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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable
Autoren: Paul C. Doherty
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Blackstock observait la scène. Les ennemis étaient tous encapuchonnés et masqués et ressemblaient à une horde de moines sombres et fantomatiques. Pourquoi avaient-ils dissimulé leur visage ? Puis il vit un des hommes uriner sur un morceau de toile avant de le porter à sa figure. Il lui revint sur-le-champ ce que le vieux Dieter lui avait narré de la capture et de la défaite du célèbre pirate Eustace pendant la minorité du père du roi actuel. Affolé, il hurla :
    — La chaux ! La chaux !
    Les archers du Griffon se penchaient déjà en arrière, arcs d’if tendus, flèches longues de trois pieds encochées. Ils lâchèrent les cordes et les traits tombèrent en une pluie mortelle sur les hommes de L’Indomptable. Certains titubèrent ou pivotèrent sous les flèches empennées de plume d’oie qui les frappaient au visage, au cou ou à la poitrine. Blackstock se jeta en avant en détournant la tête. Trop tard : les soldats du Griffon lançaient maintenant de petits sacs de chaux. Ils avaient avec soin noté la direction du vent et la poudre flottait partout, piquant les yeux et obstruant la bouche des marins de L’Indomptable, provoquant un grand désordre. D’autres flèches tombèrent. Le Griffon s’avança le long de L’Indomptable, le heurta avec violence et ses hommes sautèrent sur le pont. Blackstock, les yeux douloureux, la bouche brûlante, courut sur l’autre flanc au moment où Le Chausse-trape refermait le piège, son capitaine ayant profité de la force du flot houleux pour aborder, fracassant les bastingages latéraux du navire ennemi. On abaissa des planches. Hommes d’armes et archers déferlèrent à bâbord et à tribord. Le pont de L’Indomptable ruissela bientôt du sang de l’impitoyable mêlée – au corps à corps, à coups de gourdin, de massue et de poignard – qui s’ensuivit. Les attaquants, criant et vociférant, repoussèrent Blackstock et les membres survivants de son équipage vers la poupe. Debout, en haut des marches, Blackstock regardait approcher l’ennemi. Paulents était là, petit, avec sa calvitie naissante, un sourire béat sur sa face glabre comme s’il savourait déjà son triomphe. Près de lui se tenait Castledene, armé de pied en cap, mais sans casque, la poitrine arborant une livrée à la vouivre d’argent couchant sur fond sinople. La figure olivâtre et émaciée du prince marchand sous sa tignasse de cheveux gris était maculée de sang. Il donnait déjà l’ordre à ses hommes d’achever les ennemis blessés en leur tranchant la gorge avec une miséricorde.
    Blackstock regardait la scène alors que lui-même et ce qui restait de son équipage étaient forcés de reculer vers le château. Le combat cessa enfin. Les marins de L’Indomptable étaient épuisés. Les yeux ruisselants de larmes, la peau enflammée par la chaux, ils jetèrent leurs armes et furent entraînés de force. Blackstock, toujours muni de son épée et de son poignard, resta seul sur le pont du château. Il lança un coup d’oeil alentour. Les deux hommes de barre avaient péri, des flèches profondément fichées dans le cou, la poitrine et la tête. Castledene et Paulents s’approchèrent et l’Allemand dérapa sur le pont trempé de sang. Castledene cria à ses troupes de laver les planches à grande eau pour éliminer la chaux. Il s’avança jusqu’au bas des marches et leva les yeux.
    — Fini, Blackstock ! beugla-t-il. Je vais t’emmener à Orwell pour te faire pendre, avec ton frère à tes côtés.
    Il caressa sa moustache et sa barbe grises, taillées avec soin, foudroyant de ses yeux larmoyants au regard d’acier ce pirate qui avait coulé trois de ses navires.
    — La Carte du Cloître ! exigea-t-il. Donne-la-moi et tu auras une mort rapide.
    — Comment l’as-tu appris ? contra Blackstock, en regardant autour de lui.
    Derrière les deux capitaines ennemis, on ligotait les matelots. Pourtant, un peu à l’écart, Stonecrop était libre. Blackstock savait maintenant ce qu’il voulait savoir. Il jeta un regard torve à Castledene et Paulents et sourit.
    — Pendu ? Non, je ne serai pas pendu, et mon frère non plus. Vous êtes tous les deux marqués du sceau de l’Ange de la Mort.
    Il fit un brusque mouvement en avant, l’image de son frère nette dans son esprit pendant que vibraient les grands arcs et que les traits mortels lui transperçaient la figure et le cou. Il avait cessé de vivre avant même de tomber en bas de
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