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Le souffle de la rose

Le souffle de la rose

Titel: Le souffle de la rose
Autoren: Andrea H. Japp
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interdits, le carnet d’Eustache de
Rioux et de Francesco ! Ils ne devaient à aucun prix tomber entre des
mains ennemies. Ainsi, elle avait vu juste. Le seul mobile de l’empoisonneuse
était de parvenir jusqu’à ces ouvrages.
    Elle chercha comme une folle une arme, n’importe laquelle. Son
regard tomba sur le long stylet qui lui servait à découper le papier afin de l’économiser.
Elle s’en saisit et se rua vers la porte dérobée. Une silhouette, lourdement
engoncée dans une robe de moine. Elle se tourna vers la mère abbesse, sa
capuche baissée la protégeant de toute reconnaissance. La silhouette bondit
vers la porte qui menait au couloir. Éleusie, brandissant sa lame, tenta de la
rejoindre. L’autre lui asséna un coup de coude en pleine gorge qui la suffoqua.
L’abbesse tenta de lutter, d’arracher les volumes coincés sous son aisselle, en
vain. Pliée, cherchant son souffle, Éleusie vit disparaître l’ombre au bout du
couloir. Une énergie qu’elle ne pensait plus posséder la souleva et elle fonça
à l’extérieur, courant comme si sa vie en dépendait. Elle hurla à toutes celles
qu’elle croisait et qui rejoignaient l’incendie afin de prêter main-forte à
leurs sœurs :
    — Que l’on ordonne aux portièresde
ne laisser sortir quiconque, sous aucun prétexte. Tout manquement sera durement
puni. À l’instant ! Nulle ne doit s’échapper de l’abbaye. C’est un ordre ! [74]
    Elle-même se rua vers la porte principale et secoua la
portière, exigeant qu’elle verrouille aussitôt les lourds panneaux. Affolée, l’autre
s’exécuta.
    Éleusie soupira, enfonçant ses doigts dans son flanc afin de
dissiper le point de côté qui la martyrisait. Un fou rire de nerfs la plia et
elle hoqueta :
    — Tu ne sortiras pas, scélérate ! Tu t’es crue
plus intelligente que nous, n’est-ce pas, vaurienne ? Je te tiens. Je t’écraserai
comme le mérite une vermine ! (Se tournant vers la portière blême, elle
ordonna :) La clôture stricte est rétablie, pour toutes. Nulle ne sortira
sans un ordre écrit de ma main et de nulle autre. Chaque, je dis bien chaque, sœur autorisée par moi à sortir par nécessité sera fouillée au corps, ses
ballots ou son chariot également, de fond en comble. Nulle exception.
    Éleusie tourna soudain les talons et fonça vers ses filles
qui combattaient l’incendie en feulant pour elle-même :
    — Les manuscrits resteront en l’abbaye. Cache-les...
cache-les aussi bien que tu le pourras, je les retrouverai ! Il faudra me
passer sur le corps pour en disposer.

 
Manoir de Souarcy-en-Perche, décembre 1304
    Agnès, encore pâle et faible, considéra Clément et demanda :
    — Que me dis-tu là ?
    — Il nous faut nous rendre à la Haute-Gravière, si du
moins votre santé le permet.
    — Ma santé permettra si j’en décide ainsi. Cesse de
tourner autour de moi comme une mère poule agitée.
    Un sourire de bonheur détendit fugacement le visage de l’adolescent :
    — C’est qu’alors vous êtes mon poussin, madame.
    Agnès rit en lui ébouriffant les cheveux. Dieu qu’elle l’aimait.
Elle n’aurait jamais survécu si sa pensée constante ne l’avait soutenue dans sa
geôle d’Alençon.
    — Grosse poussine, en vérité ! (Redevenant
sérieuse, elle insista :) Nous n’y connaissons goutte, mon Clément.
    — Si fait, madame, j’ai appris avec mon remarquable
maître, le docteur Joseph de Bologne.
    — Joseph, encore Joseph, plaisanta Agnès. Sais-tu que
je vais finir par jalouser cet homme ?
    — Ah, madame, si vous le connaissiez... Vous seriez
conquise, à l’instant. Il sait tout et de tant de choses.
    — Fichtre, quel élogieux portrait. Il te manque, n’est-ce
pas ?
    Clément rougit et avoua :
    — Jamais lorsque je suis à vos côtés, car c’est là que
je veux rester toujours. (Elle sentit qu’il luttait contre les larmes.) J’ai eu
si peur, madame, si terriblement peur de vous perdre, de ne vous retrouver plus
jamais. J’ai cru mourir de chagrin mille fois. Alors non, s’il faut choisir, je
veux demeurer là, auprès de vous. (Il hésita et acheva :) Cela étant, l’enseignement
de messire Joseph est à nul autre pareil. Madame, cet homme a fouillé le monde
de son intelligence. Il a accumulé tant de science. N’était-il pas merveilleux
et invraisemblable qu’il m’ait jugé digne de la recevoir et réponde à tant de
mes questions. Et... il sait.
    — Que sait-il ? demanda
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