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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux
Autoren: Michel Zévaco
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Majesté a appelé…
    – Oui, monsieur ! fit le roi d’un accent de colère qui ébahit et fit trembler le gouverneur. Comment a-t-on eu l’audace d’enlever son pourpoint à ce gentilhomme ? Et son épée ? Par la mort-Dieu ! Qu’avez-vous fait de son épée ?
    – Sire !… balbutia l’infortuné Guitalens.
    – Assez ! Hâtez-vous ! Que dans quelques instants ce gentilhomme reparaisse devant moi habillé et armé selon ses droits et privilèges ! Allez !…
    Le gouverneur se précipita, saisit Clother par une main, du geste le plus prompt et le plus respectueux qu’il put trouver, et l’entraîna.
    Lorsque Clother de Ponthus rentra dans l’appartement, l’épée au côté, vêtu comme un élégant seigneur de la cour, il vit le roi assis devant la cassette, continuant à lire, et, devant lui, Léonor immobile – et il put croire que rien ne s’était passé.
    François I er , longtemps encore, garda dans ses mains ces papiers à l’écriture jaunie, images à demi effacées d’un passé mort.
    Au fond de la cassette, il restait un objet et une lettre encore.
    Le roi eut un long soupir, et, se levant, prit cette dernière lettre qu’il tendit à Léonor en lui disant :
    – Lisez, et dites-moi ce que je dois faire…
    Puis il prit l’objet. C’était une miniature qui représentait une femme dans tout l’éclat de sa jeune et souriante beauté blonde, dans tout le resplendissement de son amour et de son bonheur.
    Cette miniature, il la tendit à Clother de Ponthus.
    – Monsieur, dit-il d’une voix étouffée, voici le portrait de la très noble dame Agnès de Sennecour, votre mère ! Prenez-le, gardez-le, il vous appartient. Je vous demande seulement, lorsque vous le regarderez, de vous souvenir que c’est moi qui vous l’ai remis.
    Clother saisit d’une main tremblante le portrait de sa mère. Mais ce ne fut pas sur cette adorable miniature que ses yeux se portèrent d’abord, non, ce fut le roi qu’il fixa d’un étrange regard, tandis qu’il pâlissait, tandis que François I er lui-même le considérait avec une avide attention, où il y avait de la joie et de la douleur, de la crainte et de l’orgueil.
    Un instant, ils s’étreignirent du regard, et de leurs deux cœurs un cri jaillit… un cri qui s’arrêta sur leurs lèvres closes… un cri qui à jamais devait demeurer étouffé dans le secret de leurs consciences.
    « Mon fils !… »
    « Mon père !… »
    Ce fut tout. Seulement François I er détourna la tête et murmura :
    – C’est votre mère. Nulle femme au monde n’est plus digne de votre amour et de votre vénération…
    Clother alors abaissa les yeux sur ce portrait qu’il tenait dans ses deux mains, comme il eût tenu quelque fleur précieuse ou quelque inestimable joyau.
    Voici ce que contenait la lettre que le roi venait de remettre à Léonor d’Ulloa :
    Cher Sire,
    Je vais mourir, et veux vous dire que je vous pardonne, tant je vous ai aimé. Hélas ! il y a peu de jours encore, je vous appelais François, et maintenant je dois vous appeler Sire. C’est un titre bien lourd. Sachez donc, mon cher Sire, que notre enfant est vivant et que je le confie à ce bon, à ce noble Philippe, dont le regard de tendresse et de dévouement me soutient encore. Si notre fils vit, cher François, s’il atteint l’âge d’homme, je désire qu’il ignore le nom de son père, et que toutes preuves de sa filiation soient détruites. Je le désire, François, parce que vous êtes roi. Je le désire, parce que je veux que mon fils soit heureux. Vous m’avez trompée, Sire, et j’en meurs. Mais je sais que vous n’avez point une âme méchante. Si un jour donc, vous apprenez que celui à qui j’ai donné le nom de Clother est votre fils, roi de France, pardonnez-lui, ne lui faites pas expier ce crime d’être fils de roi, d’être sans doute un remords vivant pour vous. Le noble Philippe de Ponthus pourvoira à la fortune de mon enfant. Si modeste qu’elle soit, je désire que vous n’y ajoutiez rien. Adieu, Sire ; adieu, François. Puissiez-vous entendre le dernier vœu de celle qui vous a aimé. En mourant, je prie Dieu qu’il vous donne la paix du cœur et qu’il vous tienne en sa sainte garde.
    AGNÈS DE SENNECOUR.
    François I er regarda Léonor, qui achevait la lecture de cette lettre, et il la vit qui pleurait à chaudes larmes. Alors, lui aussi, il se mit à pleurer. Et il répéta :
    – Que dois-je faire ?
    – Obéir !
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