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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux
Autoren: Michel Zévaco
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satisfaction de tous, en l’hôtel d’Arronces, m’en font un devoir. Certes, Mgr de Bassignac ne m’eût point désigné pour être l’intendant général de l’hôtel, s’il n’eût reconnu en moi un homme probe et véridique, sauf toutefois quelques pauvres augmentations sur les comptes de l’hôtel d’Arronces, dont j’ai bien soin de faire le détail à mon confesseur, afin d’en décharger ma conscience. Je ne crois pas qu’il y ait un seul intendant capable d’écrire les mots que je viens de tracer, et je pense que cela suffit à établir ma bonne foi. Au surplus, sur le livre d’heures de cette noble dame, j’ai fait serment de dire toute la vérité. Je la dirai d’autant mieux que je n’ai rien à dire. La chose m’est donc bien facile.
    « Lorsque je suis entré ici, cette noble dame m’a demandé si je savais écrire. Je n’ai pu que sourire à cette naïve question. Si je sais écrire ? Je le pense. Le tout est de savoir ce que l’on a à écrire, bien qu’au fond ce ne soit peut-être pas d’une si pressante nécessité.
    « Le fait est que la chose s’est passée comme la nuit où j’ai entendu les cris et où, sans le vouloir, je m’en fus ouvrir la grille du parc. C’est, par ma foi, la pure vérité ; je suis sorti de l’hôtel d’Arronces, n’ayant même pas pris mon déjeuner du matin, tout tourmenté par l’idée qui m’est tout à coup venue de sortir. C’est vainement que j’ai voulu résister à cette idée de sortir, me répétant que rien ne m’appelait au-dehors, et bien certain pourtant que mon devoir était de sortir, sans savoir où j’irais.
    « Je suis donc sorti, et dans le même temps j’ai senti, malgré le froid, une abondante sueur couler de mes tempes, et j’ai dû m’essuyer le visage ; par le même fait, je sentais trembler mon cœur, et mes jambes me portaient à peine, et des frissons me parcouraient tout le corps, non que j’eusse peur, mais je sentais bien que je n’étais plus le même homme et, qu’un je ne sais quoi me poussait vers un but que j’ignorais. Telle est la vérité.
    « Arrivé devant la Maison-Blanche, et m’étant arrêté indécis de savoir s’il fallait poursuivre mon chemin ou retourner à l’hôtel, j’ai vu cette noble dame venir à moi. Ensuite, étant entré ici, elle m’a demandé de porter le message au sire de Ponthus. À quoi j’ai répondu : « Oui, certes, je le porterai et ce sera de la part de ma très noble maîtresse la dame d’Ulloa. » Et à peine eus-je prononcé ces mots que j’en demeurai tout ébaubi, avec quelque chose comme un fracas dans ma pauvre tête, car je jure bien que la dame d’Ulloa ne m’a chargé d’aucun message. Je l’ai dit pourtant. Ce sont bien ces paroles-là que j’ai dites, et le plus surprenant c’est que cette noble dame m’a répondu : « Je crois bien, en effet, que c’est Léonor d’Ulloa qui appelle Clother de Ponthus. »
    « En conséquence de quoi, je vais prendre le message et tout de ce pas me mettre à la recherche du sire de Ponthus, et si je lui dis que je suis envoyé par ma noble maîtresse, je ne dirai pas la vérité, mais je ne mentirai pas. Telle est la vérité. Et je signe :
    « JACQUES AUBRIOT, Intendant de l’hôtel d’Arronces. »
    « Que si cette relation doit servir en quelque jugement de Dieu ou des hommes, je supplie les juges de n’estimer point que je me sois trouvé possédé de quelque démon, car, ayant trempé mes doigts dans le bénitier qui est en le vestibule de ce logis, je jure n’en avoir ressenti aucune brûlure, et c’est en pleine connaissance que j’ai pu réciter et récite encore un Pater. Et que le Seigneur Dieu me soit en aide.
    « JACQUES AUBRIOT. »
    C’est avec une attention concentrée que Clother de Ponthus, ligne après ligne, lut ces deux relations que nous avons transcrites telles quelles, en remplaçant seulement quelques locutions trop vieillies.
    Ayant achevé sa lecture, Clother, doucement, demanda :
    – Voulez-vous me permettre, madame, de conserver ce double récit ?
    Silvia tressaillit, comme rappelée du lointain monde de pensées où elle évoluait.
    – C’est pour vous que j’ai écrit cette relation ; c’est pour vous que j’ai demandé au messager d’écrire la sienne. Gardez donc ce papier qui ne saurait m’être d’aucune utilité…
    Et, avec une curiosité hésitante, elle ajouta :
    – Puis-je vous demander ce que vous comptez
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