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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux
Autoren: Michel Zévaco
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de Dieu s’accomplisse ! » ai-je pensé. Et, récitant une prière à la Vierge avec toute la foi dont je suis capable, j’ai laissé ma main errer sur le papier… Et la plume, l’un après l’autre, inscrivait des fragments de signes, de petites barres, des commencements de cercles, et, patiente, elle recommençait, tentant, bien évidemment, de former des lettres, comme la main d’un tout petit enfant qui, par amusement, pour la première fois, a pris une plume. Et soudain, une lettre se forma, très nette, un C, la première lettre du mot Clother, ainsi que je l’ai vu ensuite… C’est dans cet instant que le flambeau s’est éteint, la cire entièrement consumée.
    « Dans les ténèbres, j’entendis ma pauvre voix murmurer la prière ; je sentais ma main hésitante glisser sur le papier… j’écrivais !
    « J’ai eu tout à coup une petite secousse, la plume est tombée de mes doigts, j’ai éprouvé une grande fatigue dans tout le bras, elle s’est promptement dissipée ; j’ai compris que c’était fini. Alors, je me suis levée ; à tâtons, j’ai cherché un flambeau, je l’ai allumé à la veilleuse qui, dans le vestibule, brûle devant l’image de Notre-Dame des douleurs ; étant revenue dans le parloir, je me suis d’abord mise en prières, n’osant pas regarder le papier, et pourtant tourmentée du désir de le voir. Je me suis enfin approchée de la table, et, avidement, j’ai regardé cette feuille sur laquelle deux lignes étaient écrites ; la première comprenait ces mots :
    CLOTHER DE PONTHUS
    « Et bien plus bas, la deuxième ligne était composée de ce mot :
    VENEZ
    « Clother de Ponthus est ce jeune gentilhomme français que j’ai vu, par une inoubliable nuit de douleur, en la grande salle de l’auberge de la Devinière, sise rue Saint-Denis, à Paris. Sur sa figure se lit ouvertement la loyauté de son âme. C’est donc un de ces hommes qui, dès le premier regard, inspirent la confiance.
    « Donc, il me semblait, c’est à Clother de Ponthus qu’était destiné le message tracé par ma main. Et par ce message, il était appelé. Mais où ? Par qui ? C’est ce que, durant des heures, je me suis demandé. Ce n’est pas moi qui l’appelle. Si brave, si loyal qu’il soit, qu’ai-je affaire, moi, à Clother de Ponthus ?… Songeant à cet étrange événement, j’ai senti peu à peu une sorte d’apaisement se faire en moi. La pensée que je dusse faire parvenir le message ne m’est pas venue un instant. Au contraire, durant ces longues heures, j’ai eu constamment la certitude que le message serait porté à Clother de Ponthus sans que ma volonté intervienne, et je ne saurais dire d’où me venait cette certitude. Brisée de fatigue, je me suis endormie dans le fauteuil où j’étais assise, et ne me suis éveillée qu’au grand jour.
    « M’étant alors approchée de la fenêtre, j’ai vu arriver et s’arrêter devant mon logis l’homme qui, très certainement devait porter le message. J’ai pris le papier, je l’ai convenablement plié, et j’ai remis le message à l’homme.
    « En foi de quoi je signe :
    « Silvia FLAVILLA,
    « Comtesse d’Oritza. »
    La relation qu’on vient de lire était suivie d’une autre que nous transcrivons à cette place en la cataloguant sous le titre suivant :
    Témoignage de Jacques Aubriot,
    intendant de l’hôtel d’Arronces.
    « Invité par cette noble dame à entrer dans le logis connu sous le nom de Maison-Blanche, elle m’a demandé de raconter ici, sous la foi du serment, comment j’ai été amené devant cette porte. C’est ce que je vais faire, et pour me donner du courage, cette noble dame, me voyant tout pâle, m’a fait boire un grand verre de son vin d’Espagne, qui est excellent. Quant au courage, feu Nicolas Aubriot, mon digne père, n’en manquait certes pas, puisqu’il servit sous la bannière du sire de Berlandier, fameux capitaine d’armes, et je pense que le proverbe ne saurait mentir, qui dit : « Tel père, tel fils. » Si donc cette noble et puissante dame m’a vu pâle, ainsi qu’elle m’a fait le très grand honneur de m’en informer, cela tenait à ce que je suis sorti de l’hôtel d’Arronces devant que d’avoir pris mon premier déjeuner matinal, qui consiste en une bonne tranche de venaison froide, arrosée d’un bon gobelet de vin blanc. Quant à dire la vérité, mon caractère, mes habitudes, les hautes fonctions que j’occupe, à la
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