Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le secret de la femme en bleu

Le secret de la femme en bleu

Titel: Le secret de la femme en bleu
Autoren: Marc Paillet
Vom Netzwerk:
de cuir souple. Dans un débarras avaient été cachés des glaives, des dagues, des arcs avec carquois et même des haches de combat.
    Immédiatement interrogés, le maître des lieux et sa compagne finirent par avouer qu’après « le désastre de l’abbaye Sainte-Glossinde » qui leur avait été rapporté dans l’heure, ils s’étaient crus autorisés, en paiement de ce que leurs hôtes leur devaient encore, à faire main basse sur tout ce qu’ils avaient laissé dans leurs chambres. Quant aux armes, ils espéraient en tirer un bon prix de « seigneurs s’armant pour la guerre ».
    Ces découvertes, à elles seules, prouvaient que la « femme en bleu » avait bien installé là le centre de son complot. Doremus n’en interrogea pas moins certaines pensionnaires sur l’attitude, les activités, les allées et venues des Aquitains. Les sourires des prostituées lui apprirent, entre autres, qu’elles savaient qui était en réalité la « femme en bleu » et quels liens attachaient Raynal à Fabian. Elles lui rapportèrent également que, les jours précédant « l’affaire de Sainte-Glossinde », une vive querelle avait opposé « celle qui dirigeait la bande » à certains Aquitains. Elles n’en savaient pas la raison. L’ancien rebelle ne manqua pas de conclure que ces derniers s’étaient opposés à une entreprise qui allait en effet se révéler désastreuse.
    Restait à découvrir ce qu’était devenu le reliquat de cette partie du butin qui avait été transportée en ce lieu. Ceux qui avaient évidemment remarqué où il se trouvait avaient eu largement le temps de s’en emparer pour le mettre en lieu sûr. Le tenancier eut beau prétendre que les deux Aquitains préposés à sa garde avaient fui en l’emportant, Doremus n’en décida pas moins de le mettre, avec sa compagne, en état d’arrestation : ils n’avaient certainement pas tout dit. Avant de partir, il enjoignit à leurs aides et à celle qui commandait les pensionnaires de ne pas quitter l’établissement, de ne rien distraire de ce qui avait été volé et de le tenir à la disposition des domestiques mandatés par les missi dominici qui viendraient en prendre livraison. Toute désobéissance serait sévèrement punie !
    En regagnant, avec ses deux prisonniers, l’aile du palais épiscopal où demeuraient les missi dominici, Doremus fut frappé par l’aspect repoussant de Wanzenstat, par ses taudis, ses mendiants estropiés et informes, ses gueux et miséreux, leurs chefs arrogants, les femmes affairées et les enfants jouant dans la fange, ses bruits et ses cris, son odeur fétide, toutes choses qu’il n’avait guère eu le loisir de vraiment observer précédemment.
    — Je sais bien, murmura-t-il, qu’il faut de tout pour faire un monde. Mais franchement, devant ce cloaque, je n’en vois pas la nécessité !
     
    Contrairement à l’habitude qui réunissait autour de Childebrand et d’Erwin leurs assistants et aides, en fin de mission, pour une évaluation, le Saxon proposa à son ami qu’ils y procèdent sans témoin. Ils se retirèrent à cette fin dans une petite salle du palais. Le comte apporta avec lui le document devant servir de base au rapport qui serait adressé à Charlemagne. Il le déposa sur une table ; des serviteurs y disposèrent également des boissons et des gâteaux au cumin.
    — Pourquoi ce tête-à-tête ? demanda-t-il. Tout me paraît pourtant clair à présent, sans rien qui réclame le secret.
    Il tapota sur le manuscrit.
    — Je crois d’ailleurs que ce rapport est complet car « de minimis non curat imperator ( 41 ) ». Si mon impérial cousin désire de plus amples informations, nous pourrons les lui fournir oralement. En une matière aussi délicate, moins on écrit, mieux cela vaut.
    — Il se peut, dit le Saxon.
    — Pourquoi ce ton évasif ? Aurions-nous oublié quelque chose d’important ? Il est vrai que ce texte ne reflète pas assez sans doute les difficultés qu’a rencontrées notre enquête. Dès lors, Charles pourrait s’étonner, en prenant connaissance d’un exposé si net, que nous eussions mis tant de semaines à venir à bout de ce complot. Mais comment expliquer sans entrer dans les méandres de l’affaire, ce qui lasserait notre prince, que nous ayons dû en cours de route – comment as-tu dit ? – « changer d’énigme »… ?
    Il passa la main sur sa nuque puis, fixant Erwin, il énonça en soulignant son propos d’un geste :
    — Allons au plus simple !
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher