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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux
Autoren: Michel Zévaco
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dit Léonor.
    – Faites donc ! dit le roi François.
    Alors Léonor, à son tour, d’une main agile, se mit à compulser les papiers de la cassette de Ponthus. Tous les parchemins de Philippe de Ponthus, tous les papiers qui établissaient les droits de Clother sur la seigneurie de Ponthus, elle les laissa dans la cassette. Tous les autres : lettres d’Agnès, lettres de François I er , tout ce qui établissait la filiation naturelle de Clother, elle les mit de côté.
    De ces papiers, elle fit une liasse.
    Et elle se dirigea vers la cheminée, où il y avait un bon feu de bûcher.
    Clother se plaça devant elle et doucement lui dit :
    – Léonor, donnez-moi ces parchemins que la main de ma mère a touchés…
    – Les voici, monseigneur.
    Clother prit la liasse, imprima un long baiser sur ce pauvre tas de papiers, comme il eût baisé le front de la morte… et ce fut lui qui marcha à la cheminée.
    Il s’agenouilla et, d’un geste de douceur infinie, déposa la liasse sur le brasier.
    François I er se découvrit…
     
    La liasse flamba. Bientôt, il n’en resta plus que quelques feuilles de cendre qui, à leur tour, s’émiettèrent, disparurent, et ce fut fini.
    Plus rien au monde ne pouvait témoigner que Clother de Ponthus fût le fils du roi de France.
    Quand ce fut fini, Clother se releva.
    Il se trouva alors devant Léonor, et, avec un gémissement, il ouvrit les bras. Léonor s’y jeta. Une minute François I er , immobile, la tête nue, n’entendit que les sanglots et les soupirs de ces deux gracieux enfants qui s’étreignaient de toute la force de leur amour, mais qui, en cet instant, donnaient tout ce qu’il y avait de pur et de noble en leurs cœurs à la pauvre morte…
    – Mes enfants ! balbutia François I er . Mes chers enfants…
    Clother se détacha de celle qu’il adorait et, souriant parmi ses larmes, fixa son père, en mettant un doigt sur ses lèvres :
    – Sire, murmura-t-il, nous devons obéir à la morte… à ma mère !
    François I er se raidit. Il saisit Léonor par la main, l’entraîna dans l’embrasure d’une fenêtre, et lui dit :
    – Je veux que votre mariage ait lieu avant un mois. Il se fera dans la chapelle de l’hôtel d’Arronces… Si vous le permettez au roi de France, mon enfant, François assistera à la bénédiction qui vous sera donnée par l’archevêque de Paris…
    – Sire ! Sire !…
    – J’obéirai au vœu de ma bien-aimée Agnès. Mais Agnès ne m’a pas défendu de m’occuper de votre fortune, à vous…
    – Sire ! balbutia Léonor.
    – Silence, mon enfant. J’ai obéi, moi, le roi. Obéissez à votre tour. C’est donc moi qui ferai votre dot. Le jour de votre mariage, vous recevrez les lettres patentes qui élèveront en duché le domaine de Ponthus que je doterai des revenus et privilèges capables d’embellir votre existence et celle de votre époux. Soyez heureuse, ma chère fille. La morte a dit qu’elle me pardonne. Je croirai vraiment à ce pardon si vous et votre époux décidez de vivre dans votre hôtel d’Arronces et si vous permettez à François d’y venir parfois, près de vous, près d’Agnès de Sennecour.
    Et le roi, brusquement, quitta Léonor pour s’avancer vers Clother de Ponthus :
    – Monsieur, dit-il, n’avez-vous rien à demander au roi de France ?
    – Oui, Sire, dit Clother, une grâce.
    – Dites vite ! fit le roi avec un mouvement de joie.
    – La grâce de Bel-Argent, dit Clother en souriant. Ce brave a été arrêté en même temps que moi et…
    – Holà ! Holà ! interrompit François I er en appelant.
    – Sire, fit Guitalens, qui apparut tout effaré.
    – Monsieur le gouverneur, vous avez dans vos cachots un certain Bel-Argent ?
    – Oui, Majesté, un dangereux rebelle qui…
    – De quel droit retenez-vous ce brave ? Allez, monsieur, allez le délivrer vous-même, de ce pas ; conduisez-le jusqu’à la porte de la forteresse et donnez-lui l’ordre de se rendre aussitôt à l’hôtel d’Arronces, où il retrouvera son maître…
    Le lendemain de ce jour, Clother partit pour son castel de Ponthus avec Léonor d’Ulloa. Le roi avait, à regret, permis ce voyage, qui devait, aller et retour, durer en tout vingt jours. Il n’y consentit que contre l’engagement pris par Clother et Léonor de venir vivre au moins six mois par an à Paris, en l’hôtel d’Arronces. Le mariage devait être célébré au retour. Bel-Argent fit, naturellement, partie
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