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Le Prince

Le Prince

Titel: Le Prince
Autoren: Nicolas Machiavel
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de César
Borgia.
    Francesco Sforza, par une grande valeur et par
le seul emploi des moyens convenables, devint, de simple
particulier, duc de Milan ; et ce qui lui avait coûté tant de
travaux à acquérir, il eut peu de peine à le conserver.
    Au contraire César Borgia, vulgairement appelé
le duc de Valentinois, devenu prince par la fortune de son père,
perdit sa principauté aussitôt que cette même fortune ne le soutint
plus, et cela quoiqu'il n'eût rien négligé de tout ce qu'un homme
prudent et habile devait faire pour s'enraciner profondément dans
les États que les armes d'autrui et la fortune lui avaient donnés.
Il n'est pas impossible, en effet, comme je l'ai déjà dit, qu'un
homme extrêmement habile pose, après l'élévation de son pouvoir,
les bases qu'il n'aurait point fondées auparavant ; mais un
tel travail est toujours très pénible pour l'architecte et
dangereux pour l'édifice.
    Au surplus, si l'on examine attentivement la
marche du duc, on verra tout ce qu'il avait fait pour consolider sa
grandeur future ; et c'est sur quoi il ne paraît pas inutile
de m'arrêter un peu ; car l'exemple de ses actions présente
sans doute les meilleures leçons qu'on puisse donner à un prince
nouveau, et si toutes ses mesures n'eurent en définitive aucun
succès pour lui, ce ne fut point par sa faute, mais par une
contrariété extraordinaire et sans borne de la fortune.
    Alexandre VI, voulant agrandir le duc son
fils, y trouva pour le présent et pour l'avenir beaucoup de
difficultés. D'abord, il voyait qu'il ne pouvait le rendre maître
que de quelque État qui fût du domaine de l'Église ; et il
savait que les ducs de Milan et Venise n'y consentiraient point,
d'autant plus que Faenza et Rimini étaient déjà sous la protection
des Vénitiens. Il voyait de plus toutes les forces de l'Italie, et
spécialement celles dont il aurait pu se servir, dans les mains de
ceux qui devaient redouter le plus l'agrandissement du pape ;
de sorte qu'il ne pouvait compter nullement sur leur fidélité, car
elles étaient sous la dépendance des Orsini, des Colonna, et de
leurs partisans. Il ne lui restait donc d'autre parti à prendre que
celui de tout brouiller et de semer le désordre entre tous les
États de l'Italie, afin de pouvoir en saisir quelques-uns à la
faveur des troubles. Cela ne lui fut point difficile. Les
Vénitiens, en effet, s'étant déterminés, pour d'autres motifs, à
rappeler les Français en Italie, non seulement il ne s'opposa point
à ce dessein, mais encore il en facilita l'exécution par la
dissolution du mariage déjà bien ancien du roi Louis XII avec
Jeanne de France. Ce prince vint donc en Italie avec l'aide des
Vénitiens et le consentement du pape ; et à peine fut-il
arrivé à Milan, qu'Alexandre en obtint des troupes pour une
expédition dans la Romagne, qui lui fut aussitôt abandonnée par
l'effet seul de la réputation du roi. Le duc de Valentinois, ayant
ainsi acquis cette province, trouva son dessein de s'affermir et de
faire des progrès ultérieurs contrariés par deux difficultés :
l'une venait de ce que les troupes qu'il avait ne lui paraissaient
pas bien fidèles ; l'autre tenait à la volonté du roi,
c'est-à-dire que, d'un côté, il craignait que les troupes des
Orsini, dont il s'était servi, ne lui manquassent au besoin, et non
seulement ne l'empêchassent de faire de nouvelles acquisitions,
mais ne lui fissent même perdre celles qu'il avait déjà
faites ; de l'autre, il appréhendait que le roi n'en fît tout
autant. Quant aux troupes des Orsini, il avait déjà fait quelque
épreuve de leurs dispositions, lorsque, après la prise de Faenza,
étant allé attaquer Bologne, il les avait vues se conduire très
froidement ; et, pour ce qui est du roi, il avait pu lire le
fond de sa pensée, lorsque, ayant voulu, après s'être emparé du
duché d'Urbin, tourner ses armes contre la Toscane, ce prince
l'avait obligé à se désister de son entreprise.
    Dans ces circonstances, le duc forma le
dessein de se rendre indépendant des armes et de la volonté
d'autrui. Pour cela, il commença par affaiblir dans Rome les partis
des Orsini et des Colonna, en gagnant tous ceux de leurs adhérents
qui étaient nobles, les faisant ses gentilshommes, leur donnant,
selon leur qualité, de riches traitements, des honneurs, des
commande­ments de troupes, des gouvernements de places : aussi
arriva-t-il qu'en peu de mois l'affection de tous les partis se
tourna vers
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