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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes
Autoren: Conn Iggulden
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Prologue
    Le vieux khan des Naïmans frissonnait dans le vent soufflant
sur la colline. En bas, l’armée qu’il avait rassemblée affrontait l’homme qui s’était
donné le nom de Gengis. Plus d’une douzaine de tribus se tenaient aux côtés des
Naïmans, au pied des hauteurs, lorsque l’ennemi attaqua par vagues. Le khan
entendait des cris s’élever dans l’air pur de la montagne mais, presque aveugle,
il ne pouvait rien voir de la bataille.
    — Dis-moi ce qui se passe, murmura-t-il une fois de
plus à son chamane.
    Kökötchu n’avait pas encore trente ans et ses yeux étaient
vifs, même si l’ombre des regrets les avait assombris.
    — Les Jajirats ont déposé le sabre et l’arc, seigneur. Ils
ont perdu courage, comme tu l’avais soupçonné.
    — Ils lui font trop d’honneur avec leur peur, dit le
khan, resserrant son deel autour de son corps décharné. Et mes Naïmans, se
battent-ils encore ?
    Kökötchu demeura longtemps sans répondre, observant la masse
d’hommes et de chevaux qui roulaient sous lui. Gengis les avait pris par
surprise en surgissant des prairies à l’aube alors que les meilleurs éclaireurs
rapportaient qu’il se trouvait encore à des centaines de lieues de distance. Ses
guerriers s’étaient jetés sur la coalition naïman avec la férocité d’hommes
accoutumés à la victoire. Pendant un moment, toutefois, il y avait encore eu
une chance de briser leur charge. Kökötchu maudit en silence la tribu jajirat, qui
avait amené tant d’hommes des montagnes qu’il avait cru la victoire possible. Leur
alliance avait été une grande chose, encore impossible quelques années plus tôt.
Elle n’avait duré que le temps de la première charge ennemie, alors la peur l’avait
fracassée et les Jajirats s’étaient retirés du combat.
    Kökötchu jura à mi-voix en constatant que des hommes que son
khan avait accueillis se battaient à présent contre leurs frères. Une meute de
chiens qui tourne avec le vent.
    — Ils combattent encore, seigneur, dit-il enfin. Ils
ont contenu la charge et leurs flèches criblent maintenant les hommes de Gengis.
    Le khan des Naïmans rapprocha ses mains osseuses aux
jointures blanches.
    — C’est bien, Kökötchu, mais ne devrais-je pas
retourner auprès d’eux pour leur donner courage ?
    Le chamane tourna un regard fiévreux vers l’homme qu’il
avait servi pendant toute sa vie adulte.
    — Tu mourras si tu le fais, seigneur. Je l’ai vu. Tes
féaux tiendront cette colline même face aux âmes des morts.
    Il cacha sa honte. Le khan se fiait à ses conseils mais
lorsque la première ligne naïman s’était effondrée, c’est sa propre mort que Kökötchu
avait vue, portée par les traits bourdonnants.
    — Tu m’as servi loyalement, Kökötchu, reprit le khan. Je
t’en suis reconnaissant. Dis-moi encore ce que tu vois.
    Kökötchu prit une brève inspiration avant de répondre :
    — Les frères de Gengis prennent maintenant part au
combat. L’un d’eux attaque nos guerriers par le flanc et taille profondément
dans leurs rangs.
    Il s’interrompit, se mordit la lèvre. Une flèche fila dans
le ciel et s’enfonça dans le sol jusqu’à l’empennage, à quelques pas de l’endroit
où ils étaient accroupis. Le chamane se redressa.
    — Nous devons monter plus haut, dit-il en se détournant
de la tuerie qui se déroulait en bas.
    Le vieux khan se mit debout lui aussi, soutenu par deux
guerriers qui assistaient, impassibles, à l’anéantissement de leurs amis et de
leurs frères. Sur un geste du chamane, ils se tournèrent vers le sommet de la
colline et aidèrent le vieillard à grimper.
    — Avons-nous contre-attaqué ? demanda le khan d’une
voix chevrotante.
    Kökötchu se retourna et ce qu’il vit le fit grimacer. En bas,
les flèches semblaient traverser l’air avec lenteur. La charge ennemie avait
coupé en deux les troupes de son khan. Les armures métalliques des hommes de
Gengis, inspirées des Jin, étaient bien plus efficaces que celles de cuir
bouilli utilisées par les Naïmans. Chaque homme portait des centaines de
petites plaques de fer larges comme un doigt cousues sur une toile épaisse
par-dessus une tunique en soie. Si elles ne suffisaient pas toujours à arrêter
une flèche tirée avec force, la pointe se prenait souvent dans la soie. Kökötchu
vit les guerriers de Gengis essuyer l’orage de traits. L’insigne à queue de
cheval de la tribu des Merkits fut foulé aux pieds et
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