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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes
Autoren: Conn Iggulden
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dans son sommeil, grimaça quand elle lui
palpa le ventre.
    — Il est calme à présent, fit observer Börte. Je
pourrais peut-être m’absenter un moment.
    Hoelun regarda avec froideur la femme que Gengis avait prise
pour épouse. Börte avait donné quatre fils parfaits à son époux et, au début, Hoelun
avait cru qu’elles seraient comme mère et fille, ou tout au moins amies. Börte
avait été autrefois pleine de vie et d’enthousiasme, mais les événements
avaient tordu quelque chose en elle. Hoelun connaissait l’attitude de Gengis
envers son fils aîné. Il ne jouait jamais avec le petit Djötchi, il l’ignorait
quasiment. Börte avait lutté contre la méfiance qui s’était fichée entre eux
tel un coin de fer dans un bois dur. Pour ne rien arranger, les trois autres
garçons avaient tous hérité des yeux jaunes de la lignée de Gengis. Ceux de Djötchi
étaient marron foncé, noirs comme ses cheveux sous un faible éclairage. Alors
que Gengis aimait follement les trois autres, Djötchi ne comprenait pas la
froideur qu’il lisait sur le visage de son père quand celui-ci le regardait.
    Hoelun vit la jeune femme jeter un coup d’œil à l’ouverture
de la yourte en songeant sans doute à ses fils.
    — Tu as des servantes pour les coucher, lui
rappela-t-elle d’un ton de réprimande. Si Temüge se réveille, j’aurai besoin de
toi.
    Tandis qu’elle parlait, ses mains descendirent vers une
boule sombre qui gonflait la peau du ventre de son fils, quelques doigts
au-dessus des poils noirs de son pubis. Elle avait vu des hommes qui avaient ce
genre de boule après avoir soulevé des poids trop lourds pour eux. La douleur
était paralysante, mais la plupart s’en remettaient. Temüge n’avait pas eu
cette chance, il n’avait jamais eu de chance. Maintenant qu’il était devenu un
homme, il avait moins que jamais l’air d’un guerrier. Quand il dormait, il
avait un visage de poète et elle l’aimait pour ça. Peut-être parce que leur
père se serait réjoui de voir les guerriers que les autres étaient devenus, elle
avait toujours eu une tendresse particulière pour Temüge. Il ne s’était pas
endurci, bien qu’il eût subi autant d’épreuves que ses frères. Elle soupira et
sentit le regard de Börte sur elle dans la pénombre.
    — Il guérira peut-être, suggéra la bru.
    Hoelun pinça les lèvres. Son fils avait la peau qui se
couvrait d’ampoules au soleil et il portait rarement de lame plus longue qu’un
couteau ordinaire. Cela ne l’avait pas dérangée quand il avait commencé à
apprendre les histoires de la tribu, avec une facilité qui avait stupéfié les
anciens. Tout le monde ne peut pas exceller avec un sabre ou un cheval, s’était-elle
dit. Elle savait qu’il supportait mal les railleries ou les sourires méprisants
que lui valait son originalité, même si ceux qui prenaient le risque que Gengis
l’apprenne étaient peu nombreux. Temüge se refusait à lui rapporter ces
insultes, et c’était en soi une forme de courage. Aucun de ses fils ne manquait
de bravoure.
    Les deux femmes tournèrent la tête quand le rabat en feutre
de la petite ouverture se releva. Hoelun fronça les sourcils en voyant Kökötchu
entrer et s’incliner devant elles. Le regard du chamane se porta sur la forme
allongée de Temüge, et Hoelun lutta pour ne pas montrer son aversion, sans même
comprendre le motif de sa réaction. Il y avait chez le chamane quelque chose
qui l’horripilait et elle avait ignoré les messagers qu’il lui avait envoyés. Elle
se redressa, partagée entre indignation et fatigue.
    — Je ne t’ai pas mandé, lança-t-elle avec froideur.
    Kökötchu ne parut pas remarquer son ton.
    — J’ai envoyé un esclave te prier de m’accorder un instant,
mère de khan. Peut-être n’est-il pas encore arrivé. Tout le camp parle de la
maladie de ton fils.
    Hoelun sentit sur elle le regard du chamane, qui attendait d’être
accueilli dans les formes. Lorsqu’il l’observait, elle avait toujours l’impression
qu’il y avait en lui quelqu’un d’autre aux aguets. Ayant remarqué la façon dont
il s’insinuait dans l’entourage de Gengis, elle le rejetait. Les guerriers
sentaient peut-être la crotte, la graisse de mouton et la sueur, mais c’étaient
là des odeurs d’hommes sains. Kökötchu, lui, sentait la viande putréfiée ;
que cela vînt de ses vêtements ou de son corps, elle n’aurait su le dire.
    Devant le silence d’Hoelun, il aurait dû
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