Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon
Autoren: Axel Aylwen
Vom Netzwerk:
soient mis à se déplacer en pirogue.
    — Les navires ont appareillé de Songkhla il y a plus de trois semaines et vont arriver ici d'un moment à l'autre. » Phaulkon sourit. « C'est pourquoi je suis ici : pour les accueillir.
    — Comme le moment est bien choisi ! Mais permettez-moi de suggérer que vous êtes plutôt ici pour vous occuper d'un soulèvement général de la population locale.
    — Vous osez mettre ma parole en doute, monsieur ! s'écria Phaulkon, soudain en colère. Je n'ai aucun besoin de m'expliquer devant vous, ni devant qui que ce soit d'autre. Mais pour votre instruction, gouverneur, sachez que le massacre s'est produit la nuit dernière. Je n'aurais guère pu être au courant alors qu'il faut dix jours pour venir d'Ayuthia. »
    Yale l'observa avec soin. « Alors, vous vous proposez de livrer Mergui aux Français ? »
    Phaulkon réprima sa colère. Le ton et les manières dédaigneuses de Yale l'exaspéraient.
    « Non, gouverneur, il ne s'agit pas de cela, répondit-il avec un calme apparent. Je leur donne un comptoir commercial. Ils arrivent en force parce que je leur ai demandé d'amener un important contingent de soldats, pour prendre la relève au fort de Bangkok où la discipline s'est relâchée. Non, monsieur, c'est Ivatt qui sera gouverneur de Mergui et non un Français. »
    L'intérêt de Yale était visiblement éveillé. « Thomas Ivatt ?
    — Oui, vous le connaissez. Et vous savez combien il est dévoué au Siam. Il serait aussi peu disposé que vous à voir les Français maîtres de Mergui. Plus important encore, je n'ai personnellement aucune intention de placer Mergui sous une hégémonie autre que siamoise. Ivatt est déjà ici, poursuivit Phaulkon avant que Yale eût pu prendre la parole. Il sera nommé gouverneur sur-le-champ et les auteurs du soulèvement répondront de leurs crimes devant lui. Mais, puisque nous parlons de problèmes locaux, gouverneur, je crois que vous en avez vous-même un sur les bras. » Il chercha à l'intérieur de sa chemise. « Ce message envoyé par votre capitaine Weltden était destiné à Samuel White à bord du Résolution, dit-il en tendant le mot à Yale. Je l'ai intercepté. Je ne sais pas ce que ces deux hommes ont manigancé ensemble, mais je suis certain que vous voudrez vous en occuper. »
    Yale regarda la lettre et se renfrogna. Les choses ne se passaient pas tout à fait comme il l'avait prévu. D'abord, il ne s'était pas attendu à trouver Phaulkon ici. Ni les Français si tôt. Ni enfin ce message. Comme sir Joshua Childe à Londres demandait des comptes à tout employé de haut rang, passé ou présent, qui à son avis ternissait la réputation de la Compagnie, ce n'était guère le moment de se retrouver avec des accusations de marchés en sous-main visant un de ses capitaines. C'était de lui, après tout, que Weltden avait reçu l'ordre de traiter avec White, et les capitaines tant de la Perle que de YEpervier étaient, par la force des choses, au courant des faits en gros sinon en détail.
    Peut-être devrait-il sauver les meubles et partir comme Phaulkon l'y incitait. Il aurait au moins la compensation — et White. Il n'aurait pas Mergui, mais les Français, à en croire Phaulkon, ne l'auraient pas non plus. Il avait beau se méfier du diable rusé qui lui faisait face, son instinct lui disait que Phaulkon disait la vérité. Il était de notoriété publique que les Français étaient installés en force à Ayuthia, et il était logique qu'ils veuillent étendre leur influence à Mergui. Quelles étaient de toute façon les autres possibilités ? Perdre la compensation et White ? Affronter simultanément les Français, les Maures et les troupes de Phaulkon ? Décidément les chances étaient contre lui.
    Phaulkon avait perçu la déconvenue de Yale, et il jugea qu'il était temps de partir. Il se leva.
    « Si vous voulez bien m'excuser, gouverneur, j'ai des affaires urgentes à régler. Je vous envoie immédiatement la compensation, et White, pour que vous puissiez vous éclipser avant l'arrivée de la flotte française. »
    Yale le regarda malgré lui avec respect. Au fond de lui-même, il savait qu'il avait affaire à forte partie. Il prit sa décision. Si Phaulkon lui remettait effectivement White et la totalité de la compensation, il retournerait à Madras. Sinon, il resterait et mettrait Phaulkon au pied du mur.
    Il se leva à son tour. « Vous comprendrez, seigneur Phaulkon, que Sa Majesté le roi Jacques
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher