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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable
Autoren: Paul C. Doherty
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écuries royales aux cheveux hirsutes et à la face de lune, se réchauffer devant une bonne flambée. Il défit le fermoir en haut de son justaucorps de cuir noir et désigna Chanson.
    — En dépit de son nom, il chante faux. On croirait ouïr un démon qui se roussit le cul dans un poêlon brûlant.
    — Moi, au moins, je ne suis pas terrifié par la campagne, rétorqua Chanson. Lui si, vous savez, Messire. Il croit que toutes sortes de gargouilles rôdent sous le couvert.
    Chanson frotta l’intérieur de sa jambe droite.
    — J’ai une plaie ici, geignit-il. J’ai plus besoin d’un médecin que d’une hymne.
    — Nous chanterons d’abord, insista Corbett. Pas trop fort, Chanson. Cela fait partie de la tradition du pèlerinage, pour rendre grâces quand on est en vue de Cantorbéry.
    Il renfila son gantelet et remonta sa capuche.
    Ranulf jura à voix basse et Chanson murmura des insultes en gravissant Harbledown Hill. La neige recommença à tomber, d’abord légère, puis à gros flocons, comme des plumes descendant du ciel. Lorsqu’ils furent au sommet, ils distinguèrent, à travers l’obscurité naissante, la cité royale de Cantorbéry avec ses murailles crénelées, son château trapu, Westgate la vigilante, ses hauts clochers et, se dressant au-dessus de tout le reste, la cathédrale dont la masse de pierre ouvragée s’élevait telle une prière dans le ciel vespéral. Alentour, les lumières de la ville brillaient comme des chandelles ; la fumée des feux et des ateliers planait, semblable à des nuages d’encens autour de ce lieu de culte le plus sacré d’Angleterre.
    Malgré la tombée de la nuit, Corbett tenta un instant d’indiquer les principaux points de repère, puis il mit pied à terre et se retourna soudain en entendant un bruit derrière lui. Un autre groupe de voyageurs approchait ; l’homme de tête portait au bout d’une perche une énorme lanterne dans laquelle brûlait une grosse chandelle. Les inconnus passèrent devant Corbett et ses compagnons et poursuivirent leur route. Celui qui portait la lanterne, en fichant la perche dans une épaisse congère près du chemin, fit danser les ombres. Les nouveaux venus se rassemblèrent, sans se soucier du désordre qu’ils avaient créé. Le cheval de Ranulf hennit et se cabra, et le poney de bât que guidait Chanson recula soudain. Ranulf, exaspéré, tira son épée : le frottement métallique fit taire les conversations parmi les étrangers. Ils jetèrent un coup d’oeil autour d’eux et leur meneur revint sur ses pas en pataugeant dans la neige. Il portait chape et capuce et le bas de sa figure était dissimulé sous des bandes de drap noir. Dans la faible lumière, ses yeux luisaient ; quand il écarta le bandeau de sa bouche, son haleine chaude monta dans l’air hivernal.
    Il grommela les salutations de Noël accoutumées :
    — Gaudium et spes. Joie et espoir.
    — Gaudium et spes, répondit Corbett en ordonnant d’un geste à Ranulf de rengainer son arme.
    — Nous sommes les Joyeux, reprit le bonhomme, des bateleurs ambulants. Nos chariots sont quelque part derrière. Nous sommes venus remercier notre saint patron Thomas Becket et la Sainte Mère de Dieu.
    — Alors, ami, suggéra Corbett en cachant son sourire, nous chanterons ensemble. Mais pourquoi vous rendez-vous à Cantorbéry en plein hiver ?
    — En action de grâces, expliqua le chef en feignant toujours de ne pas connaître son interlocuteur. Pour offrir un cantique à la Bienheureuse Mère du Christ. Le mois dernier, nous nous sommes abrités dans le Suffolk.
    L’homme, l’un des espions de Corbett, continuait à bavarder. Le magistrat, lui, attendait le véritable message.
    — Ah oui, nous sommes fort contents d’avoir quitté le Suffolk, avec ses chasseurs de trésors, ses lépreux et sa mort funeste. Nous apportons bien des nouvelles. Bon – il tapa des pieds –, allons-nous rester ici à nous geler ?
    À la lueur tremblante de la chandelle, les Joyeux avaient triste mine, sans rien de la gaieté de Noël.
    — Comment vous appelle-t-on ? s’enquit le meneur, désireux que Corbett rassure ses amis.
    — Sir Hugh Corbett, émissaire du roi à Cantorbéry, garde du Sceau privé.
    Les Joyeux s’approchèrent, toute crainte dissipée. Les mains surgirent de sous les capes. Corbett entendit le frottement des lames repoussées dans leurs fourreaux ; capuches et masques furent ôtés.
    — Pardonnez-moi, se justifia le chef en
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