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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran
Autoren: Frederick Forsyth
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coup de fil à passer. H demanda au standard du Royal London qu'on le mette en contact avec l'infirmière de nuit du service des soins intensifs. H y avait une toute petite chance pour que le blessé soit revenu à lui.
    Le docteur Willis aussi travaillait tard. H venait d'opérer un jeune motard qui semblait avoir tenté un record de vitesse en descente dans une rue d'Archway Hill. Le neurochirurgien avait fait tout son possible, mais en son for intérieur, il n'estimait qu'à cinquante pour cent les chances qu'avait le blessé de passer la semaine. H apprit que Burns avait appelé
    lorsque l'infirmière eut raccroché. Vingt-quatre heures s'étaient écoulées depuis l'anes-thésie. Maintenant que ses effets s'étaient dissipés, il espérait

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    quelques signes de progrès. Avant de rentrer chez lui, il passa voir le vieil homme boiteux. Aucune évolution. Les moniteurs indiquaient un rythme cardiaque régulier, mais la tension artérielle trop élevée témoignait de lésions cérébrales. Sur l'échelle de Glasgow, le patient plafonnait toujours à trois sur quinze : coma dépassé.
    - Je laisse passer trente-six heures de plus, dit-il à l'infirmière. Je comptais m'absenter ce week-end, mais je passerai samedi matin. Sauf en cas d'amélioration considérable. Pourriez-vous laisser un message pour qu'on m'informe d'un éventuel progrès, ici ou à mon domicile ? S'il n'y a aucun changement d'ici samedi matin neuf heures, je veux qu'on lui refasse un scanner. Réservez-le pour moi, je vous prie.
    La deuxième journée touchait à sa fin. Priée et Cornish ronflaient comme des boeufs dans leurs cellules de Dover Street, gavés de friture. Reliée à
    trois moniteurs, la victime gisait sur le dos sous une veilleuse bleue, perdue dans un monde intérieur inaccessible.
    …cartant momentanément ses malades de son esprit, le docteur Willis regarda un vieux western spaghetti avec Clint Eastwood dans son élégante demeure de St John's Wood Terrace. L'inspecteur Skinner arriva juste à l'heure à son rendez-vous avec une charmante étudiante en art dramatique, rencontrée un mois plus tôt au bar du foyer lors d'un concerto de Beethoven. C'était typiquement le genre de sujet - Beethoven, pas les filles - qu'il n'abordait jamais avec ses collègues à la cantine. Jack Burns, pour sa part, rentra dans une maison vide à Camden Town, o˘ il mangea sur le pouce des haricots en boîte et des toasts. Il regrettait que Jenny et les garçons soient partis en vacances à Salcombe, dans son Devon natal, o˘ il aurait bien aimé les rejoindre. Saleté de mois d'ao˚t.
    Troisième jour : jeudi
    Les interrogatoires de Priée et de Cornish ne menèrent à rien. La faute n'en incombait pas à Jack Burns qui possédait l'expérience et les compétences requises. H commença par Price,
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    sachant que c'était le moins malin des deux. Avec Lou Slade assis près de son client, il fut obligé de garder une certaine retenue.
    - …coute bien, Mark, on t'a pris la main dans le sac. On a un témoin, et il a tout vu. Tout, je te dis. Du début à la fin. Et il est décidé à
    témoigner.
    D attendit la réaction. Rien.
    - Mon client refuse toute déclaration, murmura Slade.
    - Alors comme ça, Mark, il t'a cogné en plein dans le nez. Il t'a explosé
    le blair. Pas étonnant que t'aies vu rouge. Bon sang, pourquoi un vieux type comme lui a fait un truc pareil ?
    Priée aurait pu marmonner quelque chose comme Ćhais pas ª, ou ´ quel vieux taré ª. «a aurait suffi à convaincre un jury. Une réponse comme ça revenait à avouer s'être trouvé sur les lieux de l'agression. Et dans ces conditions, finis les alibis. Priée le fusilla du regard mais il garda le silence.
    - Et puis il y a ton sang, Mark. Le sang qui dégoulinait de ton nez cassé.
    On a des échantillons, mon vieux.
    Il se garda de préciser que le sang provenait du T-shirt, et pas du trottoir, mais ce n'était pas un vrai mensonge. Priée lança un regard paniqué à Cornish, qui semblait lui aussi passablement inquiet. L'avoué se disait que si les tests ADN identifiaient le sang retrouvé près de la victime comme étant celui de Priée, la partie était perdue pour la défense.
    Mais il pouvait encore changer son fusil d'épaule, le cas échéant. En vertu des règles de transparence, il se tiendrait au courant de toutes les avancées de Burns, bien avant un éventuel procès. Il se contenta de secouer la tête, et Priée se mura dans son silence. Pendant une heure,
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