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Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour
Autoren: Pierre Naudin
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des égards considérables. Or, les Castillans n’eurent qu’un dessein, qui faillit aboutir : s’emparer de l’arsenal. La plupart furent massacrés près de la Porte des Carmes et ceux qui n’avaient pas participé au complot furent libérés en septembre 1362 : ils s’allièrent immédiatement à des routiers de passage et ravagèrent les faubourgs de Nîmes.
    La plupart des Tard-Venus de Brignais eurent envie de passer par Pont-Saint-Esprit. Ils y avaient déjà exercé leurs méfaits du 28 décembre 1359 à la fin de 1361 (sans parler de ceux d’Arnaud de Cervole). Leur réapparition dans cette ville après la bataille de Brignais est signalée dans La Seconde vie d’Innocent VI et confirmée par Froissart qui emploie, dans le chapitre CXLVII, Livre I, partie II de ses Chroniques, l’adverbe derechef.
    Cependant, pour descendre vers le sud, ils s’étaient séparés en trois armées divergentes. D’après les chroniqueurs Caesar de Nostradamus et Fantoni, les uns descendirent la rive droite du Rhône et investirent Pont-Saint-Esprit ; les autres allèrent droit sur Montpellier et les troisièmes vers Carpentras. Le pape, en mauvaise santé (il devait mourir le 12 septembre) qui les avait déjà traités de « fils de Bélial », les compara, cette fois, à des Turcs, et chargea le cardinal d’Ostie, Bertrand du Colombier, ex-évêque d’Arras, de prêcher et de conduire la croisade contre cette engeance. Hélas ! Le cardinal mourut, vraisemblablement de la peste, et les ravages des Tard-Venus continuèrent jusqu’à ce qu’ils eussent reçu 60 000 florins.
    Dans son ouvrage : Les routiers au XIVe siècle ; les Tard-Venus et la bataille de Brignais (Lyon, Scheuring éd., 1859), M. P. Allut a dressé un vaste calendrier des méfaits commis par ces années terrifiantes :
    23 août 1362, soit un mois jour pour jour après la signature du traité de Clermont : Penin Borra passe à Montpellier, loge à Bouzigues et détruit la bourgade après l’avoir pillée : meurtres, viols, incendies.
    24 août : Jean Hazenorgue, Pierre de Montaut et Espiote passent à Saint-Martin-de-Prunet, logent à Miraval. Vie, la Verune et Pinhan qu’ils réduisent en cendres, tandis que, le même jour, le Bâtard de Breteuil et Bertuchin sont à Montpellier et logent au couvent des frères mineurs, qu’ils pillent.
    Ensuite, le Bâtard de Breteuil et Bertuchin vont à Carcassonne : pillage. Garciot (ou Garcie) du Châtel les rejoint et participe à la fête.
    25 août : Jean Aymery et le Petit-Meschin passent par Montpellier et y sèment la terreur.
    Le Petit-Meschin est tout fier d’avoir assailli Uzès le 23 août, et de s’être aventuré à Nîmes.
    D’autres compagnies assiègent le Puy et incendient Florac. Louis Robaud, lieutenant de Seguin de Badefol, opère en Vivarais. Capturé à Annonay, il est pendu et coupé en quartiers : il se flattait d’avoir rançonné, à la Cour d’Avignon, les ambassadeurs de Castille.
    11 septembre : Henri de Trastamare et Arnoul d’Audrehem passent enfin dans les contrées ravagées afin de voir si les accords de Clermont ont été respectés !
    Le bilan des crimes commis par les Tard-Venus, après ce traité où Jean le Bon fut dupé une fois de plus, tient, dans l’ouvrage de M. Allut, une dizaine de pages serrées ! Le retard considérable d’Audrehem à Brignais, où sa participation eût pu changer le cours de la bataille, la part qu’il prit aux négociations de Clermont avec le Trastamare et le peu de soin qu’il accorda au respect de la plupart des clauses du traité de Clermont rendent suspect cet homme sans parole, dépourvu de cet honneur chevaleresque dont il se prévalait. Prisonnier à Poitiers, il ne paya jamais sa rançon au prince de Galles, malgré les assurances qu’il lui avait fournies, de sorte qu’après la défaite de Najera (3 avril 1367) Édouard de Woodstock, qui l’avait à nouveau fait prisonnier, le fit passer en conseil de guerre. La sentence fut la mise à mort. Il est permis de se demander après quels discours et palinodies Audrehem sauva sa peau.
    Quant à l’état du Languedoc et de la France, il devait être sinistre, hallucinant (pour des gens du XX e siècle). Un des disciples de Dante, Fazio degli Uberti, raconte dans son poème Il Dittamundo qu’aucune maison n’était debout dans les campagnes, que tous les champs devenaient friches (sauf en Picar die) et que les protecteurs ne valaient pas mieux que les
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