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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS
Autoren: Boris Thiolay
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n’avoir jamais été reconnus en tant que tels. Pas une déclaration officielle, pas un geste, ne les légitime. Les autorités allemandes ne pourraient-elles se pencher sur la question, un jour prochain ? Jusqu’à aujourd’hui, le silence est cruel.
    « Qui pense à nous ? Quand s’intéressera-t-on véritablement à ce qui nous est arrivé ? » s’interrogeait Gisèle Niango, quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois à Nancy, au printemps 2009.
    Ce silence est d’autant plus lourd que les SS, eux-mêmes, puis le gouvernement de la République fédérale d’Allemagne, avaient prévu de verser un pécule aux petits enfants blonds… Ce livre était quasiment terminé quand j’ai fait cette découverte stupéfiante.
    En fait, j’avais en ma possession depuis plusieurs mois un document qui en apporte la preuve. Mais, tout comme l’allégorie de saint Georges terrassant le dragon gravée dans le plâtre, il ne m’avait pas immédiatement sauté aux yeux. Le document en question est la transcription d’une annonce parue dans une revue juridique allemande, le 20 janvier 1948. Il s’agit de l’acte de dissolution du Lebensborn eingetragene Verein (association déclarée Lebensborn ). Autrement dit, l’office L n’a officiellement disparu que deux ans et demi après la chute du Troisième Reich et deux mois avant que ses dirigeants ne soient libérés par le tribunal américain de Nuremberg. Mais là n’est pas le plus important. Voici le texte de l’annonce :
    « L’association “ Lebensborn e. V.” à Munich a été dissoute. En conséquence, un nouveau tuteur est à désigner pour les anciens pupilles de celle-ci. Les archives du Lebensborn n’existent plus. Néanmoins, des livrets d’épargne des pupilles du Lebensborn ont été pris en charge par le centre d’enfants Steinhöring où se trouvaient en dernier lieu les bureaux du Lebensborn […]. Les livrets d’épargne seront rendus uniquement sur ordre du tribunal de première instance ou du tribunal des tutelles. Un état des livrets d’épargne de l’ancien Lebensborn est en possession du tuteur officiel : Dr. J… K… Il est disposé à fournir des renseignements sur les sommes versées au compte des pupilles. »
    J’ai volontairement brouillé ici le nom et l’adresse de ce tuteur qui, en 1948, était chargé de conserver l’argent placé par la SS pour chacune de ses petites têtes blondes, en attendant que la somme leur soit restituée. Cette information était tellement inconcevable qu’il me fallait de nouveau solliciter l’avis de Georg Lilienthal. Il m’a répondu ceci : « J’ai lu quelque chose à ce propos il y a des années. Mais je n’ai pas plus d’informations que vous. Je suppose que le tuteur a rendu l’argent aux enfants, s’il a trouvé leur adresse. Mais je n’en suis pas certain. »
    Quelle somme d’argent la SS avait-elle attribué à chaque enfant ? Que sont devenus les livrets d’épargne ? Le Dr J… K… a-t-il identifié les bénéficiaires ? Je n’en sais absolument rien. Ce que je sais, en revanche, c’est qu’aucun des anciens pensionnaires des « Fontaines de vie » que j’ai rencontré n’a jamais entendu parler de tout ceci.
    L’histoire des enfants du Lebensborn n’est pas terminée. Elle gardera longtemps encore sa part de mystère, et de fantasme. Il faudra de nouveau enfiler des gants de coton blanc pour tirer de l’oubli des fiches cartonnées jaunies par le temps.
    Un dernier rebondissement. En croisant des recherches sur Internet et dans les archives de la Croix-Rouge, j’ai trouvé récemment la trace d’un autre ancien pensionnaire du Lebensborn . D’après ce que je sais, il pense être né à Steinhöring. Un télégramme datant de 1944 démontre que sa mère a accouché à Lamorlaye.
    Je lui téléphonerai bientôt.
    S’il accepte de me rencontrer, je lui demanderai s’il a fait la paix avec cet enfant blond qui lui ressemblait tant.
    1 - L’existence de ce courrier fut révélée dans Au nom de la race , de Marc Hillel (Fayard, 1975).
     

Bibliographie
    A CKERMANN , Josef, Himmler l’idéologue , Musterschmidt, 1970.
    D AGERMAN , Stig, Automne allemand , Actes Sud, 1980.
    D ESPRAIRIES, Cécile, Ville lumière, années noires : Les lieux du Paris de la Collaboration , Denoël, 2008.
    D ESPRAIRIES, Cécile, Paris dans la Collaboration , Seuil, 2009.
    D ’ H EUCQUEVILLE, Georges, Plus d’enfants dégénérés , Hachette,
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