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Le Prince

Le Prince

Titel: Le Prince
Autoren: Nicolas Machiavel
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les uns contre les autres, chacun des
partis put gagner et avoir pour soi celles de ces anciennes
principautés où il avait le plus d'influence, et qui, après
l'extinction de la race de leurs princes, ne connaissaient plus
d'autre domination que celle de Rome.
    Quiconque aura réfléchi sur toutes ces
considérations ne s'étonnera plus sans doute de la facilité avec
laquelle Alexandre se maintint en Asie, et de la peine, au
contraire, que d'autres, tels que Pyrrhus, eurent à conserver leurs
conquêtes. Cela ne tint point à l'habileté plus ou moins grande du
conquérant, mais à la différente nature des États conquis.

Chapitre 5 Comment on doit gouverner les États ou principautés qui, avant la
conquête, vivaient sous leurs propres lois
    Quand les États conquis sont, comme je l'ai
dit, accoutumés à vivre libres sous leurs propres lois, le
conquérant peut s'y prendre de trois manières pour s'y
maintenir : la première est de les détruire ; la seconde,
d'aller y résider en personne ; la troisième, de leur laisser
leurs lois, se bornant à exiger un tribut, et à y établir un
gouvernement peu nombreux qui les contiendra dans l'obéissance et
la fidélité : ce qu'un tel gouvernement fera sans doute ;
car, tenant toute son existence du conquérant, il sait qu'il ne
peut la conserver sans son appui et sans sa protection ;
d'ailleurs, un État accoutumé à la liberté est plus aisément
gouverné par ses propres citoyens que par d'autres.
    Les Spartiates et les Romains peuvent ici nous
servir d'exemple.
    Les Spartiates se maintinrent dans Athènes et
dans Thèbes, en n'y confiant le pouvoir qu'à un petit nombre de
personnes ; néanmoins ils les perdirent par la suite. Les
Romains, pour rester maîtres de Capoue, de Carthage et de Numance,
les détruisirent et ne les perdirent point. Ils voulurent en user
dans la Grèce, comme les Spartiates ils lui rendirent la liberté,
et lui laissèrent ses propres lois mais cela ne leur réussit point.
Il fallut, pour conserver cette contrée, qu'ils y détruisissent un
grand nombre de cités ; ce qui était le seul moyen sûr de
posséder. Et, au fait, quiconque ayant conquis un État accoutumé à
vivre libre, ne le détruit point, doit s'attendre à en être
détruit. Dans un tel État, la rébellion est sans cesse excitée par
le nom de la liberté et par le souvenir des anciennes institutions,
que ne peuvent jamais effacer de sa mémoire ni la longueur du temps
ni les bienfaits d'un nouveau maître. Quelque précaution que l'on
prenne, quelque chose que l'on fasse, si l'on ne dissout point
l'État, si l'on n'en disperse les habitants, on les verra, à la
première occasion, rappeler, invoquer leur liberté, leurs
institutions perdues, et s'efforcer de les ressaisir. C'est ainsi
qu'après plus de cent années d'esclavage Pise brisa le joug des
Florentins.
    Mais il en est bien autrement pour les pays
accoutumés à vivre sous un prince. Si la race de ce prince est une
fois éteinte, les habitants, déjà façonnés à l'obéissance, ne
pouvant s'accorder dans le choix d'un nouveau maître, et ne sachant
point vivre libres, sont peu empressés de prendre les armes ;
en sorte que le conquérant peut sans difficulté ou les gagner ou
s'assurer d'eux. Dans les républiques, au contraire, il existe un
principe de vie bien plus actif, une haine bien plus profonde, un
désir de vengeance bien plus ardent, qui ne laisse ni ne peut
laisser un moment en repos le souvenir de l'antique liberté :
il ne reste alors au conquérant d'autre parti que de détruire ces
États ou de venir les habiter.

Chapitre 6 Des principautés nouvelles acquises par les armes et par l'habileté
de l'acquéreur
    Qu'on ne s'étonne point si, en parlant de
principautés tout à fait nouvelles, de princes et d'État, j'allègue
de très grands exemples. Les hommes marchent presque toujours dans
des sentiers déjà battus ; presque toujours ils agissent par
imitation ; mais il ne leur est guère possible de suivre bien
exactement les traces de celui qui les a précédés, ou d'égaler la
vertu de celui qu'ils ont entrepris d'imiter. Ils doivent donc
prendre pour guides et pour modèles les plus grands personnages,
afin que, même en ne s'élevant pas au même degré de grandeur et de
gloire, ils puissent en reproduire au moins le parfum. Ils doivent
faire comme ces archers prudents, qui, jugeant que le but proposé
est au-delà de la portée de leur arc et de leurs forces,
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