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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux
Autoren: Michel Zévaco
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faire ?
    – Me rendre auprès de Léonor d’Ulloa, puisqu’elle m’appelle…
    – Ainsi… vous aussi, vous croyez que… c’est elle ?…
    – Je ne crois rien, je ne sais rien, murmura Clother avec agitation. Mais un jour, non loin de Brantôme, un jour que je me mettais en route pour Paris, avec l’intention de doubler les étapes, tant j’étais pressé d’y arriver, il m’est arrivé que, sans le vouloir, en dépit même de ma formelle volonté de courir à Paris, c’est dans le sens opposé que je me suis dirigé, et c’est ainsi que je suis arrivé à l’auberge de la Grâce de Dieu, où j’ai vu Léonor dans un moment où, certes, il était nécessaire que quelqu’un vînt à son aide. Cette fois-ci, comme alors, j’obéis donc à la bienfaisante volonté qui me dirige.
    Silvia, d’un geste spontané, lui saisit la main, et murmura :
    – Qui croyez-vous donc que ce soit ?
    – Philippe de Ponthus ! dit Clother d’une voix fervente. L’homme généreux qui a veillé sur moi tant qu’il fut de ce monde, et qui sans doute encore, du fond de la tombe…
    – Non, dit nettement Silvia.
    Clother frissonna. Il lui sembla tout à coup qu’il entrait dans le mystère. Un vague effroi le pénétra jusqu’aux moelles.
    Et Silvia, penchée sur lui, Silvia dont le visage venait de se cacher derrière son voile noir, Silvia, à mots hésitants, à peine distincts, lui disait :
    – Ce n’est pas Philippe de Ponthus qui vous appelle… Allez, allez vite, et faites bonne garde, car Léonor est en danger… en danger de mort, entendez-vous… pis que la mort, peut-être… car celle qui vous appelle, qui vous appelle auprès de Léonor, c’est celle qui est morte !… Morte de honte et de douleur !… Morte de l’effroyable passion de Juan Tenorio !… Celle qui vous appelle, c’est la sœur de Léonor. C’EST CHRISTA !…
    Quelques instants plus tard, Clother de Ponthus, en toute hâte, sortait de la Maison-Blanche, et s’élançait vers l’hôtel d’Arronces. D’une main vigoureuse, il assurait sa bonne rapière… l’épée de Ponthus. Il se sentait fort comme l’amour, fort comme le droit, plus fort que la mort, la puissante allégresse de la bataille était en lui…

III
 
LA POLYGAMIE EST UN CAS PENDABLE
    Il est temps que nous exposions la fâcheuse situation où se trouvait Jacquemin Corentin qui avait bien ses défauts, – mon Dieu, qui n’en a pas ? – mais qui ne laisse pas que de nous inspirer quelque sympathie.
    Jacquemin Corentin, donc, songeait, car « que faire en un cachot, à moins que l’on n’y songe ? »
    « C’est étonnant comme les idées me poussent depuis que je suis enfermé entre ces murs noirs et humides ! »
    Corentin ne savait pas si bien dire : tous ceux qui ont tâté de la prison, soit pour avoir commis quelque crime, soit pour avoir proféré quelque criante vérité – ce qui, parfois, revient à peu près au même – vous diront que le cachot est l’endroit du monde le plus propice aux cogitations philosophiques.
    Celui de Jacquemin Corentin était situé au Petit-Châtelet, à une quinzaine de pieds sous terre. Il recevait une avare lumière par un soupirail orné de fort beaux barreaux de fer sur lesquels le prisonnier levait par moments un œil rempli de reproches muets, un regard résigné qui semblait dire :
    « Barreaux ! Bourreaux de fer ! Que faites-vous ici ? Pourquoi vous placer entre la liberté, l’air, l’espace, la vie et le pauvre diable réduit à rêver de polygamie ?… Car, il n’y a pas à le cacher, je rêve de polygamie ! Toutes mes pensées viennent voleter autour de ce point central, telles les papillons de nuit autour de quelque lumière. Fumeuse et vaine lumière ! Hé ! Qu’ai-je à faire de polygamie, moi ? Que me veux-tu, polygamie ? »
    Au moment où nous retrouvons le pauvre garçon, il avalait une bouchée de pain noir et dur, – et il fit la grimace, car par association d’idées, il songea aux pâtés de la Devinière. Des pâtés moelleux, des salaisons appétissantes, il en vint naturellement aux flacons poudreux que maître Grégoire montait respectueusement du fond de sa cave, – et cela lui ayant donné grand soif, il saisit sa cruche, ferma les yeux, et avala une gorgée d’eau.
    « Je connais la cave de maître Grégoire, se dit-il. C’est peut-être la plus belle cave de France. Il y a surtout, au fond du troisième réduit, la rangée des vieux vins rouges
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