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Le tribunal de l'ombre

Le tribunal de l'ombre

Titel: Le tribunal de l'ombre
Autoren: Hugues De Queyssac
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alors venu relever de son commandement par ordre du baron, l’avait finalement payé de sa vie. De ma main. Après avoir occis d’un coup de hache le brave chevalier Romuald Mirepoix de la Tour qui lui tournait le dos, alors qu’icelui venait de lui accorder merci après l’avoir vaincu en combat singulier.
     
    Or donc, je défis de mauvaise grâce mon ceinturon et leur tendis épée et dague en les toisant de haut, l’air fendant. Leur pique se redressa aussitôt, m’autorisant l’accès.
    À l’abri de leur regard indiscret, je fis jouer en tâtonnant la mécanique de la croix cléchée. Elle commandait l’ouverture de la crypte pour gagner la salle capitulaire où, j’en avais acquis la certitude, les derniers chevaliers du Temple de Salomon avaient tenu chapitre en grand secret après la dissolution de leur Ordre.

    Leur arrestation avait été ordonnée par feu le roi de France Philippe, quatrième du nom, surnommé Le Bel. Il avait rendu son âme à Dieu dans des circonstances mystérieuses en l’an 1314, la veille des nones de novembre, le 4 du mois, lors d’une chasse à courre qui avait mal fini pour lui.
    Première victime de la malédiction huchée à gueule bec par le grand maître du Temple, Jacques de Molay, sur le bûcher dressé en notre capitale de Paris, sur l’île aux Juifs. Avant que les flammes ne dévorent son corps. Avant que son âme ne s’envole vers d’autres cieux.
    Le pape Clément, cinquième du nom, les rois Louis le dixième, surnommé le Hutin en raison de son caractère colérique et versatile, ses frères, Philippe, cinquième du nom, dit le Long, Charles, quatrième du nom, dit le Bel comme son père, ne régnèrent guère que quelques années sur le royaume des lys et passèrent les pieds outre sans être parvenus à assurer cette descendance mâle qui, depuis le premier des Capétiens, n’avait jamais failli à l’ordre de succession du trône.
    Triste punition infligée par Dieu qui offrait ainsi la couronne de France aux descendants d’Aliénor d’Aquitaine. Répudiée par son premier mari, Louis le Jeune, septième du nom, elle avait épousé le séduisant Henri Plantagenêt, deuxième du nom, deux ans après qu’il ait ceint la couronne d’Angleterre. Elle lui avait apporté, dans la corbeille de mariage, le duché d’Aquitaine dont Louis l’avait gratifiée avant de la répudier. Il y avait deux siècles de cela.
     
    Profitant donc du trouble qui avait suivi la vacance du pouvoir, faute d’héritiers mâles en ligne directe, le roi Édouard d’Angleterre, troisième du nom, duc de Guyenne et vassal autrefois soumis à son suzerain légitime, le roi de France, avait revendiqué la Couronne des lys par le droit de leurs femmes qui étaient de France.
    Un trop grand nombre d’icelles, à mon avis, avait été bien légèrement mené dans leur lit et dotées de riches apanages pour d’obscures raisons d’alliance entre les deux royaumes. Des alliances contre nature qui se retournaient à présent contre nous : Marguerite, Isabelle surtout, descendaient directement de notre saint roi Louis. Privilège dont Philippe, de la maison des Valois et sixième du nom, n’avait pu se prévaloir. Il n’était en vérité que le neveu de feu notre roi Philippe, dit le Bel.
    Il avait cependant ceint la couronne de France et avait été oint à Saint-Denis au grand dam du roi Édouard, troisième du nom. Et pour cause ! Icelui récusait l’adage que nos légistes royaux avaient improvisé : «  Les lys de France ne filent point  », pour tenter d’écarter les femmes de l’ordre de succession.

    Quelque pression que j’exerçasse, le triangle de pierre de la crypte ne bougea pas d’un pouce. Tout se passait comme si la mécanique de l’ouverture s’était bloquée au fil du temps. À moins qu’on ne l’ait scellée ? Pourtant, Michel de Ferregaye m’avait assuré qu’elle fonctionnait encore à merveille quelques jours plus tôt. Étrange. C’était étrange.
    Je sortis du passage, récupérai mes armes sous l’œil indifférent des sentinelles apostées, gravis l’escarpement en quête de quelque connaissance. Fi de connaissance : que des visages inconnus.
     
    Près de la tour Jehan des Escars, un homme en armes beuglait des ordres. Je m’approchai de celui qui était probablement le capitaine d’armes de la place : sa cotte d’armes arborait le blason burelé d’or et de gueules de dix pièces des barons de Beynac.
    Contrairement à
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