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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort
Autoren: Paul C. Doherty
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il n’y avait que les malades et les mourants. Une table était jonchée de divers médicaments et d’herbes, de potions et de poisons. Quelques templiers préféraient être drogués pour supporter leur trépas imminent. Scrope a pris une coupe de vin et y a versé un poison, ce que Gaston ignorait. Scrope l’a encouragé à boire, en prétendant que le vin calmerait la douleur et que – Dieu lui en soit témoin – il reviendrait le chercher. Gaston était sûr que seul Lord Oliver avait pénétré dans l’infirmerie. Puis Scrope s’est enfui ; bien entendu, il n’est jamais revenu. Pourtant, à peine était-il sorti que Gaston fut saisi de violentes nausées et vomit vin et poison. Puis il se pâma. Quand il revint à lui, la ville était tombée. Les Sarrasins se montrèrent généreux envers les blessés qui semblaient devoir survivre. Les mourants furent emmenés et exécutés avec les autres dans la cour du dragon. J’y ai assisté.
    — Vous ?
    — Moi et tous les autres jouvenceaux. Tous ceux qui l’avaient pu s’étaient retirés dans la forteresse des templiers : soldats, marchands, négociants, hommes, femmes et enfants. Quand elle a été prise, les adultes des deux sexes ont été sommairement exécutés. On a obligé les enfants, dont moi, à regarder un captif après l’autre, contraint de s’agenouiller, se faire décapiter, jusqu’à ce que, pleurant et gémissant, nous ayons du sang jusqu’aux chevilles. Nous n’avons été épargnés que parce que, vu notre physique, nous serions vendus un bon prix sur les marchés d’esclaves.
    — Mais Gaston n’a pas péri ?
    — Non, en effet. L’officier sarrasin qui l’a découvert était un homme d’honneur. Il était aussi intrigué. Il a trouvé la coupe de vin, senti le poison et interrogé Gaston. Il a été fort surpris qu’un chrétien puisse tenter d’assassiner un autre chrétien qui avait combattu à ses côtés. Vous connaissez les soldats de par le monde : ils apprécient tous une bonne histoire. On confia Gaston à un mire arabe ; ses blessures guérirent bientôt et il nous rejoignit, nous les enfants, enchaînés dans la cour du dragon. L’officier veilla à ce que Gaston reçoive de la bonne nourriture et je suppose que c’est à cette époque que nous avons rencontré notre héros.
    Le chapelain s’interrompit.
    — Je ne peux décrire l’Enfer qu’était cette cour. Gaston devint notre protecteur, notre ami. Il fit ce qu’il put pour nous, partageant sa pitance, soignant les moribonds, consolant et réconfortant chacun.
    Il prit une profonde inspiration.
    — Les semaines devinrent des mois. Gaston reprit des forces. Il était vigoureux ; même alors j’ai remarqué qu’il avait les longs bras d’un homme d’épée. Il s’exerçait quand il le pouvait, puis il saisit sa chance. Un après-midi, l’officier de service lui apporta de quoi se nourrir ; il était accompagné de trois mamelouks. Je sais qu’ils ne doivent pas boire : leur religion l’interdit. Cependant ces trois-là, c’était visible, avaient abusé du vin. Ils commencèrent à molester les jouvencelles. Gaston bondit. Il les traita de couards, les insulta, les provoqua, leur dit qu’ils n’oseraient se mesurer à un combattant tel que lui. Les mamelouks mordirent à l’hameçon. Gaston proposa de les affronter tous les trois et précisa qu’une épée et un poignard lui suffiraient. Il ajouta que s’il les tuait, cela signifierait qu’Allah désirait que lui et les enfants soient libérés.
    Le Sanglier avala une nouvelle rasade.
    — La rumeur du défi courut bientôt dans tout le donjon. La cour se remplit d’hommes. L’officier n’était pas d'accord, mais je pense qu’il se doutait de ce qui allait se passer. Voulant donner cette chance à Gaston, il accepta. On ôta ses chaînes à Gaston et on lui remit les armes réclamées.
    Maître Benedict hocha la tête.
    — Croyez-moi, aussi vrai que Dieu est vivant : Gaston était un soldat, une épée hors pair. Tel un chat détruisant la vermine, il vint très vite à bout de ces mamelouks. Rapide comme un danseur ! Ce jour-là, il est sûr que Dieu était avec lui.
    Il tendit les mains vers le feu.
    — Toute la garnison l’applaudit. L’officier respecta sa parole. Le lendemain matin, Gaston, moi et les autres enfants fûmes conduits au port.
    — Combien étiez-vous ? interrogea Corbett.
    — Une vingtaine. Nous embarquâmes pour Chypre, puis, de
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