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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes
Autoren: Conn Iggulden
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quitter la yourte
ou courir le risque qu’elle appelle les gardes. Pourtant, il parla, d’un ton
effronté, certain, curieusement, qu’elle ne le chasserait pas.
    — J’ai un talent de guérisseur. Laisse-moi examiner ton
fils.
    Elle s’efforça de ravaler son dégoût. Le chamane des Olkhunuts
n’avait fait que prononcer des incantations au-dessus de Temüge, sans résultat.
    — Sois le bienvenu sous ma tente, dit-elle enfin.
    Elle le vit se détendre et ne put se défaire de l’impression
d’être trop près d’une créature déplaisante.
    — Mon fils dort. La douleur est très forte quand il est
éveillé et je veux qu’il se repose.
    Kökötchu traversa la yourte pour s’accroupir à côté des deux
femmes. Inconsciemment, elles s’écartèrent de lui.
    — Il a plus besoin de soins que de repos, je crois.
    Le chamane se pencha vers Temüge pour flairer son haleine, tendit
le bras vers le ventre nu et palpa la zone de la grosseur. Le malade gémit dans
son sommeil et Hoelun retint sa respiration. Au bout d’un moment, Kökötchu
hocha la tête.
    — Prépare-toi, vieille mère. Il va mourir.
    Elle lui saisit vivement le poignet avec une force qui l’étonna.
    — Il s’est noué les tripes, chamane. J’ai déjà vu cela
souvent, même chez des chevaux et des chèvres, et ils ont toujours survécu.
    Kökötchu desserra de sa main libre l’étreinte des doigts d’Hoelun.
Il découvrit avec plaisir de la peur dans ses yeux. Grâce à cette peur, elle
serait à lui, corps et âme. Si elle avait été une jeune mère naïman, il aurait
cherché à obtenir d’elle des faveurs sexuelles en échange de ses soins, mais
dans cette nouvelle tribu, il devait avant tout impressionner le khan.
    — Tu as vu la noirceur de la bosse ? C’est une
grosseur qu’on ne peut pas couper. Si elle était sur la peau, je la brûlerais, mais
elle a probablement enfoncé ses griffes dans son ventre et ses poumons. Elle le
ronge et ne sera satisfaite que lorsqu’il sera mort.
    — Tu te trompes, repartit Hoelun, les larmes aux yeux.
    Kökötchu baissa la tête pour dissimuler la lueur de triomphe
dans son regard.
    — J’aimerais bien, vieille mère. J’ai déjà vu de ces
choses, elles ont un appétit féroce, elle continuera à le ravager jusqu’à ce qu’ils
périssent ensemble.
    Pour étayer ses dires, il pressa la grosseur ; Temüge
se réveilla en sursaut.
    — Qui es-tu ? demanda-t-il.
    Il tenta de se redresser mais la douleur le fit geindre et
il retomba sur la couche étroite. Ses mains saisirent une couverture pour
couvrir sa nudité, ses joues rougirent sous le regard de Kökötchu.
    — C’est un chamane, dit Hoelun, il va te guérir.
    Temüge était à nouveau trempé de sueur et elle passa le linge
humide sur sa peau. Au bout d’un moment, sa respiration se ralentit et il
glissa de nouveau dans un sommeil épuisé.
    — Si c’est sans espoir, chamane, pourquoi es-tu encore
ici ? Il ne manque pas d’hommes et de femmes qui ont besoin de tes soins.
    Elle ne pouvait masquer l’amertume de sa voix ni savoir que Kökötchu
s’en réjouissait.
    — J’ai combattu deux fois dans ma vie cette chose qui
le dévore. Cela requiert un rite sombre, et dangereux, pour celui qui le
pratique comme pour le malade. Je te dis cela pour que tu ne désespères pas
mais il serait fou d’espérer. Considère-le comme perdu et si je le sauve, tu
connaîtras la joie.
    Hoelun plongea les yeux dans ceux du chamane et frissonna. Il
sentait le sang, bien qu’elle n’en vît pas trace sur sa peau. L’idée qu’il
touche son fils la révulsait, mais il l’avait effrayée en parlant de mort et
elle était impuissante devant lui.
    — Que veux-tu que je fasse ? murmura-t-elle.
    Impassible, il fit mine de réfléchir. Puis :
    — Il me faudra toute ma force pour amener les esprits à
ton fils. J’aurai besoin d’une chèvre sur qui reporter la grosseur et d’une
autre pour purifier ton fils avec son sang. J’ai les herbes nécessaires, si je
suis assez fort.
    — Et si tu échoues ? intervint soudain Börte.
    Kökötchu prit une profonde inspiration, laissa l’air
ressortir en faisant trembler ses lèvres.
    — Si j’échoue au début de l’incantation, je survivrai. Si
je parviens au stade final et que les esprits m’emportent, je serai arraché à
mon corps. Il vivra un moment mais sans âme, il ne sera que de la chair vide.
    Hoelun le regarda attentivement, de nouveau soupçonneuse.
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