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Le Lys Et La Pourpre

Le Lys Et La Pourpre

Titel: Le Lys Et La Pourpre
Autoren: Robert Merle
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l’autre comme Maréchal de France.
    Il dit cela d’un air aussi malengroin que s’il allait tirer
ces pécunes de sa propre escarcelle.
    — Quant à vous, Monsieur le Comte, poursuivit-il, Sa
Majesté m’a commandé de vous compter vingt mille écus pour couvrir les frais de
votre voyage.
    — Mais c’est beaucoup ! dis-je, étonné.
    — C’est beaucoup trop, en effet, dit Marillac.
D’autant, ajouta-t-il peu gracieusement, qu’un simple chevaucheur eût suffi à
ramener d’Anjou Monsieur de Schomberg.
    — Sa Majesté en a décidé autrement, dit le chancelier,
lequel trouvait disconvenable que Monsieur de Marillac critiquât une décision
du roi.
    — Je crois plutôt que c’est une idée du cardinal, dit
Marillac d’un air plus raisin que figue. Le cardinal aime le faste et la mise
en scène.
    Cette pique à l’égard du cardinal m’étonna, car nul
n’ignorait à la Cour que Marillac lui devait sa présente élévation.
    Sans plus de cérémonie, Marillac me tourna le dos, tandis
qu’un commis apportait un sac qu’il vida sur le comptoir. Jour de ma vie !
Quelle joyeuse musique ce fut que le ruissellement des écus tintinnabulant l’un
sur l’autre ! Après quoi, le commis les compta avant de les remettre dans
le sac qu’il ferma d’un fort cordon et qu’il me tendit. Je le pris et le passai
à La Barge qui le porta en le dissimulant sous sa cape jusqu’à mon appartement
du Louvre tout en se plaignant de son poids.
    — Mais c’est du plomb que ce sac, Monsieur le
Comte ! grommela-t-il en marchant derrière moi.
    — Babillebahou, mon fils ! dis-je en riant, s’il
était à toi, il te paraîtrait plume !
    Je revis Sa Majesté à son souper et Elle me dit :
    —  Sioac, pour ce voyage, prenez votre
temps ! Schomberg en Anjou voudra vous fêter et je ne trouverai pas
mauvais qu’au retour, vous vous arrêtiez à Orbieu pour le contrefêter. Faites
les arrangements convenables avec Monsieur de Clérac et partez dès que possible.
    Je pris alors congé de Louis en mettant beaucoup de chaleur
en mes remerciements, car au rebours de ce qu’avait aigrement prétendu
Marillac, j’étais bien sûr que l’idée de m’envoyer en personne quérir Schomberg
venait du roi et non de Richelieu, car Sa Majesté, de prime irritée que je
fusse le seul de toute la Cour à visiter Schomberg en sa disgrâce, n’avait pas
laissé, à la réflexion, d’en être touché et en sa grande tendreté de cœur,
avait voulu m’en récompenser en faisant de moi auprès de Schomberg le hérault
de son retour en faveur.
    J’envoyai La Barge quasiment à la pique du jour prier
Monsieur de Clérac de me faire le plaisir de prendre son déjeuner avec moi. Il
vint quasiment sur les talons de mon écuyer et me parut fort vif et expéditif
pour « un petit lieutenant de merde ». Il noulut prendre sa repue en
ma compagnie, ayant déjà pris la sienne, mais accepta un peu plus tard un verre
de bourgogne et des tostées.
    — J’ai calculé, dit-il, qu’il faudra six étapes pour
atteindre Angers. La première, cela va sans dire, sera votre domaine d’Orbieu.
Ensuite Chartres, Nogent-le-Rotrou, Le Mans et La Flèche au bout de ce long
chemin. Avec un ou deux jours de repos complet aux étapes pour ménager les
montures, le voyage prendra une semaine.
    — Et où logera l’escorte à l’étape ?
    — Dans les auberges, si elles ne sont pas trop
puceuses, ou dans les monastères, si les moines ne sont pas trop pleure-pain et
n’essayent pas de saigner à l’excès votre bourse.
    — Et moi, Monsieur de Clérac, où logerai-je ?
    — À l’évêché, si évêché il y a, sinon chez le maire.
Mais il se peut aussi que dans d’aucunes des villes où se fera l’étape, quelque
bonne noblesse du lieu tienne à honneur, Monsieur le Comte, de vous offrir une
hospitalité plus aimable.
    — Combien seront les mousquetaires ?
    — Vingt-cinq. Le quart de notre compagnie.
    — Savez-vous pourquoi le roi, ayant parlé de me donner
des gardes, m’a baillé des mousquetaires ?
    — Nous avons grande réputation, dit Monsieur de Clérac
d’un air modeste.
    — Plus que les gardes ?
    — Nenni ! nenni ! les gardes sont
excellents ! Mais nous sommes réputés plus vifs dans les combats
aléatoires.
    — Qu’appelez-vous ainsi, Monsieur de Clérac ?
    — Les surprises et les embûches.
    — Mais qui diantre en ce royaume oserait s’attaquer au
carrosse du roi ? Les caïmans des
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