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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux
Autoren: Michel Zévaco
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c’était :
    VENEZ…
    Dans l’instant qui suivit, Clother, soudain, éprouva en coup d’éclair cette étrange impression que ce mot n’avait pas été écrit par Léonor d’Ulloa. Il en eut comme un déchirement, et se murmura :
    « C’eût été trop beau ! »
    Dans son voyage aux côtés de Léonor, Ponthus avait eu deux fois l’occasion de voir l’écriture de la jeune fille. Nous avons dit avec quelle précision Clother, par un effort de pensée presque maladif, parvenait à reconstituer Léonor dans son imagination. Léonor tout entière, avons-nous indiqué. Non seulement son portrait, mais sa voix, les détails de son costume, et tout ce qui la concernait. En cette minute, il avait sous les yeux la véritable écriture de Léonor, grande, large, maladroite, un peu écolière, avec des jambages qui disaient clairement le dédain de la noble Espagnole pour l’art de noircir du papier, mais qui, en leur structure tourmentée, proclamaient aussi des instincts de pure artiste.
    Le mot « Venez » avait été tracé d’une écriture fine et ferme et droite, et parfaitement élégante, avec on ne savait quoi de très fier dans le graphisme.
    « Ce n’est pas son écriture », s’affirma Clother.
    Il se prit alors à étudier, avec une avide curiosité soudain éveillée, ce papier qu’il tenait à la main.
    Et vraiment, l’apparence en était bizarre, inquiétante, créatrice d’étranges soupçons, en vérité.
    Nous avons dit qu’il n’y avait qu’un mot d’écrit, nous voulions dire un seul mot de message, qui était : Venez.
    Mais au-dessus de ce mot, un peu plus haut sur la page, on avait écrit : Clother de Ponthus.
    C’était donc bien à Clother que s’adressait le mot Venez. Aucun doute n’était possible.
    Ceci n’est rien. Ce qui donnait à ce papier cet aspect inquiétant et bizarre que nous disions, c’est que, plus haut, au-dessus de Clother de Ponthus, on avait tracé des commencements de lignes illisibles. Et ces commencements de lignes étaient formés eux-mêmes de commencements de caractères, de lettres inachevées, de signes maladroits, tourmentés, informes, parfaitement illisibles.
    Clother de Ponthus, à la fin, eut un haussement d’épaules qui signifiait : « Je ne comprends pas ! »
    Il considéra Bel-Argent, attentif. Il considéra le messager, qui lui parut se troubler un peu.
    – Vous venez de l’hôtel d’Arronces ? demanda-t-il.
    – En passant par l’auberge de la Devinière, oui, seigneur, répondit avec fermeté le messager.
    – Vous êtes l’intendant de l’hôtel ?
    – J’ai cet honneur.
    – Et vous êtes envoyé par votre maîtresse ? C’est elle qui, pour moi, vous a remis ce message ?
    – Elle-même, oui, sire de Ponthus, répondit le messager, mais cette fois après une visible hésitation.
    La sombre et hautaine figure de Loraydan se dressa dans l’esprit de Clother.
    Il demeura quelques secondes pensif, puis, d’un geste rapide portant la main à la garde de sa rapière :
    – Épée de Ponthus, murmura-t-il, sois-moi fidèle. C’est bien, ajouta-t-il. À qui vous a envoyé, vous direz que je me rends à l’instant à l’invitation de cette lettre.
    Le messager salua et se retira. Bel-Argent eut un mouvement pour s’élancer derrière lui. Mais Clother le retint d’un geste.
    – Je vais m’absenter tout le jour, dit-il. Tu es libre d’aller où tu voudras.
    C’était son mot de tous les matins. Mais cette fois Bel-Argent s’écria :
    – Quoi ! Vous ne m’ordonnez pas de vous accompagner, armé d’une bonne dague ?
    – Je t’ordonne de ne pas me suivre, dit froidement Clother.
    Et il sortit, laissant Bel-Argent, qui haussait les épaules. Une demi-heure plus tard, l’ancien batteur d’estrade sortit à son tour. En ce jour, il devait lui arriver une aventure que nous raconterons. Disons seulement qu’ayant reçu l’ordre formel de ne pas suivre son maître, Bel-Argent se dirigea vers la Seine, décidé à passer sa journée le plus joyeusement qu’il pourrait.

II
 
PAR QUI CLOTHER DE PONTHUS ÉTAIT APPELÉ
    Ce fut sans hésitation que Clother se dirigea vers l’hôtel d’Arronces. Il était convaincu que Léonor n’était pour rien dans le message qu’il venait de recevoir. Qui donc l’appelait ?
    « C’est ce Loraydan, se disait-il tout en marchant rapidement. Il a dû me dresser quelque embuscade. Eh bien ! soit : tôt ou tard, une rencontre mortelle entre cet homme et
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