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Le souffle de la rose

Le souffle de la rose

Titel: Le souffle de la rose
Autoren: Andrea H. Japp
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je vous prie.
    Adèle resta pétrifiée, son regard balayant tour à tour
Berthe puis le cadavre glacé.
    — C’est un ordre, Adèle. Courez prévenir notre mère, à
l’instant.
    La jeune femme parut sortir de son engourdissement et
disparut. Berthe se laissa tomber assise sur le petit lit de Yolande. Elle
serra les mains pour une prière confidentielle et supplia :
    — Nous sommes vos humbles et infatigables servantes. Ne
nous abandonnez pas.

 
Alençon, Perche, décembre 1304
    Les montures étaient fourbues, quant aux cavaliers ils n’étaient
guère plus fringants, lorsqu’ils parvinrent en ville d’Alençon au soir
défaillant. Le destrier Ogier soufflait. Une buée de froid environnait les
narines élargies, le poitrail soulevé par la suffocation et la tête nerveuse de
l’étalon. La jument Sylvestre que montait Clément frémissait de fatigue et
levait haut les jambes à chaque pas comme si elle craignait de trébucher. Artus
flatta le col du magnifique animal qu’il montait, murmurant :
    — Tout doux, mon valeureux. Nous sommes rendus. Une
bonne écurie t’attend. Merci à toi, mon Ogier. Tu es encore plus hardi que
lorsque je t’ai débourré.
    Le cheval redressa la tête, secouant sa crinière d’un noir
de nuit, plaquant les oreilles d’exténuation.
    Clément sauta à bas de sa jument et lui caressa la bouche,
la remerciant, elle aussi, de cette course folle contre le temps qui filait.
    Le loueur de chevaux et d’écurie se précipita pour mener les
bêtes épuisées vers leur pansage. Il tira trop brutalement le mors d’Ogier qui
menaça de se cabrer.
    — Oh là, manant ! Nul ne maltraite la bouche de
mon compagnon ! cria Artus. Mène-le avec douceur ou il t’écrasera dès qu’il
en trouvera l’occasion, et je ne lui donnerai pas tort. La jument n’est guère
plus accommodante. Méfie-toi. On ne demande pas à des bêtes de se surpasser
pour les traiter ensuite en esclave. Celles-ci se sont crevées pour nous mener
à train d’enfer. Fais preuve des égards qu’elles méritent et pour lesquels je
double le prix de ton louage, ou tu m’en répondras.
    Le tenancier d’écuries se le tint pour dit et multiplia les
amabilités avec les deux montures, les cajolant afin qu’elles daignent avancer
à sa requête.
    Clément suivit Artus d’Authon par les ruelles d’Alençon. Qu’il
était grand cet homme, et que sa foulée était donc large, pensa l’enfant en
trottinant derrière lui. Artus pila et Clément manqua s’affaler contre son dos.
    — Il ne devrait pas tarder à sortir. Je te le
désignerai. Tu le suivras ensuite. Lorsque tu sauras où il gîte, tu me
rejoindras sans tergiverser dans cette taverne de la Jument-Rouge, précisa-t-il
en désignant l’établissement d’un geste de la main. Tu ne dois rien tenter, m’entends-tu ?
    — Oui, monseigneur.
    — Clément... Ne t’avise pas de me désobéir et de
commettre une folie. Tu n’es ni d’âge ni de taille contre lui, quel que soit
ton courage. Moi si. Tu nuirais grandement à ta dame si tu contournais ma
recommandation. S’il nous échappe ce soir, madame Agnès souffrira mille morts
demain. Saisis-tu ?
    — Oui, messire. Allez-vous le tuer ensuite ?
    — Certes. Il ne m’en a pas laissé le choix. C’est de
peu d’importance, au fond, et sans doute aurais-je dû m’y résoudre plus tôt. Je
m’en veux de mon espoir de le convaincre.
    Une stupéfiante agitation entourait la maison de l’Inquisition
lorsqu’ils y parvinrent. Des clercs couraient, entraient, sortaient. Des gens d’armes
à la mine renfrognée s’activaient on ne savait à quoi. Dans le désordre
ambiant, le comte d’Au-thon flanqué de Clément s’approcha et pénétra dans l’ouvroir.
Un jeune moine trop mince qu’Artus ne reconnut pas se précipita à leur
rencontre.
    — Monseigneur, monseigneur, bafouilla ce dernier en se
cassant dans un salut. Il est mort. Dieu soit loué, Il a fait justice. La
vilaine bête est morte.
    Sentant l’incompréhension du comte, il précisa :
    — Agnan, je suis, j’étais le premier clerc de ce damné
d’inquisiteur. Je vous ai vu lorsque vous vîntes tenter de le raisonner. C’était
en pure perte, je le savais. Quelle importance, maintenant. Il est mort comme
il a péché, comme une vile charogne. (Agnan cria presque :) Dieu a jugé !
Son ineffable sentence est tombée pour nous éclairer. Madame de Souarcy, pauvre
colombe, est libre. D’autres aussi, victimes de
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