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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand
Autoren: Valerio Manfredi
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de bataille.
    Alexandre en fut heureux, car il put
voir son père plus fréquemment et passer de nombreuses heures en sa compagnie.
    Nicomaque s’occupa de la santé du
souverain ; il quitta sa clinique de Stagire avec deux assistants qui
allaient l’aider à cueillir dans les bois et les prés des montagnes
environnantes les herbes et les racines dont il se servait pour préparer ses
médications.
    Le roi fut soumis à un régime très
strict, et presque complètement privé de vin. Il devint vite intraitable, seul
Nicomaque osait l’approcher quand il était de mauvaise humeur.
    L’un des deux assistants était un
garçon de quinze ans qui, lui aussi, se nommait Philippe.
    « Débarrasse-moi de lui, ordonna
le souverain. Je ne supporte pas l’idée d’avoir un autre Philippe dans les
jambes. Ou plutôt, non, je vais le nommer médecin de mon fils, sous ton
contrôle, évidemment. »
    Habitué aux caprices du roi
Nicomaque accepta.
    « Que fait ton fils
Aristote ? » lui demanda un jour Philippe, tandis qu’il buvait en
grimaçant une décoction de taraxacum.
    — Il vit à Athènes où il suit
l’enseignement de Platon, répondit le médecin. D’après ce qu’on me dit, il est
même considéré comme son meilleur élève.
    — Bien. Et quel est le sujet de
ses recherches ?
    — Mon fils est comme moi. Il
est plus attiré par l’observation des phénomènes naturels que par le monde de
la spéculation pure.
    — S’intéresse-t-il à la
politique ?
    — Oui, bien sûr mais en
montrant là aussi une inclination particulière pour les multiples
manifestations de l’organisation politique, plutôt que pour la véritable
science politique. Il rassemble diverses constitutions et les compare entre
elles.
    — Et que pense-t-il de la
monarchie ?
    — Je ne crois pas qu’il s’engage
dans des jugements de fond. Pour lui, la monarchie est une forme de
gouvernement typique de certaines communautés. Vois-tu, sire, je pense que mon
fils souhaite connaître le monde pour ce qu’il est, et non établir des
principes auxquels le monde devrait s’adapter. »
    Philippe avala la dernière gorgée de
sa décoction sous l’œil vigilant du médecin, qui semblait signifier :
« Tout, tout. » Puis il se nettoya la bouche avec un pan de sa
chlamyde et dit : « Tiens-moi informé de ce que fait ce garçon,
Nicomaque, parce que cela m’intéresse.
    — Je n’y manquerai pas. Cela
m’intéresse aussi : je suis son père. »
    Au cours de cette période, Alexandre
fréquentait Nicomaque autant qu’il le pouvait, car c’était un homme affable et
surprenant, alors que Léonidas avait un caractère hargneux et une attitude
terriblement sévère.
    Un jour, l’enfant pénétra dans le
cabinet du médecin. Il vit que celui-ci auscultait le dos de son père, qu’il
comptait les battements de son cœur en lui tâtant le poignet.
    « Que fais-tu ?
interrogea-t-il.
    — Je contrôle les battements du
cœur de ton père.
    — Et qu’est-ce qui anime le
cœur ?
    — L’énergie vitale.
    — Et où se trouve l’énergie
vitale ? »
    Nicomaque fixa ses yeux sur ceux de
l’enfant et y lut une soif de savoir insatiable, des sentiments merveilleusement
intenses. Il le caressa tandis que Philippe l’observait d’un air fasciné.
    « Personne ne le sait »,
répondit-il.
     

4
    Bientôt, Philippe se rétablit et réapparut sur la scène politique dans
la plénitude de sa santé, décevant ceux qui allaient jusqu’à faire circuler le
bruit de sa mort.
    Alexandre en fut chagriné, car il ne
verrait plus son père aussi souvent ; il prit néanmoins de l’intérêt à
connaître d’autres garçons – certains du même âge que lui, d’autres un peu plus
grands –, fils des nobles macédoniens qui fréquentaient la cour ou vivaient au
palais par volonté expresse du roi. C’était une façon de maintenir l’unité du
royaume, d’attacher à la maison du souverain les familles les plus puissantes,
les chefs de tribus et de clans.
    Certains de ces enfants suivaient
avec lui les cours de Léonidas : c’était le cas de Perdiccas, de
Lysimaque, de Séleucos, de Léonnatos et de Philotas, lequel était fils du
général Parménion. D’autres, plus âgés, comme Ptolémée et Cratère, avaient déjà
reçu le titre de « pages » et dépendaient directement du roi pour ce
qui était de leur éducation et de leur entraînement.
    À cette époque, Séleucos était assez
petit et fluet,
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