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Le Pacte des assassins

Le Pacte des assassins

Titel: Le Pacte des assassins
Autoren: Max Gallo
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reclus, surveillé, bâillonné.
Comme tant d’autres qui furent des combattants valeureux, des héros de la “Guerre
patriotique” et qui sont persécutés, arrêtés, exécutés.
    Dans le monde entier, les partis communistes
adoptent cette ligne politique. Maurice Thorez et Alfred Berger sont les
meilleurs staliniens de France, et les plus beaux esprits saluent en eux des
révolutionnaires intègres, soucieux du bonheur des peuples.
    “Un anticommuniste est un chien”, disent à
Paris les belles âmes.
    « Arthur Orwett
a déposé devant moi quelques numéros du quotidien communiste local. Il veut que
je lise les articles qui m’y sont consacrés. Je refuse, puis, parce qu’il
insiste, je déclame, allant et venant comme une actrice récitant sur scène son
rôle avec emphase :
    “Notre belle région n’est pas un dépotoir, un
refuge pour les débris de ce fascisme italien qui a poignardé la France dans le
dos en juin 1940 !”
    “Souvenons-nous : le ventre est encore
fécond d’où a surgi la bête immonde ! Exigeons l’expulsion de la comtesse
Garelli-Knepper !”
    « —  Je suis libre, ai-je répété à Arthur Orwett.
    Je me suis penchée vers lui, j’ai posé mes
mains sur ses épaules. J’ai frissonné non de passion, mais d’émotion et de
nostalgie au souvenir de notre amour.
    J’ai murmuré cette pensée de Sénèque que
Thaddeus Rosenwald aimait à répéter et que j’avais apprise lors de notre séjour
à Paris, à l’hôtel Lutetia, dans les années 1930, quand Thaddeus se présentait
sous le nom de Samuel Stern, diamantaire anversois. Je l’avais murmurée comme
une prière, plusieurs fois par jour, quand je bêchais dans les champs de
tournesol, à Karaganda, ou quand j’étouffais dans l’atelier de couture, à Ravensbrück :
    “Qui sait mourir ne sait plus être esclave. Il
s’établit au-dessus, du moins en dehors de tout despotisme.”
    Je me suis redressée :
    — Je ne quitterai donc Cabris pour Venise
que si j’en ai le désir, ai-je dit à Arthur Orwett. Je ne me laisserai plus
jamais dicter ma conduite par qui que ce soit. Mon âme est libre. Je n’ai qu’un
seul but : dire ce qui fut afin que les consciences soumises, esclaves, renoncent
à leur servitude.
    Arthur Orwett appelle les communistes d’Occident
qui, librement, choisissent de vivre enchaînés, des somnambules.
    —  Je veux les
arracher à leurs songes ! »

47.
    Lorsque j’ai rencontré Julia Garelli-Knepper, en
1989, peu avant sa mort, je n’ai pas imaginé les doutes qui l’avaient si
souvent tourmentée dans les années qui avaient suivi la fin du procès
Kravchenko.
    Ce qu’on célébrait cette année-là – 1949, celle
de ma naissance –, ce n’était pas le verdict qui condamnait – fut-ce légèrement
– Les Lettres françaises et leurs calomnies, mais le soixante-dixième
anniversaire du « Guide des travailleurs du monde entier », le
camarade Staline.
    Et on allait fêter en 1950 les cinquante ans
de Maurice Thorez, Secrétaire général du Parti communiste, « meilleur
stalinien de France », et – pour reprendre le titre de l’autobiographie qu’il
publia – Fils du peuple.
    « Règne du
mensonge, écrit Julia. Angoissant sentiment de solitude.
    Je veux dire la vérité et ne suis entendue que
par quelques-uns.
    On hésite à réimprimer mes livres, car les
librairies ne veulent pas commander des “ouvrages de propagande”.
    Ils ont vendu des centaines de milliers d’exemplaires
du témoignage de Kravchenko, J’ai choisi la liberté, et ont le sentiment
d’avoir épuisé le sujet.
    « Mon éditeur
ajoute en confidence que les grands lecteurs, ceux qui ne se contentent pas d’acheter
un livre à la mode par an, sont souvent des enseignants qui suivent les
conseils des critiques des Lettres françaises et autres publications progressistes.
    « J’apprends ce
dernier mot. Je ne lui avais pas prêté attention. Je le découvre partout. Il y
a des journaux progressistes, des hommes et des femmes de progrès, des pays
progressistes, le camp du Progrès. Et, à sa tête, le grand camarade Staline qui
éclaire la route du Progrès !
    On célèbre donc – en France ! – son
soixante-dixième anniversaire comme s’il était “le Bien-Aimé”.
    Dix camions sillonnent le pays pour recueillir
les milliers de cadeaux que les communistes français et les hommes et les femmes
dits “de progrès” lui adressent. Ils sont exposés à Paris. Des dizaines
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