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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand
Autoren: Valerio Manfredi
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royale, essayant de
dégainer l’une des lourdes épées du roi qui reposaient dans leurs fourreaux.
    Un jour qu’il contemplait une
gigantesque panoplie de bronze ayant appartenu à son grand-père Amyntas III, il
sentit qu’on l’observait. En se retournant, il découvrit un homme grand et sec,
doté d’une petite barbe de chèvre et d’yeux profonds, illuminés. L’homme lui
apprit qu’il se nommait Léonidas et qu’il était son précepteur.
    « Pourquoi ? »
demanda l’enfant.
    À cette première question de son
élève, le maître ne sut répondre.
    Dès lors, la vie d’Alexandre subit
un profond changement. Il fréquenta de moins en moins sa mère et sa sœur, et de
plus en plus son professeur. Léonidas consacra sa première leçon à
l’alphabet ; le lendemain, il trouva le petit prince en train d’écrire
correctement son nom de la pointe d’un bâton dans la cendre du foyer.
    Il lui enseigna à lire et à compter,
choses qu’Alexandre mémorisait très vite et très facilement, mais sans montrer
d’intérêt particulier. Quand, en revanche, le maître passa aux histoires des
dieux et des hommes, aux histoires de la naissance du monde, des batailles des
Géants et des Titans, le visage de son élève s’illumina et adopta une
expression concentrée.
    Son esprit était naturellement porté
vers le mystère et la religion. Un jour, Léonidas l’emmena visiter le temple
d’Apollon qui se dressait non loin de Therma, et lui permit d’offrir de
l’encens à la statue du dieu. Alexandre en prit à pleines mains et le jeta dans
le brasier, provoquant ainsi un grand nuage de fumée. Alors son maître le
réprimanda :
    « L’encens coûte une
fortune ! Tu ne pourras le gaspiller ainsi que lorsque tu auras conquis
les pays qui le produisent !
    — Et où sont ces
pays ? » interrogea l’enfant qui jugeait étrange cette avarice envers
les dieux. Il observa une pause et ajouta : « Est-il vrai que mon
père est très ami avec Apollon ?
    — Ton père a gagné la guerre
sacrée et on l’a nommé chef du conseil du sanctuaire de Delphes, où se trouve
l’oracle d’Apollon.
    — Est-il vrai que l’oracle
dicte sa conduite à tout le monde ?
    — Pas exactement, répondit
Léonidas en saisissant la main d’Alexandre et en le reconduisant à l’extérieur.
Tu vois, lorsque les gens s’apprêtent à accomplir quelque chose d’important,
ils demandent conseil au dieu de la façon suivante : « Dois-je le
faire, ou non ? Et si je le fais, que se passera-t-il ? » Il
existe aussi une prêtresse qu’on appelle la Pythie, dont le dieu emprunte la
voix. Tu comprends ? Mais ce sont des mots obscurs, qu’il est difficile
d’interpréter. C’est pourquoi les prêtres sont là, pour les expliquer aux
gens. »
    Alexandre se retourna pour observer
le dieu Apollon, raide et immobile sur son piédestal, les lèvres étirées en un
étrange sourire, et il comprit pourquoi les dieux ont besoin des hommes pour
s’exprimer.
    Un jour que la famille royale était
allée à Aigai, l’ancienne capitale, pour offrir des sacrifices sur la tombe des
rois, Léonidas lui montra, d’une tour du palais, la cime du mont Olympe,
couverte de nuages orageux et frappée par des éclairs aveuglants.
    « Vois-tu, tenta-t-il de lui
expliquer, les dieux ne se résument pas aux statues que tu peux admirer dans
les temples : ils vivent là-haut, dans une demeure invisible, mènent une
existence immortelle, siègent au banquet en buvant du nectar et en se
nourrissant d’ambroisie. Et c’est Zeus en personne qui déchaîne ces éclairs. Il
peut toucher n’importe qui et n’importe quoi, en n’importe quel endroit de la
terre. »
    Bouche bée, Alexandre contempla
longuement ces cimes impressionnantes.
    Le lendemain, un officier de la
garde le surprit le long d’un sentier, aux portes de la ville : il se
dirigeait d’un pas rapide vers la montagne. L’homme descendit de cheval et lui
demanda :
    « Où vas-tu, Alexandre ?
    — Là », répondit l’enfant
en indiquant l’Olympe.
    L’officier le prit dans ses bras et
le ramena à Léonidas qui blêmissait déjà de crainte en songeant aux horribles
châtiments que la reine lui infligerait s’il arrivait quelque chose à son
élève.
    Cette année-là, Philippe connut de
graves problèmes de santé, à cause des terribles privations qu’il supportait
pendant les campagnes militaires et de la vie déréglée qu’il menait hors des
champs
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