Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le souffle de la rose

Le souffle de la rose

Titel: Le souffle de la rose
Autoren: Andrea H. Japp
Vom Netzwerk:
Nicolas Florin. Tous les procès
qu’il intentait sont clos, définitivement et sans appel, comme l’exige le
jugement de Dieu.
    — Comment est-il mort, quand ?
    — Hier à la nuit, sans doute sous les coups d’un
ivrogne de passage qu’il fit monter chez lui, dans cette maison qu’il extorqua
à un pauvre homme après l’avoir tourmenté tout son saoul, au point de le faire
passer. Il y a eu lutte et vol, mais ce démon n’a pas eu le dessus. Monsieur...
Nous sommes tous témoins d’un miracle... Dieu est intervenu afin de sauver
madame de Souarcy, et voyez-vous... Je ne m’en étonne pas. J’ai croisé le
regard de cette femme, sa main m’a frôlé et j’ai compris...
    — Qu’avez-vous compris ? demanda d’une voix douce
Artus que le monologue exalté du jeune homme troublait.
    — J’ai compris qu’elle était... autre. J’ai compris que
cette femme était... au-delà. Les mots me manquent, monseigneur, et vous devez
me croire bien fol. Mais je sais. Je sais qu’une perfection m’a frôlé et que
jamais je ne serai plus le même. Il savait aussi. Il est ressorti de sa geôle,
le cœur bouleversé, l’indicible lumière dans les yeux.
    — Qui cela ? le pressa Artus, certain que le jeune
homme n’avait pas perdu la raison, certain qu’une vérité fondamentale se
cachait dans la confusion de ses phrases.
    — Mais... le chevalier, bien sûr. Ce chevalier
hospitalier.
    — Qui ? hurla presque le comte d’Authon.
    — Je le croyais de vos amis... je ne peux rien dire. N’insistez
pas, monsieur, avec tout le respect qui est le mien. Nul homme n’a le droit, le
pouvoir de disséquer un miracle. Madame de Souarcy vous attend en notre
infirmerie. Elle est très éprouvée, mais son courage n’eut d’égal que sa
pureté. Ah, quel bonheur est le vôtre de pouvoir l’approcher. Quel bonheur...
Quel bonheur fut le mien. Pensez... Elle m’a frôlé, elle m’a regardé droit dans
les yeux.
    Il évita la main d’Artus qui tentait de le retenir et
disparut en courant, laissant Artus et Clément stupéfaits.
    Agnès divaguait mais le frère infirmier les rassura sur son
état. Les blessures abandonnées par le fouet guériraient vite. Madame de
Souarcy souffrait en revanche d’une fièvre qui exigeait qu’elle demeurât
quelques jours alitée, objet des meilleurs traitements. Clément et Artus la
veillèrent. Elle murmurait parfois d’incompréhensibles paroles puis sombrait
dans une sorte d’inconscience. Elle ouvrit soudain les yeux, se redressa en
criant :
    — Clément... non, jamais !
    — Je suis là, madame, juste à vos côtés. Oh, madame, je
vous en supplie, remettez-vous, sanglota l’enfant, le front collé à sa main.
    Le cœur remonta dans la gorge d’Artus. Il était déchiré au
plus profond de lui, se réjouissant qu’un prétendu ivrogne dont il était
certain qu’il s’agissait de cet hospitalier ait abattu Florin, et pourtant
désespéré à l’idée que ce chevalier l’avait devancé. Quoi, abruti qu’il était !
Il avait tenté de négocier, d’acheter, quand il fallait tirer son épée sans
plus d’atermoiements. Il n’avait pas sauvé Agnès, il n’avait pas mérité sa
reconnaissance, de cela, il s’en voulait mortellement. Il aurait donné sa vie
pour elle, sans hésitation. Il en voulait à ce chevalier tout en le remerciant
du fond de son âme. Quelques heures, rien de plus. L’autre sauveur ne l’avait
précédé que de quelques minuscules heures qui faisaient un monde de différence.
Et cet Agnan dont il n’avait pas compris un traître mot. Cet Agnan, ce jeune
religieux, dont la vie s’était illuminée parce qu’Agnès avait frôlé sa main ou
son visage. Et Artus comprit. Artus comprit que cette femme splendide qui lui
avait ravi le cœur et l’âme était autre, ainsi que l’avait qualifiée le jeune
clerc. Il comprit que l’intelligence, la valeur, le charme, la beauté qui l’avaient
séduit n’étaient qu’une surface. Pourtant, alors qu’il tenait la longue main
fine entre les siennes, il buta sur une simple question : qui était-elle
au juste ? Tous les êtres qui croisaient son existence s’en trouvaient
transformés au-delà de l’amour : Agnan, Clément, ce chevalier et lui, pour
ceux qu’il connaissait. Qui était-elle vraiment ?
    Dans les jours qui suivirent, les langues se délièrent.
Artus et Clément avaient trouvé acceptable logis à l’auberge de la
Jument-Rouge. Tous relataient, clabaudaient,
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher