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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable
Autoren: Paul C. Doherty
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l’escalier. Castledene retourna le corps du bout de sa botte pour l’observer. La mort voilait déjà les yeux du capitaine et le sang jaillissait de ses narines et de sa bouche. Castledene s’agenouilla, retroussa le haubert de mailles et fouilla les habits et l’escarcelle du défunt. Ne trouvant rien, il ordonna à son lieutenant de descendre inventorier la cabine. L’homme revint bientôt, un coffre vide dans les mains.
    — Rien, Messire, rien du tout. Que ferons-nous de ceux-là ?
    Il montra les prisonniers du doigt.
    — Pendez-les tous ! cria Castledene. À la poupe et à la proue ! Surtout celui-ci, ajouta-t-il en frappant du pied le cadavre de Blackstock.
    Stonecrop s’approcha, les mains tendues.
    — Vous m’avez promis la vie sauve.
    — C’est vrai.
    Castledene, suffoquant de rage, se dirigea vers le bastingage. Il se retourna et désigna Stonecrop.
    — J’ai promis à cet homme de le laisser en vie. Je tiens toujours mes promesses. Jetez-le par-dessus bord ; il n’a qu’à nager jusqu’au rivage.

 
    CHAPITRE PREMIER
    Quis sait, si veniat.
    Ne sais s’il reviendra.
    Complainte médiévale.
    Cantorbéry, décembre 1303
    Les trois cavaliers suivaient l’ancienne voie romaine qui menait à Harbledown Hill. Se prévalant du sceau royal pour se procurer un peu de chaleur et de nourriture avant de reprendre leur voyage, ils s’étaient reposés au presbytère de l’église St Nicholas. Ils approchaient à présent du sommet de la colline qui dominait Cantorbéry et sa splendide cathédrale. Il avait neigé. Le ciel gris et plombé était menaçant. En arrivant à la croisée des chemins où gibets et piloris étaient vides, l’homme de tête arrêta sa monture. Sir Hugh Corbett, garde du Sceau privé d’Édouard I er d’Angleterre, calma son cheval ombrageux et rabattit le capuchon de sa chape, découvrant ainsi son visage allongé à la peau mate. Certains trouvaient qu’il ressemblait à un faucon, avec ses yeux noirs profondément enfoncés, son nez pointu sur des lèvres pleines et son menton volontaire ; on le disait observateur et contemplateur comme cet oiseau sur son perchoir, aspect rehaussé chez Corbett par ses cheveux aile de corbeau, striés de gris, rejetés en arrière et noués en une solide queue sur la nuque. Il était grand et mince, prudent et exigeant en ce qui concernait sa nourriture et sa boisson. Il avait l’habitude d’en plaisanter et de dire qu’il aimerait se faire passer pour un ascète ; en réalité, il avait l’estomac délicat suite aux longues et difficiles campagnes menées au pays de Galles et en Écosse, où, avec le reste des troupes d’Édouard, il avait bu de l’eau croupie, mangé de la viande avariée et s’était cassé les dents sur du pain de seigle dur comme du bois. Il était vêtu de rouge foncé et de noir, justaucorps de cuir bien fermé sur une chemise de lin blanc, chape bleu foncé recouvrant des hauts-de-chausses rouges et des bottes à hauts talons – du meilleur cuir de Cordoue – où tintinnabulaient des éperons de vermeil. Il ôta son long gantelet gauche et l’anneau de la chancellerie, symbole de son office, scintilla dans la lumière déclinante du jour. Puis il desserra le large ceinturon de cuir qui ceignait sa taille et qui retenait son épée et sa dague.
    Il se pencha en avant en agrippant le haut pommeau de sa selle.
    — Quand nous atteindrons le sommet de la colline, nous verrons Cantorbéry et sa cathédrale, qui renferme la relique du bienheureux Becket. Nous entonnerons alors une hymne de pèlerinage, ou peut-être quelque chose de plus liturgique, approprié à la saison.
    Corbett avait attendu avec impatience ce moment. Rien ne lui plaisait davantage que le plain-chant de l’église, la cadence de la musique qui accentuait les redoutables paroles et le roulement de la phrase latine porteuse d’une profonde spiritualité, révélatrice de la place de l’homme devant Dieu. Ses compagnons montraient moins d’enthousiasme.
    — Le faut-il vraiment, Messire ?
    Ranulf-atte-Newgate, un roux aux yeux verts, visage pâle rendu encore plus défait par le froid intense, repoussa son capuchon et jeta un regard peu amène à Corbett.
    — Nous voyageons depuis laudes, gémit-il.
    Ranulf, clerc principal à la chancellerie de la Cire verte, ne désirait qu’une chose : mettre pied-à-terre, quitter ses bottes et, comme il l’avait confié au troisième membre du groupe, Chanson, le clerc des
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