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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien
Autoren: Paul C. Doherty
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Craon, Gardien des secrets de Sa Majesté Philippe IV de France. C’était l’ennemi mortel de Corbett. Sa tâche principale consistait à contrarier les plans de la couronne d’Angleterre et il disposait d’une légion d’espions et d’informateurs surnommés les « Chiens du roi ». Ufford et Bolingbroke avaient évoqué le danger, mais ils n’avaient pas le choix. Et s’ils étaient capturés ? Ufford serra plus fort son arbalète. On les conduirait à la Chambre ardente, sous le Louvre ; le juge les questionnerait ; on les mènerait à Montfaucon pour les rouer, le bourreau écraserait leurs membres à coups de maillet et ils finiraient étranglés à l’un des sinistres gibets proches des portes de Saint-Denis. Ufford, les yeux clos, pria. Il s’était rendu à Notre-Dame ce matin, avait allumé trois cierges dans la chapelle de la Vierge et, agenouillé sur les dalles dures, avait récité un Ave Maria après l’autre.
    Pour apaiser la tension, il se releva et s’approcha de son compagnon.
    — Pourquoi, s’enquit-il, pourquoi ce manuscrit est-il si précieux ?
    Bolingbroke détourna le regard et posa un doigt sur ses lèvres.
    — Bacon était un magicien, dit-il dans un souffle. Il a découvert des secrets, des choses cachées que connaissaient les Anciens. Il affirmait...
    Il s’interrompit au moment où le Roi des Clefs força une autre serrure et s’attaqua à la dernière.
    Tu as ouï parler de la rivalité qui existe entre Philippe de France et Édouard d’Angleterre ; chacun ferait n’importe quoi pour mettre le bâton en la roue de l’autre.
    — Mais Roger Bacon était un franciscain, objecta Ufford. Ils ne cessent de faire allusion à des secrets.
    — Savais-tu...
    Bolingbroke se tut et s’écarta de la porte. Ufford avait lui aussi perçu un bruit de pas. Au fond de la chambre forte, le Roi des Clefs sentit de même le péril. Ufford remonta le treuil de son arbalète. Bolingbroke, saisissant la torche, se hâta de faire le tour de la pièce pour moucher les chandelles et souffla à ses compagnons de le rejoindre dans un coin. Ufford, trempé de sueur et le coeur battant à tout rompre, se tenait près de ses complices dans la flaque de lumière qui tremblait autour d’eux. Il pria le ciel qu’il ne s’agisse que d’un fêtard en quête de plus de vin ou de bière. Le bruit des pas se rapprocha, un rire de femme retentit et, à la grande horreur d’Ufford, la porte en face s’ouvrit, laissant entrer la clarté où parurent un homme et une femme. Ils étaient tous deux fort ivres. Ufford entendit une voix perçante, qui, dans un français rapide, s’étonnait de constater que l’huis de la chambre forte ne soit pas fermé. Le coeur battant la chamade, il comprit tout à coup ce qui se passait. Maître Thibault, avec Lucienne la rousse, venait inspecter son trésor. Le vieux bouc, pour faire bonne impression sur sa belle ribaude, fanfaronnait, mais il était trop soûl pour se rendre vraiment compte de la situation et, au lieu de se retirer, il ferma la porte derrière lui et s’avança en titubant et en levant le lumignon qu’il portait.
    — Qu’est-ce que c’est ?
    Vacillant dans la lumière, il jura sans retenue quand une goutte de cire chaude lui tomba sur la main.
    — Tue-le, chuchota Bolingbroke, allez, tue-le !
    Maître Thibault fit quelques pas dans leur direction.
    — Qui est là ? cria-t-il d’une voix aiguë.
    Ufford s’avança dans la lumière, l’arbalète toujours dissimulée sous sa chape.
    — Bonsoir, Maître Thibault. Mes amis et moi-même nous sommes égarés et nous sommes retrouvés céans.
    Thibault, ivre comme une grive et encore échauffé par les plaisirs du lit, cligna de ses yeux chassieux.
    — Tiens ! Mais c’est Ufford, l’Anglais, qui me pose sans cesse des questions sur Albert le Grand.
    Ufford se rapprocha. Le professeur, d’un coup d’oeil, l’examina de pied en cape. Son état d’esprit changeait.
    — Que faites-vous ici ? s’enquit-il en reculant, inquiet.
    La femme, adossée au mur, s’endormait. Suçant son pouce, elle semblait inconsciente du danger et riait doucement comme si elle savourait une plaisanterie connue d’elle seule.
    — Vous ne devriez pas être là !
    Thibault fit quelques pas en arrière. Ufford sortit l’arbalète et lâcha un carreau. Il se ficha avec un bruit sourd dans la poitrine de l’homme qui recula en chancelant. Le lumignon lui échappa des mains quand il voulut
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