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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS
Autoren: Boris Thiolay
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concerne l’homme qui a la cinquantaine, voici ce que Christophe Prime indique : « Il porte un uniforme civil, mais l’insigne triangulaire, au revers de sa veste, laisse penser qu’il peut faire partie du Reichskriegerbund (RKB), l’association regroupant les anciens combattants allemands. Je ne peux pas le certifier à 100 %, l’insigne n’étant pas très net sur la photo. Le RKB était noyauté depuis 1938 par le NSDAP [le parti nazi]. Il peut s’agir d’un vétéran de la Grande guerre qui aurait repris du service. »
    À propos de sa compagne, qui le tient par le bras :
    « L’infirmière appartient à la Deutsches Rotes Kreuz , la Croix-Rouge allemande. La broche de forme circulaire, marquée d’une croix, qu’elle porte au col, en atteste. Elle appartient aux NS-Schwestern , les infirmières Nationales-socialistes. »
    Ces indications, précieuses, m’ont conforté dans une idée. Je n’ai pas les moyens d’en apporter la preuve, mais je pense que l’homme et la femme « d’âge mur » sont le sergent SS Grünwald et son épouse. Arrivés à Lamorlaye en décembre 1943, ils furent les premiers occupants de Westwald . Le couple faisait office d’intendants du foyer 1 . Mais, se considérant comme maîtres des lieux, les Grünwald étaient en conflit permanent avec les autres employés de la nursery SS.
    Lors de sa visite à Lamorlaye, le 24 avril 1944, Gregor Ebner avait relevé l’animosité régnant entre les Grünwald et le reste du personnel. Il notait par exemple dans son rapport la remarque acerbe de l’administrateur Engelien : « L’attachement du sergent Grünwald pour son poste à Westwald est dû au fait que cela lui permet d’échapper aux combats. » Cette critique correspond effectivement au profil du sergent Grünwald, ancien combattant de la Grande guerre soucieux de ne pas rempiler. Par ailleurs, un seul couple « officiel » est recensé parmi le personnel de Lamorlaye : les Grünwald, précisément.
    Reste enfin la quatrième personne sur les photos de couples : Erwin Schmitt, le compagnon d’Élisabeth Grinski. Le « géniteur » d’Erwin Grinski. Le soldat allemand. Christophe Prime m’a livré son commentaire sur la tenue militaire de ce dernier : « L’homme porte un pantalon gris foncé passepoilé 2 , une chemise et une cravate. L’utilisation de ce pantalon laisse supposer qu’il s’agit d’un militaire en tenue de sortie. La Waffenrock , la vareuse de la tenue, n’est pas visible sur la photo, mais le passepoil clair du pantalon peut correspondre à la cavalerie. »
    Selon lui, le militaire pouvait-il appartenir à un régiment de cavalerie Waffen-SS , compte tenu du fait qu’il était père d’un enfant né au Lebensborn  ? A contrario, pouvait-il travailler pour la Croix-Rouge allemande, ainsi qu’Élisabeth Grinski l’avait un jour raconté, du bout des lèvres, à son fils Erwin ? Voici sa réponse : « Les membres de la Deutsches Rotes Kreuz portaient une chemise blanche. Celle de la photo semble grise. Pour pouvoir identifier à coup sûr le corps d’arme, il faudrait voir la vareuse… Ce soldat peut-il appartenir à un régiment de cavalerie Waffen-SS  ? Je ne le crois pas. Le pantalon gris foncé et le passepoil, probablement jaune, me font plutôt pencher pour un régiment de cavalerie de la Wehrmacht. »
    À quoi tient une vie ? Sur quoi repose l’image que nous avons de nous-mêmes, de notre existence, de nos familles, et des autres ? Parfois à un détail sur une vieille photo en noir et blanc à bords dentelés. À la fin de notre première rencontre, deux années auparavant, Erwin m’avait dit : « Quand j’ai appris que je sortais de chez les SS et que je devais faire partie de la race aryenne, ça a été un choc. Je me suis souvent dit : Qu’est-ce qui se serait passé si l’Allemagne avait gagné ? Où je serais aujourd’hui ? Imaginer que je puisse être le fils d’un SS, cela m’effraie… Mais ma mère m’avait dit qu’Erwin Schmitt était un soldat qui travaillait pour la Croix-Rouge. »
    Je saisissais, au moins en partie, le déchirement vécu par les anciens enfants du Lebensborn  : le désir de connaître l’identité de leur père ; la terreur de découvrir un monstre… Comment vivre si l’homme qui vous a donné la vie a pris celle de tant d’autres hommes ?
    Dans l’histoire d’Erwin, le détail crucial est une fine ligne claire. Une petite bande de tissu qui
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