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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon
Autoren: Axel Aylwen
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bien avancé avec le reste de l'artillerie — neuf canons de longue portée. Dularic, assurant à Ivatt que tout allait bien, s'était excusé en précisant que le général Desfarges lui avait enjoint de rentrer à Bangkok dès que sa mis-sion serait accomplie. Il passerait la nuit à Tenasserim pour la première étape de son voyage de retour.
    Quand Ivatt vit que les canons étaient tous en place, il donna pour dernière instruction aux mahouts de contenir leurs bêtes. Puis il désigna du doigt le vaisseau français. « C'est votre cible. Visez-la bien ! » Ses canonniers, tout nouvellement entraînés, firent quelques derniers ajustements. Ivatt leva le bras droit. Peu après, la sonnerie de deux cent cinquante clairons brisait le silence du golfe. Il donna l'ordre de tirer.
    La chaloupe du Résolution se dirigeait doucement vers l'immense bâtiment de guerre français. Le cœur de Phaulkon battait plus vite à mesure que la masse se rapprochait.
    Il faisait plus clair de minute en minute. Il se retourna et vit que Vitoon se dirigeait vers la Perle pour porter son message à Yale. Phaulkon y expliquait que le premier vaisseau français était arrivé et qu'il allait le saluer. Il ajoutait qu'il avait ordonné qu'on interrompît temporairement le transfert de l'or, car il voulait superviser lui-même le chargement. Les opérations reprendraient dès son retour sur le Résolution. En attendant, la Perle et YEpervier devaient rester où ils étaient et ne faire aucune manœuvre suspecte. Il entendait rassurer les Français en leur disant que la mission anglaise était purement commerciale.
    En réalité, Phaulkon avait besoin de la présence anglaise un peu plus longtemps, et le reste de l'or fournissait une motivation parfaite. On en avait transféré un peu moins de la moitié à bord de la Perle, la veille au soir. Les lingots étaient lourds et le crépuscule était tombé avant que ses deux derniers bateaux aient pu transborder de quoi couvrir la totalité de la compensation. Heureusement aussi, Phaulkon n'avait pas encore livré Sam White, moins par intuition que parce qu'il trouvait juste que White vît de ses yeux sa fortune s'amenuiser. L'idée lui avait beaucoup plu. Quelle punition plus appropriée pour l'ex-maître du port que d'être assis dans la cale à regarder les caisses de son trésor disparaître les unes après les autres ?
    « Qui va là ? » La voix déchira l'aube naissante.
    Phaulkon se dressa dans sa chaloupe. « Le comte de Faucon. Je suis seul et sans arme. Je dois parler de toute urgence au chef d'escadre Vaudricourt.
    — Attendez là. »
    Phaulkon ordonna à ses rameurs de rester immobiles. Il entendit un tumulte grandissant : un certain nombre d'officiers vinrent se pencher au bastingage pour l'apercevoir. Quand ils se furent assurés qu'il était bien seul et sans arme, ils l'invitèrent à monter à bord. Quelques instants plus tard, il était sur le gaillard d'arrière, face à un Vaudricourt ébaubi, en haut-de-chausses de cuir et bas de soie blancs. Le capitaine Saint-Clair, brûlé par le soleil et tête nue, se tenait à son côté.
    « Mon Seigneur, c'est... euh, tout à fait inattendu, commença Vaudricourt. Qu'est-ce qui vous amène ici ?
    — Je parlerai sans ambages, monsieur, car nous n'avons pas beaucoup de temps. Je suis venu vous mettre en garde. Vous courez un danger très grave. Les Anglais sont ici en force pour défendre Mergui. Je sais que vous n'avez qu'un vaisseau. Le général Desfarges me l'a dit. Les Anglais de leur côté en ont quatre. Vous pouvez en apercevoir deux. » Il désigna du doigt le Curtana et le Résolution. « Les autres seront visibles dans un moment quand le jour se sera complètement levé. Ce sont des bâtiments de guerre de quarante-huit canons chacun. Ils vous attendent et n'hésiteront pas à tirer. »
    Vaudricourt lança un regard inquiet dans la direction du Curtana et du Résolution. Prenant le capitaine Saint-Clair à part, il s'entretint avec lui.
    Quelques instants plus tard, le capitaine fit venir le lieutenant.
    « Faites charger et avancer les canons, ordonna-t-il.
    — Capitaine, écoutez-moi, dit Phaulkon avec détermination. Non seulement vous êtes cerné sur mer mais mes armées vous attendent aussi à terre. La ville est bien fortifiée. Vous n'avez aucune chance. »
    Vaudricourt et Saint-Clair regardèrent tous deux en direction du port, puis de nouveau vers la mer. La brume matinale se dissipait rapidement et deux
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