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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes
Autoren: Conn Iggulden
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qu’ils faisaient.
    — Si tu as fini de boire ton thé, je suis prêt à
entendre ton message, dit Gengis.
    L’homme hocha la tête, posa la tasse évasée sur le sol à ses
pieds. Fermant les yeux, il commença ainsi :
    — Voici les mots de Barchuk, khan des Ouïgours…
    Autour de lui les conversations et les rires moururent. Se sachant
écouté de tous, il devint plus nerveux encore.
    — « C’est avec joie que j’ai eu vent de ta gloire,
seigneur Gengis. Nous sommes las d’attendre que nos peuples se connaissent et
se dressent ensemble. Le soleil s’est levé ; la glace de la rivière a
fondu. Tu es le gurkhan, celui qui nous guidera tous. Je mettrai ma force et
mon savoir à ton service. »
    Le messager s’interrompit, essuya son front moite. Lorsqu’il
ouvrit les yeux, il vit que Gengis le considérait d’un air intrigué et son
estomac se serra de frayeur.
    — Belles paroles, mais où sont les Ouïgours ? demanda
le khan. Ils ont eu un an pour venir ici. Si je dois aller les chercher…
    Il laissa la menace en suspens.
    — Seigneur, il a fallu des mois rien que pour fabriquer
les chariots du voyage, plaida le messager. Cela fait des générations que nous
n’avons pas quitté nos terres. Nous avons dû démonter cinq grands temples et
marquer chacune de leurs pierres afin de pouvoir les reconstruire. À eux seuls,
nos rouleaux de parchemins ont demandé douze chariots.
    Gengis se pencha en avant avec intérêt.
    — Vous connaissez l’écriture ?
    Le messager acquiesça, sans montrer de fierté particulière.
    — Depuis de nombreuses années, seigneur. Nous avons
rassemblé tous les parchemins de contrées de l’Ouest chaque fois que nous avons
pu en acquérir. Notre khan est un homme de grand savoir, il a même des copies
de manuscrits jin et xixia.
    — C’est donc des érudits et des maîtres que je dois
accueillir ? s’étonna Gengis. Nous battrons-nous avec des rouleaux ?
    Le messager rougit sous les rires.
    — Il y a aussi quatre mille guerriers, seigneur. Ils
suivront Barchuk partout où il les mènera.
    — C’est moi qu’ils suivront, ou ils ne seront plus que
de la viande étendue dans l’herbe, rétorqua Gengis.
    Le messager baissa les yeux vers le plancher ciré et garda
le silence. Gengis contint son irritation.
    — Tu ne m’as pas dit quand ils arriveront, tes savants.
    — Ils ne sont sans doute qu’à quelques jours derrière
moi. Quand je les ai quittés, il y a trois lunes, ils étaient presque prêts à
partir. Ce ne sera plus long, maintenant.
    — Pour quatre mille hommes, je peux être patient. Tu
connais l’écriture jin ?
    — Je ne suis pas un lettré, seigneur. Mon khan, lui, peut
la lire.
    — Est-ce que ces rouleaux expliquent comment prendre
une ville de pierre ?
    Sentant le vif intérêt des hommes qui l’entouraient, le
messager hésita.
    — Je n’ai pas entendu parler d’une telle chose, seigneur.
Les Jin écrivent sur la philosophie, les paroles du Bouddha, de Confucius et de
Lao-tseu. Ils n’écrivent pas sur la guerre ou, s’ils le font, ils ne nous ont
pas permis d’accéder à ces rouleaux.
    — Alors, ils ne me seront d’aucune utilité, répondit
sèchement le khan. Va manger et veille à ne pas déclencher une dispute avec tes
vantardises. Je jugerai les Ouïgours lorsqu’ils seront enfin là.
    Dès qu’il fut sorti de l’atmosphère enfumée de la yourte, le
messager poussa un soupir de soulagement et se demanda une fois de plus si son
khan avait bien conscience de ce à quoi l’engageaient ses promesses. Les
Ouïgours n’étaient plus maîtres d’eux-mêmes.
    Parcourant du regard le vaste camp, il vit des lumières
clignoter à une lieue à la ronde. Sur un mot de l’homme qu’il venait de
rencontrer, cette masse pouvait s’ébranler dans n’importe quelle direction. Le
khan des Ouïgours n’avait peut-être pas eu le choix.
     
     
    Hoelun trempa un linge dans un seau et l’étendit sur le
front de son fils. Temüge avait toujours été plus frêle que ses frères et, fardeau
supplémentaire, il tombait malade plus souvent que Khasar, Kachium et Temudjin.
Elle eut un sourire désabusé en songeant qu’elle devait maintenant appeler son
fils Temudjin « Gengis ». Ce mot signifiait « océan » mais
l’ambition de son fils le portait au-delà de son sens habituel. Son fils qui, en
vingt-six ans de vie, n’avait pas vu une seule fois la mer. Elle non plus, d’ailleurs.
    Temüge s’agita
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