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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran
Autoren: Frederick Forsyth
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Le vétéran
    Frederick Forsyth
    Le vétéran
    et autres récits
    Traduit de l'anglais par Marina Boraso
    Albin Michel
    ¿ Sandy, qui par miracle me supporte encore
    Titre original : THE VETERAN
    © Frederick Forsyth 2001
    Traduction française :
    ' …ditions Albin Michel S.A., 2002 22, rue Huyghens, 75014 Paris www.albin-michel.fr ISBN 2-226-13191-4
    Le vétéran
    Premier jour : mardi
    C'est le propriétaire de la petite épicerie de quartier qui fut témoin de la scène. C'est du moins ce qu'il raconta. H se trouvait à l'intérieur de sa boutique, mais devant la vitrine, en train d'améliorer la disposition de ses marchandises. Levant les yeux, il avait vu l'homme de l'autre côté de la rue. L'individu était parfaitement banal, et le commerçant aurait détourné le regard s'il n'avait pas boité. Il affirma ultérieurement qu'il n'y avait personne d'autre dans la rue.
    C'était une journée très chaude, étouffante et orageuse, et des nuages gris pesaient dans le ciel. L'endroit qu'on avait baptisé Paradise Way dans un élan d'enthousiasme délirant était aussi triste et miteux que d'habitude : un centre commercial situé au cour d'une des cités sinistrées, tapissées de graffitis et accablées par la criminalité, qui défigurent le paysage entre Leyton, Edmonton, Dalston et Tottenham.
    quand la municipalité l'avait inaugurée en grande pompe trente ans auparavant, Meadowdene Grove avait été saluée comme un nouveau type de cité
    HLM pour familles modestes. Le nom aurait d˚ suffire à éveiller les soupçons. Il ne s'agissait nullement d'une prairie, il n'y avait pas trace de dunes, et les bocages avaient disparu depuis le Moyen ¬ge. C'était en réalité un goulag de béton, commandité par un conseil municipal qui pavoisait l'hôtel de ville du drapeau rouge de l'Internationale communiste, et conçu par des architectes qui préféraient pour leur usage personnel la campagne et ses cottages enfouis sous le chèvrefeuille.
    H ne lui fallut pas plus de temps pour se dégrader qu'à un coureur du Tour de France pour descendre les Pyrénées. En 1996, le réseau serré d'allées, de passages souterrains et de petites rues qui reliaient les sinistres immeubles était couvert de crasse et poisseux d'urine. La cité ne s'animait qu'à la nuit tombée, quand ses bandes de jeunes - des chômeurs qui avaient toutes les chances de le rester - arpentaient leur territoire pour se procurer de la dope auprès des dealers du coin.
    Les retraités de la classe ouvrière, farouchement attachés à leur respectabilité, essayant de se raccrocher aux anciennes valeurs morales, aux rassurantes certitudes d'antan, se claquemuraient derrière leurs portes, effrayés par la meute de loups qui rôdait à l'extérieur. Entre les immeubles - sept étages chacun, accessibles par un passage en plein air aboutissant à un escalier crasseux -subsistaient quelques vestiges de pelouse. Des voitures à l'abandon, rouillées et désossées, gisaient non loin des allées qui sillonnaient les placettes destinées à la détente des riverains, et d'o˘ partaient d'étroites ruelles menant vers Paradise Way.
    Le petit commerce fleurissait autrefois dans le grand centre commercial, mais la plupart des boutiques avait fini par fermer. La lutte contre le chapardage, le vol à l'étalage, le vandalisme, les vitrines cassées et les insultes racistes avait découragé les propriétaires. Plus de la moitié des magasins étaient condamnés par des planches en contre-plaqué ou par des rideaux de fer couverts de tags, et ceux qui restaient ouverts tentaient de se protéger par des grilles métalliques.
    Au coin de la rue, Mr Veejay Patel tenait bon. A l'‚ge de dix ans, il avait quitté l'Ouganda avec ses parents, chassé par les abus de pouvoir d'Idi Amin Dada. L'Angleterre les avait accueillis et il lui en était reconnaissant. Il aimait toujours son pays d'adoption, respectait ses lois et t‚chait de se conduire en bon citoyen, dérouté par l'incessant rel
    ‚chement des mours caractéristique des années quatre-vingt-dix. H est certaines zones de ce que la police métropolitaine appelle les quartiers nord-est o˘ un étranger aurait tort de s'aventurer. Et l'homme boiteux était justement un étranger.
    10
    H n'était qu'à quinze mètres du coin de la rue lorsque deux hommes surgirent d'une allée bétonnée entre deux boutiques condamnées et se campèrent devant lui. Pétrifié, Mr Patel observa la scène. Les deux individus ne se
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