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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux
Autoren: Michel Zévaco
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moi était inévitable. Mieux vaut aujourd’hui que demain. Que je le tienne seulement devant moi, et je lui ferai payer ses trahisons. Oui. Mais si je succombe ? Eh bien ! je serai débarrassé d’une existence qui me pèse depuis que… Oh ! mais mourir sans l’avoir revue !… »
    Il marchait, alerte, dans la clarté matinale, et cependant se disait :
    « La revoir ? Mais au fait, pourquoi la revoir ? À quelles fins ? Oserai-je avouer au commandeur d’Ulloa que j’aime sa fille ? Et si je l’ose : « Qui êtes-vous ? » me demanderait-il d’abord. Qui suis-je ? Que suis-je ? Rien. Voilà la vérité. Le nom même que je porte n’est pas à moi. La fille du commandeur Ulloa ne peut être destinée qu’à quelque puissant personnage, prince ou duc. »
    C’est en ruminant ces pensées d’amertume qu’il atteignit le chemin de la Corderie.
    Il passa lentement devant le portail de l’hôtel Loraydan.
    « Si c’est lui qui m’appelle, se disait Clother, je vais le voir sortir. Si c’est un piège qu’il m’a tendu, c’est ici que je vais être attaqué. »
    Il se raidissait, le bras prêt, l’œil aux aguets, la pensée en fièvre.
    Rien ne vint !
    Clother en éprouva comme une déception ; puis un afflux de joie lui monta à la tête, parce qu’il s’affirma : « Puisque ce n’est pas Loraydan qui m’appelle, c’est donc elle vraiment, qui m’a envoyé le messager ! C’est elle qui m’appelle ! »
    Tout le côté gauche du chemin de la Corderie, avons-nous dit, depuis le Temple jusqu’à l’hôtel d’Arronces, était bordé de terrains où se dressaient quelques maisons espacées.
    Lorsque Clother arriva devant la Maison-Blanche, – la plus proche voisine du logis Turquand, d’où l’on pouvait directement observer l’hôtel d’Arronces et son parc, – la porte s’ouvrit, une femme en sortit, s’avança vivement et, s’arrêtant devant le gentilhomme :
    – Monsieur de Ponthus, dit-elle, veuillez me faire la grâce d’entrer un instant chez moi.
    En même temps, elle leva le voile qui couvrait son visage, et le jeune homme, presque sans surprise, reconnut Silvia. Il la salua avec respect, et la suivit en une sorte de parloir.
    – C’est ici que je suis venue me poster, dit-elle sans plus d’explications. Car en venant ici je me rapprochais de lui… puisque je me rapprochais de l’hôtel d’Arronces.
    – Ainsi, vous pensez que votre époux, don Juan Tenorio, n’a pas renoncé à poursuivre Léonor d’Ulloa ? L’avez-vous donc vu rôder dans ce chemin ?
    – Non. Depuis une douzaine de jours que j’ai loué ce logis, je n’ai pas vu don juan. Mais il viendra. J’en suis sûre.
    – Il l’aime donc bien ? fit sourdement Clother, qui tout aussitôt regretta son exclamation pour la fugitive souffrance qu’elle mit aux yeux de Silvia.
    – S’il l’aime ou ne l’aime pas, je l’ignore. Sans doute il l’ignore lui-même. Car don Juan ne se donne même pas la peine de se justifier à ses propres yeux par le prétexte d’une passion sincère à laquelle il ne saurait résister. Mais ce que je sais bien, c’est que jamais de plein gré, il n’a renoncé à celle qu’il convoite. Il faut qu’elle succombe. Ce qu’il appelle son honneur y est engagé. Ce que je sais aussi, ajouta Silvia d’une voix tremblante, c’est que Léonor, c’est la sœur de Christa… Moi vivante, ce crime ne s’accomplira pas.
    – Nous serons deux, madame…
    Sans transition, avec une curiosité avide, elle demanda :
    – Vous êtes venu ?
    L’étrange question provoqua chez Clother une sorte de mystérieux malaise.
    – On m’a remis une lettre, dit-il.
    – Une lettre qui contenait ce mot… ce seul mot : Venez…
    – Oui, madame.
    – C’est moi qui ai écrit cela, dit-elle en frissonnant.
    – Ah ! fit Clother déçu. C’est donc vous qui m’appeliez !…
    – Non, ce n’est pas moi qui vous ai appelé.
    Elle lui désigna un fauteuil et, à mi-voix, avec un regard inquiet aux aguets, autour d’elle :
    – Asseyez-vous, monsieur… Oui, c’est moi qui vous ai écrit… moi ?… peut-être !… Ce qui est sûr, c’est que je ne vous ai pas appelé, moi !… Comment cela s’est fait ? Je l’ai écrit sur cette feuille ( elle plaçait devant lui un papier rempli d’une écriture fine et serrée ). Je ne veux pas vous raconter la chose avec des paroles… parce que… parce qu’on nous écoute, peut-être… J’ai
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