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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien
Autoren: Paul C. Doherty
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emportant leurs armes et le sac de cuir. Ufford s’arrêta devant la cave à vin et, un doigt sur les lèvres, regarda les tonnelets et les cuveaux placés au-dessus des barriques. Il grimpa pour en quérir un, fit levier de sa dague pour ouvrir la bonde et répandit l’huile sur le sol tout en reculant vers les marches avec Bolingbroke. Puis il jeta le récipient vide et monta l’escalier en courant. Une fois en haut, il prit une torche et contempla l’huile luisante ; il y jeta la torche et ferma la porte.
    Passant devant des marmitons aux yeux lourds de sommeil, ils traversèrent la cuisine en courant. Dans la cour deux invités vomissaient dans l’abreuvoir des chevaux. Bolingbroke et Ufford les écartèrent et, se ruant vers le portail, se précipitèrent dans les ruelles obscures de Paris. Quand ils parvinrent au bout de la rue, des clameurs confuses s’élevèrent derrière eux. Ufford se retourna et vit rougeoyer le ciel. Le feu qu’il avait allumé faisait rage à présent.
    — Pourquoi ? demanda Bolingbroke.
    — Et pourquoi pas ? haleta Ufford. Cela créera ce que les Français appelleraient un divertissement. Viens, allons-nous-en.
    Ils marchaient d’un bon pas, sans précipitation cependant. Le guet – des groupes de hallebardiers portant la livrée de l’échevinage – faisait sa ronde, mais les clercs possédaient des sauf-conduits et purent circuler sans dam. Ils évitèrent rues principales où l’on avait tendu les chaînes et esplanades éclairées par des torches et des chandelles placées autour des statues des saints patrons locaux. Dans l’ombre se tenaient arbalétriers et baillis de la ville prêts à appréhender tout contrevenant. Ufford prit une profonde inspiration. Il déplorait les morts, mais qu’aurait-il pu faire ? Le Roi des Clefs aurait trépassé quoi qu’il en soit. Et Maître Thibault ? Ufford eut un rictus. Ce n’était qu’un stupide vieillard qui aurait dû faire sa prière. C’était le visage de Lucienne qu’il ne pouvait oublier, ses beaux yeux, sa jolie bouche suffoquant, son parfum, le contact de son corps doux et chaud. D’une certaine façon elle lui avait rappelé Edelina Magorian, la fille du marchand de Londres qui lui envoyait des lettres si tendres et attendait son retour avec tant d’impatience.
    Ils approchaient de la porte Saint-Denis et du grand gibet de Montfaucon aux longues poutres menaçantes dressées sur un tertre de quinze pieds. C’était le lieu d’exécution, la géhenne de Paris, avec ses noeuds pendants et ses échelles qui se découpaient avec netteté sur le ciel étoilé et, au centre, une fosse profonde destinée à recevoir les corps. Frissonnant, Ufford détourna le regard. Il ferait en sorte qu’on ne le prenne pas vivant ; il ne se laisserait pas jeter dans le tombereau des exécutions, maltraiter, torturer et contraindre à danser dans l’air à la grande joie de la populace. Il serra plus fort le sac de cuir. Ils ne reviendraient jamais à Paris et il en était heureux. Il y aurait d’autres missions, même si Corbett serait plutôt marri que ces morts lui soient attribuées.
    — Walter ?
    Ufford sursauta et se rendit compte qu’ils étaient parvenus au bout de la venelle qui menait à la rue des Carmélites. Bolingbroke le poussa dans l’ombre d’une maison qui faisait surplomb.
    — Pour l'amour de Dieu, prends garde !
    Ufford déglutit avec peine. Tout en scrutant la ruelle dont les maisons délabrées faisaient saillie les unes sur les autres en dissimulant presque le ciel, il sentait l’air -froid de la nuit. Une chandelle solitaire, ici ou là, brûlait à la croisée d’une fenêtre. La brume légère qui montait du fleuve flottait dans l’air et estompait la lumière des lanternes de corne pendues à des crochets devant quelques logis. Il plissa les yeux. Rien n’avait changé dans la rue avec son égout puant en son mitan.
    Il distinguait le coin de la rigole où se tapissaient les malandrins, mais le lieu semblait désert.
    — Je ne vois rien d’anormal.
    Longeant la rangée de maisons, ils se glissèrent vers la petite taverne à l’enseigne du forgeron, Le Martel de fer, au-dessus de laquelle ils logeaient. L’auberge était fermée et on avait rabattu les volets pour la nuit. Il en allait de même de la petite apothicairerie, en face. Ufford l’observa avec attention, espérant un rai de lumière, mais les ténèbres enveloppaient tout. Par l’escalier extérieur ils
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