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Le sang des Dalton

Le sang des Dalton

Titel: Le sang des Dalton
Autoren: Ron Hansen
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progéniture, tandis que le vent agitait sa chevelure blanche.
    Grat était demeuré en territoire cherokee, où il avait un bureau à Tahlequah, alors que Bob opérait dans les nations osages du Nord à partir de son bureau de Pawhuska, la capitale, où il recevait les mandats émanant du tribunal fédéral de Wichita, au Kansas. Il engagea vingt Indiens osages comme gardiens de la paix  – des types au teint bistre, aux airs de meurtriers, aux mains noirâtres, habillés de vêtements en daim crasseux et de chapeaux noirs à plumes, et qui puaient plus que des égouts. Mon grade étant supérieur au leur, j’avais occupé un poste administratif pendant quelques semaines, mais j’avais fini par m’en lasser et je m’étais vite mis à convoyer des chariots de criminels jusqu’au tribunal fédéral aux côtés de Bob.
    Nous parcourions les ruelles en terre de villes-champignons, la mine sévère, la main sur la crosse du pistolet, sous le regard d’hommes plus âgés, assis sur des cagettes d’oignons, qui fumaient la pipe devant leur tente et se fichaient de nous comme si nous n’étions que des gamins qui auraient encore dû être en culottes courtes. Une fois, Bob arrêta un chariot de bois dans la grand-rue afin de vérifier les papiers du conducteur et les charpentiers qui érigeaient les façades des commerces s’interrompirent pour se pousser du coude ou se percher sur l’arête d’un toit et adresser des quolibets à l’apprenti marshal. Mais il n’existait pas de jeune homme de dix-neuf ans aussi sûr de lui que Bob. Il semblait se figurer qu’il avait déjà la réputation redoutable de Wyatt Earp. Il poussait des colosses hors de son chemin dans la rue ; il fit fermer un saloon un samedi soir, car les jeux d’argent étaient interdits ; il était d’une intransigeance absolue sur les permis et les contributions. Il interpellait tous les ivrognes qu’il apercevait ; il menotta même une femme qui avait volé des pommes de terre ; il s’avançait vers des hommes ayant déjà dégainé leur revolver et le leur arrachait des mains comme s’il ne risquait rien de grave. Il était aussi réfractaire à la peur que peut l’être un représentant de la loi.
    Il était alors entièrement dévoué à sa mission. Quand je me réveillais le matin, avant le lever du soleil, je le découvrais accroupi près du feu, en train de bricoler de nouvelles trouvailles à l’intention des forces de l’ordre dans son journal intime : des gants pourvus de doigts métalliques articulés, un dispositif qui assujettissait les jambes d’un cavalier à la selle, une matraque ; un gilet comportant une centaine de poches qui contiendraient une centaine de plaques d’acier afin que les gardiens de la paix n’aient plus à craindre les blessures à l’abdomen. Il dissimulait dans sa botte droite un revolver de calibre .32 monté sur une lourde carcasse de calibre .45 afin de pouvoir défourailler plus vite que n’importe quel malandrin rien qu’en levant les genoux. Quelquefois, alors qu’il traînaillait derrière moi, je me retournais et je le surprenais en train de converser dans sa barbe avec quelque quidam imaginaire, puis de dégainer tout à coup son arme.
    « Tu t’amuses bien, Bob ?
    — Peuh ! Ils n’ont aucune chance contre moi. On est quasiment au chômage technique. »
     
     
    Après l’acquisition de la Louisiane, les tribus indiennes évincées de l’est furent reléguées à l’ouest du Mississippi, dans le « Territoire indien », ce qui recouvrait alors la majeure partie des États de la Prairie. Au fil des ans, les agriculteurs et les sociétés de chemin de fer œuvrèrent au Congrès pour en réduire la superficie, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que les monts Ozark et les Badlands, aujourd’hui l’Oklahoma. Ces terres étaient considérées comme inviolables et appartenaient, « jusqu’à ce que les rivières se tarissent », à un curieux mélange de peuples indiens, parmi lesquels prédominaient les « cinq tribus civilisées », comme on les appelait : les Cherokees, les Chickasaws, les Choctaws, les Creeks et les Séminoles  – chaque nation possédant ses propres organes exécutifs, législatifs et judiciaires, ses propres lois et son système scolaire. Les Indiens louaient leurs prairies comme pâturages aux éleveurs et commerçaient avec les intendants militaires, mais hormis cela, ils ignoraient autant que faire se peut les pionniers et les
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