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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien
Autoren: Paul C. Doherty
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gagnèrent leur pauvre chambre étroite. La peinture s’écaillait sur les murs et les lumignons bon marché empuantissaient l’air. Quand Bolingbroke enflamma de l’amadou pour les allumer, Ufford entendit décamper des souris. Oui, il serait heureux de quitter cet endroit. Les chandelles brûlaient et il embrassa du regard leurs lits durs et étroits, les coffres délabrés, la table et les tabourets branlants. Sur le mur, tout près de la meurtrière close pour la nuit, pendait un crucifix où la silhouette blanche et décharnée du Christ se tordait dans les affres de l’agonie. Ufford détourna les yeux. Il ne pouvait oublier Lucienne.
    Il déposa le sac de cuir sous le lit, prépara le brasero et se mit à détruire les feuilles de papier extraites du compartiment secret dissimulé au fond de l’un des coffres. C’était des lettres et des notes qu’ils avaient reçues d’Angleterre. Bolingbroke faisait de même de son côté. Puis ils décrochèrent des sacoches de cuir suspendues au mur par des crochets et les emplirent de leurs pitoyables biens, se partageant l’or et l’argent que leur avait remis l’ambassadeur d’Angleterre quand il les avait retrouvés au milieu des tombes à Saint-Jean. Ils se lavèrent ensuite le visage et les mains et divisèrent la nourriture restante – une miche de pain, un peu de fromage et un petit bout de jambon cuit – tout en vidant le pichet de clairet acheté à la taverne en bas. Ils furent enfin prêts.
    — Nous devrions partir, à présent, dit Ufford en soulevant le sac de cuir. Qui va s’en charger ?
    Bolingbroke tira des dés de son escarcelle.
    — Trois coups ?
    — Non, un seul.
    Bolingbroke sourit, se pencha et lança les dés sur le sol.
    — Deux six.
    Ufford ramassa les dés.
    — Veux-tu les jeter ? questionna son compagnon.
    Ufford refusa d’un signe de tête et tendit le sac.
    Bolingbroke en sortit le manuscrit et entreprit de le feuilleter.
    — Le texte est rédigé en code ! s’exclama-t-il. Que contient-il, Walter ? Il a coûté la vie à trois personnes et pourrait nous envoyer à la mort. Oh, je sais ! dit-il en levant la main. Je suis un étudiant comme toi. J’ai lu l’ouvrage de frère Bacon, De l’admirable pouvoir et puissance de l’art, et de nature.
    Il sourit.
    — Ou, comme l’aurait formulé Maître Thibault, De mirabile potestate artis et naturae.
    — Tu en connais le contenu, William ?
    — Je le devine, répondit ce dernier en fermant les yeux pour se remémorer la citation. « Il est possible qu’on construise un jour des grands navires et des vaisseaux de haute mer qui seront guidés par un seul homme et se déplaceront plus vite que s’ils étaient chargés de rameurs. »
    Il rouvrit les yeux.
    — Que voulait-il dire ? s’enquit Ufford.
    Son compagnon fit une grimace, referma ouvrage et fermoir, puis remit avec précaution le manuscrit dans le sac.
    — Il est temps de partir, répéta Ufford.
    — On ne nous attend pas quai de la Madeleine avant que sonne prime, objecta Bolingbroke qui tendit l’oreille vers de lointains tintements de cloches. On a donné l’alarme : le feu chez Maître Thibault a dû se propager. Non, Walter, attendons, du moins quelques instants encore.
    Ufford s’étendit sur le lit, les yeux fixés sur la porte, attentif aux ombres que, attisée par le courant d’air qui s’infiltrait dans la pièce, la flamme vacillante de la chandelle faisait danser. Il imagina son retour à Londres, installé dans le solar, chez Edelina, le rougeoiement des braises dans l’âtre, le parfum d’herbes et d’épices, le linge immaculé avec lequel il s’essuyait les lèvres après avoir dégusté un morceau de boeuf tendre et bu l’onctueux clairet importé par son père.
    Ses paupières s’alourdirent, mais un bruit qui venait de la rue l’éveilla en sursaut. Il bondit et, se précipitant vers la meurtrière, ôta avec dextérité la planche qui la bouchait pour scruter les alentours. L’air froid de la nuit le frappa brutalement et son coeur s’affola. Des formes sombres se déplaçaient et une lumière brillait dans l’apothicairerie. Il était sûr d’avoir entendu un cliquetis d’acier et le hennissement étouffé d’un cheval monter de la rue. Il avait l’impression que ses jambes étaient prises dans un étau de fer. Il y avait des gens en bas ; il vit quelqu’un bouger et distingua le scintillement d’une armure. Il se retourna d’un coup.
    — Les
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