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Le secret des enfants rouges

Le secret des enfants rouges

Titel: Le secret des enfants rouges
Autoren: Claude Izner
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joué qu’un rôle de figurants, monsieur Legris. Cette fois, Antoine s’arrangea pour rencontrer Dubois et le pousser à dévoiler le but de ses investigations. Cela lui fut facilité du fait que notre secrétaire parlait couramment le néerlandais. Eugène Dubois avait déplacé son chantier aux alentours du village de Trinil, riche en fossiles contenus dans les sédiments du Tertiaire et du Pléistocène fournis par la rivière Solo.
    — Excusez mon ignorance, que signifie Pléistocène ?
    — On désigne ainsi le début de l’ère quaternaire. Gabrielle se rassit et pencha le buste vers Victor qui eut tout loisir d’observer son décolleté plongeant.
    — Voulez-vous que nous allions plus avant, cher monsieur ?
    — Euh, oui.
    — En septembre 1891 avait été mise au jour la troisième molaire supérieure droite d’un primate. Au cours du mois d’octobre, les ingénieurs militaires chargés des fouilles découvrirent à côté de la dent la calotte crânienne de ce que Dubois considéra aussitôt comme un anthropopithèque.
    Elle lui sourit en se redressant légèrement.
    — On nomme ainsi un genre hypothétique d’animaux fossiles intermédiaires entre le singe et l’homme.
    — La paléontologie évoque une enquête criminelle, au bout du compte on tombe en général sur un cadavre, marmonna Victor en détournant les yeux. Dubois commenta donc volontiers sa trouvaille ?
    — Vous plaisantez. Il fut très réservé et n’accepta de converser avec Charles Dorsel qu’à propos de dents d’orang-outan. Ce qui incita mon mari à soutirer des informations aux Malais employés sur le site contre des espèces sonnantes et trébuchantes.
    — Méthode avérée que j’utilise fréquemment.
    — Antoine ne rêvait que d’une chose : devancer Dubois dans sa prospection du chaînon manquant, c’est-à-dire produire lui aussi un crâne trop petit pour être celui d’un humain, et trop grand pour être celui d’un singe de la taille de ceux que nous avons répertoriés.
    — Je vois. Offrir à la France la primeur d’une telle révélation serait prestigieux.
    — Ce fut à ce moment que le destin nous donna un coup de pouce. Un jeune Javanais instruisit mon mari que son père, un sculpteur d’os fabricant d’objets et de bijoux, avait en 1886 déterré un crâne similaire à celui de Dubois, et l’avait monté sur un petit trépied de métal orné de brillants et d’une tête de chat pour en faire un brûle-encens.
    — La coupe de John Cavendish…
    — Pardon ?
    — Non, rien. Poursuivez, je vous prie.
    — Ce brûle-encens avait été cédé à un négociant chinois de Surabaya. Antoine fonça au domicile de ce marchand. Celui-ci se souvenait à qui il l’avait vendu, car son client, persuadé qu’il s’agissait d’une antiquité, s’était fait rouler et l’avait payé rubis sur l’ongle sans discuter. C’était un explorateur botaniste descendu à l’hôtel Amsterdam. Antoine fut vite en mesure de l’identifier en consultant les registres de l’hôtel.
    Gabrielle du Houssoye s’inclina vers Victor d’un mouvement délibérément provocateur et murmura :
    — Il s’agissait bien d’un certain John Cavendish.
    — Votre époux vous fit-il part de sa trouvaille ? demanda Victor en fixant la pointe de ses chaussures.
    — J’étais son unique confidente, car il se méfiait d’Alexis, qui a sans cesse vécu dans son ombre et désiré l’égaler. Il ne renseigna pas non plus Charles Dorsel. Mais il eut la mauvaise idée de noter le fruit de ses cogitations dans un carnet. Nous regagnâmes Paris courant décembre et Antoine écrivit sur-le-champ à ce John Cavendish établi chez sa sœur, Lady Fanny Hope Pebble. Elle lui répondit que son frère était décédé à Paris en 1889. Il décida alors de profiter d’un congrès à Londres et se rendit à Édimbourg, ville aux environs de laquelle habitait cette dame.
    — Mais il fut espionné, et la dame tuée après qu’il eut pris congé d’elle, le nom de Kenji Mori en poche.
    — Ah ! Vous savez cela. Vous savez donc également que l’assassin de Lady Pebble est aussi celui de mon époux, rétorqua Gabrielle du Houssoye.
    — Ainsi que de Lucie Robin, Léonard Dielette et Achille Ménager. Il a manqué de peu être le mien et celui de M. Mori. Est-ce l’ambition qui a poussé Charles Dorsel à commettre ces crimes ?
    — Oh, non, vous n’y êtes pas. J’ai d’abord soupçonné Alexis. Ce
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