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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort
Autoren: Paul C. Doherty
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Limassol, pour Marseille. Ensuite, Gaston nous emmena au nord, à Angers, où il était connu de l’évêque. Ce dernier, le tenant en haute estime, lui permit de s’installer dans un château abandonné, un endroit splendide à l’orée d’une forêt bordant de riches champs et des cours d’eau poissonneux.
    — Vous vous y êtes donc établis ?
    — En effet. Gaston nous a appelés sa Compagnie du Saint-Esprit. Je pense que c’était avant tout une plaisanterie. C’était l’homme le plus noble, le meilleur que j’aie jamais rencontré. Il devint notre dieu, notre sauveur, notre mère, notre père, notre grand frère, notre grande soeur, notre prêtre et notre confesseur. Il nous traitait avec douceur, avec tendresse, et nous guidait. Il était persuadé d’avoir échappé à la mort dans ce seul but.
    — Vous saviez pourtant manier les armes, n’est-ce pas ?
    — Oui, quelques-uns d’entre nous. J’étais le plus âgé. Gaston nous expliquait que, dans cette vallée de larmes, nous devions nous défendre ; il m’a appris à manier l’épée, le poignard, et surtout le grand arc, talent où il était devenu expert lors de son séjour en Angleterre. Bien qu’il m’ait narré l’histoire de l’arc, son emploi par les Gallois, il n’évoquait jamais son propre passé.
    — Mais vous avez vraiment été ordonné prêtre ? voulut savoir Corbett.
    — Bien sûr ! Gaston, me trouvant très intelligent, voulut que je reçoive une bonne instruction. L’évêque de la contrée me prit sous son aile et je fus envoyé à l’école ecclésiale toute proche, puis à Bordeaux et à Paris. Gaston possédait quelque fortune ; il gagnait le reste ou on le lui offrait. Des seigneurs locaux, des abbayes et des monastères, ayant entendu parler de ce qu’il avait fait, se montraient fort généreux.
    — Cependant il ne faisait jamais allusion à l’Angleterre ?
    — Jamais. C’était une porte qui demeurait close et scellée.
    — Et le reste du groupe ?
    — Certains trépassèrent. Les autres s’endurcirent sous l’égide de Gaston. Il n’avait pas renoncé à sa foi, mais à ses règles, à ses limites. En fait, c’est lui qui créa les Frères du Libre Esprit. Ils étaient tolérés, voire appuyés par le clergé des environs, qui leur remit des lettres de protection de la curie papale en Avignon. Ils étaient inoffensifs ; c’était une de ces bandes qui vagabondaient sur les routes de France.
    — Et vous ?
    — Gaston était fier de moi, même si j’ai souvent eu l’impression que la vocation m’était étrangère. Preuve vivante, peut-être...
    Il eut un large sourire.
    — ... que Habitus non facit monachum... l’habit ne fait pas le moine.
    — Puis Gaston vous a relaté ce qu’il en était vraiment ?
    — Oui. Il y a deux étés de cela, il a été atteint d’un dérèglement malin des humeurs. Il nous a convoqués dans ce qu’il nommait son sanctuaire pour nous expliquer pourquoi il était allé à Acre et ce qui s’y était passé. Il n’omit aucun détail.
    Le chapelain s’essuya les lèvres de la manchette de son justaucorps.
    — Il ne voulait pas être vengé ; c’est moi qui en ai eu l’idée. Gaston mourut. J’ai enquêté. Ma rage s’accrut quand j’ai découvert que Lord Scrope avait prospéré tel pourceau en bauge et nous avons élaboré notre plan. Nous voulions châtier Lord Oliver puis nous enfuir par mer.
    Il haussa les épaules.
    — En gros, le reste est comme vous l’avez dit.
    — Aviez-vous l’intention d’occire Lord Scrope ?
    — Non, non, pas au début. C’était paradoxal : Gaston était resté à Acre à cause de lui et nous avait sauvés. Nous avons débattu avec ardeur de la question. La tentative de meurtre sur Gaston, c’était là le véritable péché. Nous espérions contraindre Scrope à avouer, à s’humilier en public, à dévoiler le mal qu’il avait commis, mais, comme vous l’avez remarqué, nous l’avions sous-estimé. Oncques n’ai cru, chuchota-t-il, qu’il le ferait, même après le défi que nous lui avions lancé. Cela aussi était l’erreur d’esprits exaltés. Vous aviez raison. La culpabilité et le courroux m’ont rendu malade pour de bon.
    Il adressa un sourire à Corbett.
    — Grâce vous soit rendue pour avoir redonné dignité à leurs corps. Je suis venu ici en secret ramasser tous les ossements que je pourrais trouver. Je les ai emportés dans le cimetière de St Frideswide
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