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Le tribunal de l'ombre

Le tribunal de l'ombre

Titel: Le tribunal de l'ombre
Autoren: Hugues De Queyssac
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passage de la chapelle Saint-Jean. Il m’avoua son ignorance. Il était lui-même absent du village depuis trois jours : en effet, un message lui avait été délivré par un chevaucheur pour l’informer qu’un sien parent le réclamait à son chevet. Rendu sur place, il m’avoua qu’à sa plus grande surprise, son oncle, aussi solide qu’un vieux tronc, se portait comme un charme au printemps. De retour au village, il avait découvert la présence de ces nouveaux venus. Les portes leur avaient été ouvertes à juste titre, puisque leur sauf alant et venant, revêtu du seing et du sceau de l’évêque de Sarlat, annonçait la venue prochaine d’un nonce apostolique.
    Interrogé sur les raisons pour lesquelles la dalle de la crypte ne pivotait plus (les officiers de la garnison de Commarque en connaissaient à présent l’existence), il me dit les ignorer. À sa connaissance, la mécanique en permettait encore l’ouverture quand Michel de Ferregaye s’était rendu sur place. Toutefois, il avait reçu du baron de Beynac, il y avait quelques mois, l’ordre de faire maçonner une autre entrée qui se situait à mi-chemin entre la Tour-porte et la Maison à contreforts.
    Il se proposa de m’y accompagner en me précisant que nous pourrions ensuite nous rendre aisément en la salle capitulaire, si telles étaient mes intentions ; les souterrains qui y conduisaient avaient été étarqués, consolidés, et des torchères en éclairaient le parcours de crainte que l’on ne s’égarât dans ce véritable labyrinthe. Je le remerciai, mais décidai de m’y rendre seul. Il ne faisait pas partie des hôtes que j’avais invités à mon tribunal.
     
    Le capitaine d’armes aurait-il été écarté délibérément pendant trois jours sous un prétexte fallacieux ? De plus en plus inquiet, j’hésitai à quérir mes écuyers. J’y renonçai cependant, me disant que, à la suite d’une longue pratique, je voyais des pièges, des espions et des traîtres partout. Ce ne fut pas une erreur de jugement pour autant : quelques instants plus tard, j’allais devoir me rendre à cette triste évidence : la présence de mes écuyers ne m’aurait été d’aucun secours.
    Dix pas plus loin, je sursautai en voyant deux monstres noirs se précipiter sur moi, dans de rapides battements d’aile. En fait de monstres, les chauves-souris, dérangées dans leur sommeil, m’évitèrent adroitement et disparurent, se dirigeant d’un vol erratique vers quelque recoin plus sombre.
     
    La nouvelle entrée des souterrains était contrôlée par une lourde porte en chêne bardée de fer et cloutée de girofles. Deux autres sergents d’armes montaient la garde devant l’entrée. À mon approche, ils redressèrent leur lance, sans dire un mot, sans me poser une question, et les recroisèrent dès que j’eus franchi le seuil.
    La faible hauteur du plafond de ce couloir surmonté d’une simple voûte en pierre m’obligea à baisser un peu le chef, mais il était assez bien éclairé. Je n’avais pas fait plus de vingt pas que je me retournai brusquement : dans un claquement sec, suivi d’un bruit de clef dans une serrure, la lourde porte qui commandait l’accès aux souterrains s’était refermée sur moi.
    Cette fois, j’eus vraiment le sentiment d’être pris au piège. Je regrettai que mes dogues, Clic et Clac, ne soient pas présents à mes côtés. Ils m’avaient accompagné en moult occasions, et sauté à la gorge de bien des ennemis avant de succomber lors d’un combat qui avait tourné à mon désavantage. En me sauvant la vie. Un bien triste jour.
    Je serrai la poignée de mon épée d’estoc et le pommeau de ma dague à m’en faire blanchir les phalanges. Devais-je retourner sur mes pas et tambouriner sur le battant pour en solliciter l’ouverture ? Mon cœur battait à rompre les veines-artères, la sueur perlait à mon front et coulait sous les aisselles.
    Des guets-apens, j’en avais trop tendu à nos ennemis pour ne pas redouter le pire. Mais au fond, qu’avais-je à craindre ? Le mieux n’était-il pas de me rendre dans la salle capitulaire pour examiner la mise en place que j’avais ordonnée à mon capitaine d’armes ?
     
    Tous les sens en alerte, je m’enfonçai dans les profondeurs du couloir. Les murs ne comportaient aucun des signes en forme d’arêtes de poisson qui nous avaient guidés autrefois, mais la lumière distillée par les torchères était suffisante pour éviter que je
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