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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS
Autoren: Boris Thiolay
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attendus du jugement est édifiante. Exemple : « Même s’il est évident que le Lebensborn a utilisé des propriétés appartenant antérieurement à des juifs, comme par exemple plusieurs cliniques, foyers pour personnes âgées ou pour enfants, il apparaît également que ces propriétés avaient déjà été confisquées par d’autres organisations et qu’elles étaient désaffectées au moment où le Lebensborn en a pris le contrôle […]. Il n’a pas été possible d’établir, au-delà du doute raisonnable, que l’un des inculpés liés au Lebensborn a été impliqué dans une opération de pillage des territoires occupés. »
    Pourtant, les preuves existaient. En voici une, parmi tant d’autres. Le 10 février 1943 1 , Gregor Ebner écrit à Max Sollmann. Il attire son attention sur un sujet précis : l’intérêt porté par l’office L au complexe hospitalier d’Otwock, dans la grande banlieue de Varsovie. « Ces bâtiments se prêtent merveilleusement à l’installation de foyers Lebensborn , écrit l’ Oberführer-SS Ebner. […] Il faut ajouter que les conditions climatiques à Otwock, où se trouvaient jusqu’ici des sanatoria pour tuberculeux, sont particulièrement bénéfiques […]. L’installation médicale, le linge et une partie du mobilier peuvent être […] retirés du ghetto de Varsovie. » Difficile d’être plus clair… Trois semaines auparavant, le 18 janvier 1943, le général Gregor Ebner faisait partie de la petite délégation SS accompagnant Heinrich Himmler à Varsovie. Les hommes en noir étaient venus superviser deux dossiers, parfaitement complémentaires.
    Premièrement, évaluer le bon fonctionnement du processus de déportation des juifs du ghetto vers le camp d’extermination de Treblinka. Depuis l’été précédent, plus de 300 000 personnes ont déjà été envoyées à la mort depuis l’ Umschlagplatz , la « place de transbordement ». Dans cette gare de triage – dont il ne subsiste aujourd’hui qu’un mémorial d’une sobriété saisissante – ce sont bien des êtres humains que l’on sélectionne, à raison de 8 000 « pièces » quotidiennes : à droite, les ouvriers encore en état d’être exploités quelque temps ; à gauche, les inutiles qui embarqueront incessamment pour Treblinka. À la mi-janvier 1943, les chefs de la SS sont aussi venus évaluer les richesses du ghetto de Varsovie. Comme partout ailleurs en Europe, ils vont se partager le magot. Au nom du grand Reich, bien sûr. À moi les bijoux, à toi les bâtiments… C’est à cette occasion que le Dr Ebner est charmé par les installations hospitalières d’Otwock, cette ville à l’air si doux, sur les bords de la Vistule, à 25 kilomètres au sud-est de la capitale polonaise. En 1893, le docteur Geisler, un juif, y avait fondé le premier établissement destiné à soigner les malades de la tuberculose.
    Avant-guerre, il y avait 14 000 juifs à Otwock, sur près de 20 000 habitants, soit 70 % de la population. Aujourd’hui, on dénombre environ 45 000 résidents à Otwock. Plus un juif. Depuis quelques années, un festival de musique yiddish est organisé dans la ville. Mais il n’y a plus de juifs. En août 1942, le ghetto d’Otwock fut liquidé : direction Treblinka.
    En janvier 1943, au moment de la visite de Himmler et consorts, les sanatoria sont vides. Ebner souhaiterait y installer un nouveau foyer du Lebensborn  : Ostland . La « terre de l’est », pourrait accueillir une centaine de mères et 150 enfants… Voilà ce qu’à quoi rêve le Dr Ebner, ce bon vivant, toujours si prompt à plaisanter avec les infirmières Nationales-socialistes. Pendant que, à Treblinka, les petits « Juden » s’agrippent à leur mère, pleurent, paniquent, suffoquent, se défèquent dessus et crèvent dans les vapeurs de Zyklon B, les petits « aryens » naîtront et s’épanouiront au bon air d’Otwock, sur les bords de la Vistule… Mais, cela, le tribunal militaire américain de Nuremberg n’est pas parvenu à « l’établir au-delà du doute raisonnable ».
    C’est ainsi. Quand je l’ai interrogé sur les raisons de cet échec, l’historien Georg Lilienthal m’a répondu ceci : « Je pense que le tribunal américain n’avait pas compris en quoi consistait le Lebensborn . Il n’a pas compris que cette organisation était un véritable instrument de la politique raciale nazi. Cette politique ne consistait pas seulement en
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