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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux
Autoren: Michel Zévaco
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I
 
UN APPEL MYSTÉRIEUX {1}
    Après la signature à Nice du traité de paix – de la trêve plutôt – entre François I er et Charles-Quint, en 1538, une nouvelle parvint à l’empereur qui le jeta dans une grande fureur : la ville de Gand, dans les Flandres soumises à sa domination, venait de se révolter. Pour réprimer l’insurrection, une seule solution : frapper vite et fort, afin d’éviter que la révolte prît de l’ampleur dans tous les pays du Nord, asservis sous le joug espagnol.
    C’est dans ces conjonctures difficiles pour l’empire que Charles-Quint dépêcha auprès de François I er son ambassadeur secret, don Sanche d’Ulloa pour obtenir du roi de France l’autorisation de laisser passer les troupes espagnoles à travers le royaume. François I er y consentit, espérant être payé de retour par l’adjonction à la couronne de France de la province du Milanais.
    Il emploie à cette fin son conseiller, Amauri de Loraydan qui accompagne jusqu’à Angoulême le commandeur Ulloa.
    Quand celui-ci, porteur de la bonne nouvelle, arriva à la frontière espagnole où l’attendait impatiemment Charles-Quint, il eut le pressentiment qu’un affreux malheur s’était abattu sur sa famille, laissée à Séville. Là vivaient ses deux filles qu’il adorait : Reyna-Christa et Léonor.
    Pendant l’absence de leur père, les jeunes filles sortaient peu. Pourtant, l’une, Reyna-Christa – la cadette – n’avait su résister aux promesses et aux serments d’amour de don Juan Tenorio, gentilhomme espagnol qui, bien que marié avec dona Silvia, l’avait séduite. Folle de douleur en apprenant de la bouche même de dona Silvia, la félonie de son séducteur, Reyna-Christa préféra la mort à la honte et au déshonneur.
    Léonor partit pour la France à la recherche de son père, poursuivie elle-même à son tour par don Juan Tenorio, ébloui par sa fascinante beauté. Mis en présence de don Sanche d’Ulloa, don Juan aura le front de lui demander la main de sa fille Léonor. Don Sanche d’Ulloa, pour venger cet affront et la mort de Reyna-Christa, se bat en duel contre le vil séducteur, qui le tue. L’empereur fiance Léonor – contre son gré – avec Amauri de Loraydan.
    Heureusement, Léonor aura pour défenseur un chevaleresque gentilhomme français, Clother de Ponthus et son valet, dit Bel-Argent. Clother de Ponthus a toujours mis son épée au service des nobles causes. La cour du roi François I er , avec ses scandales et ses amours dissolues, l’écœure. Amauri de Loraydan lui a voué une haine farouche.
     
    Un matin, Clother de Ponthus, au moment où il allait quitter son logis, vit entrer dans sa chambre son valet Bel-Argent, qui lui dit :
    – Monsieur, il y a là une espèce d’homme noir qui ne me dit rien qui vaille. Il vous a demandé à l’hôtellerie de la Devinière, et a su que vous êtes logé ici. Il prétend qu’il a pour vous un message, et veut vous voir.
    – Fais-le entrer, dit Clother.
    – Ne vaut-il pas mieux que je le jette par la fenêtre, ou que je lui fasse redescendre l’escalier la tête la première ou que je l’assomme d’un coup de poing entre les deux yeux ?
    – Fais-le entrer.
    – Seigneur de Ponthus, avez-vous donc oublié l’auberge de la Grâce de Dieu ? Rappelez-vous au moins, car c’est tout proche, que vous avez failli passer de vie à trépas dans la cage où le damné comte de Loraydan vous condamna à la faim, et qui pis est, à la soif ? Croyez-moi, ce soi-disant messager, avec sa face d’espion, bonne pour les fourches patibulaires, ne mérite nulle créance.
    – Fais-le entrer.
    – C’est bon, grommela Bel-Argent, j’y vais. Mais quand vous vous serez fait tuer, où diable pourrai-je trouver un maître tel que vous ?
    Bel-Argent introduisit un homme de respectable apparence, tout vêtu de noir, qui s’inclina devant Clother, en un salut de bon style, et prononça :
    – Ai-je l’honneur de parler à Clother, sire de Ponthus ?
    – À lui-même.
    – En ce cas, je suis Jacques Aubriot, intendant général de l’hôtel d’Arronces, et voici une dépêche que m’a chargé de vous remettre en propres mains haute et noble dame Léonor d’Ulloa, ma gracieuse maîtresse.
    Clother devint très pâle, et son cœur, un instant, cessa de battre. Il saisit le pli qu’on lui tendait, le déplia, et il eut un éblouissement… la lettre de Léonor se composait d’un seul mot, et ce mot,
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