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Le sang des Dalton

Le sang des Dalton

Titel: Le sang des Dalton
Autoren: Ron Hansen
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immigrants.
    Si bien que quand un vacher se réveillait un matin avec du sang sur son couteau et sur sa manche, quand un adolescent volait la recette de la tonnellerie de son oncle ou quand une femme estourbissait son mari alors qu’il roupillait à côté d’une poule à deux dollars, c’était en territoire indien qu’ils s’enfuyaient, dans cette vaste zone sauvage au cœur des États-Unis où votre nom était celui que vous vouliez bien donner et où vous pouviez chevaucher trois ou quatre jours d’affilée sans croiser âme qui vive.
    Mais les adjoints osages de Bob étaient capables de dépister un fugitif qui avait pataugé dans des rivières pendant une semaine. Ils étaient à même de dénicher un gosse au fond d’un terrier de rat musqué ou de retrouver une femme d’après son odeur sur les feuilles qu’elle avait effleurées. J’ai un jour passé les fers aux pieds d’un homme qui était en fuite depuis si longtemps qu’il haletait constamment et une autre fois, j’ai eu la surprise de tomber à l’intérieur d’une caverne sur un détenu encore en uniforme rayé, accroupi, en train de se gratter, au milieu d’effluves de vomi.
    « Ça fait chaud au cœur de vous voir, me déclara-t-il. Je n’ai pas bouffé autre chose que du gauphre depuis un mois et à cause du froid, j’ai chopé des engelures. »
    Je conduisais l’attelage de bœufs en compagnie d’un Osage sévère ; Bob prenait place à l’arrière du chariot et s’entretenait avec les prisonniers comme si c’était sa profession. « Qu’est-ce qui vous a entraîné dans la voie du crime ? » se renseignait-il. « Quelle a été votre erreur décisive ? Pourquoi n’avez-vous aucun remords ? »
    « Vous aimiez la vie de cow-boy ? a-t-il un jour demandé à un voleur de chevaux.
    — Oui, marshal, a répondu l’homme.
    — Emmett a l’air de s’en être entiché.
    — Eh bien, c’est une formidable école de la vie pour un jeune homme et c’est un métier noble et stable. Il faudra des cow-boys pour escorter les troupeaux jusqu’à la fin des temps. J’ai droit à un lit dans un dortoir, à trois vrais repas par jour, je touche trente dollars par mois et bon Dieu ! c’est bien assez pour s’en payer une tranche le samedi soir et pour ouvrir un compte d’épargne dans une banque si ça me chante.
    — Alors pourquoi faucher du bétail ? » Son interlocuteur s’est gratté le menton.
    « Faut croire que j’ai oublié ma bonne éducation… » Bob est revenu s’asseoir à côté de moi à l’avant. « J’espère que tu as entendu ça », m’a-t-il glissé. Bob aimait aussi à patrouiller à cheval au milieu des herbes ondulantes de la Prairie en s’extasiant :
    « Quand Pa’ est arrivé pour la première fois en territoire indien, il échangeait des juments poulinières et des mules de l’armée pour le gouvernement et toute cette région n’était que savane inexplorée, peuplée de sauvages, ours et tétras. Des centaines de milliers de bisons y vivaient. Le sol tremblait quinze kilomètres à la ronde quand ils chargeaient. Les Indiens se camouflaient sous des peaux encore sanglantes et se faufilaient au milieu des troupeaux pour embrocher à la lance des bêtes si énormes qu’il fallait deux hommes, rien que pour soulever la tête. Vingt ans plus tard, la Grande Prairie était pleine à craquer de cabanes en gazon et de granges ; des mégères mielleuses avaient remplacé les squaws ; le climat s’était dégradé et les cours d’eau avaient décru ; des serpents pendaient aux branches des arbres. Pa’ assure qu’il a sillonné la Louisiane entière pour vingt cents par semaine et qu’il ne se rappelait pas avoir eu faim, ni manqué de quoi que ce soit. Il était frais et dispos comme Israël. Et aujourd’hui, il reste assis sur une chaise, il s’oublie et l’armée lui verse six dollars de pension par mois pour avoir servi durant la guerre contre le Mexique.
    — Une fois, j’ai mis du sel dans le sucrier histoire de gâcher le goût de son café, ai-je répliqué. J’ai laissé dans son bol à raser un mot qui disait : “Crève !” Je planquais une de ses bottes sous le canapé et je le regardais claudiquer dans toute la maison à sa recherche. C’est pas possible d’être aussi ridé.
    — Toi et moi, on doit avoir des interprétations différentes du quatrième commandement », a lâché Bob.
    Nous plantions le camp tous les deux au crépuscule et il
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