est pas au courant de ma présence sur ce vaisseau, monsieur. Les canons vont nous couler. Si vous ripostez, les Anglais vont également ouvrir le feu. Donnez l'ordre à Saint-Clair de partir, sinon nous mourrons ensemble. »
    Une explosion les envoya tous deux contre le bastingage du navire. Vaudricourt se releva le premier, frottant sa tempe contusionnée et gravit quatre à quatre l'escalier des cabines.
    « Capitaine ! cria-t-il. Donnez l'ordre de mettre à la voile ! »
    Phaulkon lui emboîta le pas. Le chaos régnait sur le pont. La dernière salve avait fracassé le bastingage de la poupe et légèrement blessé deux hommes. Des officiers essayaient d'évaluer les dégâts, l'équipage exécutait fébrilement l'ordre de Saint-Clair, tout le monde criait en même temps. Personne ne remarqua que Phaulkon descendait dans sa chaloupe.
    Il ordonna à ses hommes terrifiés de commencer à ramer. Ils arrêtèrent d'écoper et saisirent leurs avirons. Alors que la chaloupe s'éloignait, Phaulkon regarda devant lui, le cœur serré. Une bonne centaine de brasses le séparait du Résolution : il serait une cible facile sur laquelle les canonniers pourraient pratiquer leurs tout nouveaux talents. Il ferma les yeux et pria.
    Davenport redoubla son allure quand il entendit la sonnerie de clairon précédant la première salve. La crête de la colline se trouvait maintenant juste au-dessus de lui. Il était hors d'haleine et ses jambes flageolaient sous l'effort, mais il fallait qu'il atteignît Ivatt pour le prévenir que Phaulkon se trouvait à bord du Résolution. Si Phaulkon venait à mourir, tous ses espoirs et toutes ses aspirations périraient avec lui.
    Il entendit une deuxième salve et s'obligea à poursuivre. Juste au-dessus de lui, il apercevait maintenant un éléphant. Dans un dernier effort désespéré, il atteignit le sommet au moment précis où retentissait une troisième salve qui lui brisa presque le tympan.
    Pantelant, il avança avec difficulté le long de la crête et regarda la longue rangée d'éléphants. L'odeur de la poudre était suffocante. Le soldat le plus proche fit volte-face, et fixa Davenport d'un air
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