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Le Pacte des assassins

Le Pacte des assassins

Titel: Le Pacte des assassins
Autoren: Max Gallo
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de
milliers de visiteurs se pressent pour les admirer, signer le Livre d’or.
    Et Thorez, le fils du peuple, exalte la
Patrie soviétique, Staline le Guide, le pays du Progrès :
    “La vie est toujours plus belle dans les cités
ouvrières et les kolkhozes où les fleurs tapissent les pelouses et égaient tous
les logements”, ose-t-il déclarer.
    « J’ai envie de
hurler.
    Je sais ce qu’il en est de l’URSS.
    « Orwett a
rassemblé des dizaines de témoignages sur les conditions de vie réelles au pays
du Grand Mensonge, sur les camps de travail et de rééducation, sur l’antisémitisme
qui, jour après jour, comme une gangrène, ronge tout le pays.
    Et l’on expose parmi les cadeaux faits à
Staline “la pantoufle d’une déportée de Ravensbrück”, “un petit bonnet de
poupée confectionné en prison par une fillette assassinée à Auschwitz”.
    Mais que sont devenus mes camarades livrés par
les Soviétiques aux SS, le 8 février 1940, sur le pont de Brest-Litovsk ? Ils
sont morts à Auschwitz !
    Je n’ai pu m’empêcher d’écrire à Isabelle
Ripert, de lui rappeler ce qu’elle savait, de lui clamer mon indignation, de la
supplier de ne pas se prêter à cette farce indigne !
    Elle ne m’a jamais répondu, mais j’ai lu son
nom dans la longue liste des personnalités qui souhaitaient un heureux
anniversaire au génial camarade, le maréchal Staline, vainqueur du nazisme et
libérateur d’Auschwitz.
    « Le silence d’Isabelle
Ripert m’accable, poursuit Julia. La lecture des journaux me désespère.
    Staline reçoit Mao Tsé-toung et on se félicite
ici de la victoire des communistes chinois. “La nouvelle Chine est à nous !”
proclame Alfred Berger.
    Et j’imagine ce qu’il en est de la réalité. Mais
chacun est emporté par sa passion fanatique.
    Qui se soucie de la vérité ?
    On pend à Prague des communistes parce qu’on
les accuse d’être des espions sionistes à la solde des Américains. On annonce à
Moscou qu’une des personnalités juives les plus connues, Mikhoëls, animateur du
Théâtre juif, a été victime d’un accident de la circulation.
    Je sais ce que cela signifie. Et Arthur Orwett
me révèle ce qu’il en est : on a tué Mikhoëls d’une balle dans la nuque. On
a brisé son visage à coups de crosse, puis on a étendu son corps sur la
chaussée et un camion l’a écrasé. Mikhoëls, metteur en scène, comédien, devait
être abattu, parce qu’il était l’incarnation de l’intelligentsia juive. »
    Je tourne les pages du journal de Julia. Elles
expriment toutes la détermination et le désespoir.
    Il lui semble que les âmes de millions d’hommes
seront éternellement asservies au mensonge, que les crimes ne seront jamais
punis.
    Comment pourrait-elle accepter de se taire
quand les journaux communistes français, L’Humanité d’abord, publient, avec
des commentaires approbateurs, les communiqués émanant de l’agence Tass qui
annoncent que des « monstres, des bêtes féroces, des agents à la solde des
impérialistes, des médecins criminels, adhérents à l’organisation nationaliste
bourgeoise juive International Joint , ont assassiné des dirigeants
soviétiques et voulu constituer une “cinquième colonne” au service des
États-Unis » ?
    Et des médecins français « progressistes »
se félicitent qu’on ait démasqué ces « médecins terroristes » !
    Comment ne pas voir là une manifestation de l’antisémitisme,
de la paranoïa de Staline ?
    « Mitan du
siècle, écrit Julia dans son journal de l’année 1950. Staline a ouvert un front
en Corée. Est-ce le début de la grande confrontation entre les deux camps ?
    « Guerre des
mots. L’URSS et ses satellites deviennent le camp de la Paix !
    Dans les rues de Nice, des jeunes gens
défilent en dénonçant la guerre bactériologique que livreraient les Américains
en Corée.
    D’une porte cochère j’assiste aux
affrontements entre manifestants – partisans de la Paix, comme ils se
proclament ! – et gendarmes qui chargent, la crosse de leur mousqueton
levée. Ils frappent, le sang jaillit. Ils s’acharnent sur un jeune homme tombé
à terre. Je me précipite pour tenter de le protéger. On me repousse. On m’interpelle.
Quatre heures dans un fourgon, puis une cellule. Je repense aux “corbeaux noirs”
de Moscou. On me relâche enfin après m’avoir identifiée et présenté des excuses.
    « Je ne suis
pas dupe de ces mouvements de la Paix, de
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